Tourcoing: une élève en garde à vue, soupçonnée d'avoir giflé une enseignante
Une élève était toujours en garde à vue mardi soupçonnée d'avoir giflé lundi une enseignante de son lycée de Tourcoing (Nord) qui lui aurait demandé de retirer le voile qu'elle venait de revêtir au moment de quitter l'établissement, un acte qui "défie...
Une élève était toujours en garde à vue mardi soupçonnée d'avoir giflé lundi une enseignante de son lycée de Tourcoing (Nord) qui lui aurait demandé de retirer le voile qu'elle venait de revêtir au moment de quitter l'établissement, un acte qui "défie l'école laïque", pour la ministre de l'Éducation Anne Genetet.
Cette enseignante en sciences et techniques médico-sociales du lycée Sévigné aurait demandé à l'élève de retirer son voile dans la cour de l'établissement, a indiqué une source policière, mais la lycéenne, qui s'apprêtait à sortir, aurait refusé.
Selon les premières investigations, l'enseignante a demandé à l'élève "de retirer son voile religieux, avant d'essuyer des propos injurieux", a indiqué le parquet de Lille à l'AFP.
L'enseignante s'est ensuite "opposée à sa sortie de l'établissement afin de recueillir son identité" et l'élève a alors porté "une gifle à l'enseignante, qui la lui rendait". "S'ensuivaient plusieurs coups, menaces et bousculades", ajoute la procureure Carole Étienne.
L'élève, âgée de 18 ans et inconnue des services de police, a ensuite pris la fuite, avant d'être interpellée à son domicile et placée en garde à vue, a précisé la source policière.
Une enquête a été ouverte et la garde à vue prolongée mardi, a indiqué le parquet.
Selon Jean-François Carémel, secrétaire académique du SNES-FSU Lille, l'enseignante a porté plainte. Le syndicat s'est dit "solidaire de l'ensemble des personnels du lycée Sévigné confrontés à des conditions d'exercice difficiles".
Les cours ont été suspendus par l'établissement et "un dispositif de soutien" mis en place par le rectorat pour la communauté éducative.
Jean Lili, parent d'élève et membre de la FCPE Nord, a indiqué à l'AFP que la fédération de parents apportait son "soutien à l'établissement scolaire".
Mais devant le lycée, les avis divergeaient entre les élèves.
Leïla, élève de terminale qui n'a pas été témoin des faits, se disait "vraiment choquée". "Pourquoi une telle violence pour un simple voile ? La professeure aurait très bien pu demander à la jeune fille très calmement d’enlever son voile", estime l'élève, qui retire le sien au lycée.
Pour une autre élève, en première, qui ne souhaite pas donner son nom, l'élève interpellée "aurait juste dû enlever son voile et le mettre à la sortie du lycée, comme toutes les filles font". "La prof voulait juste se défendre, imposer les règles", selon la jeune fille.
Conseil de discipline
L'enseignante "a été agressée verbalement puis physiquement, sans contestation possible puisque la vidéo du lycée" a permis aux policiers "de prendre non seulement la plainte mais de qualifier les faits", a affirmé le député Gérald Darmanin, élu de Tourcoing, lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale.
L'ancien ministre de l'Intérieur avait apporté son soutien sur X à l'enseignante qui "faisait simplement respecter la laïcité - notre bien commun".
La ministre de l'Éducation Anne Genetet, qui s'est entretenue avec la professeure, a annoncé qu'une "mesure conservatoire" avait été prise à l'encontre de l'élève "pour lui interdire l'accès à l'établissement jusqu'à réunion de son conseil de discipline".
Pointant un acte qui défie l'"école laïque" et "la République", elle a indiqué avoir demandé "des sanctions disciplinaires très fermes".
"Dans tous nos établissements, la loi de 2004 doit s'appliquer, toute la loi de 2004" interdisant le port de signes religieux à l'école, a réagi le ministre délégué en charge de la réussite scolaire Alexandre Portier. "L'heure n'est plus aux errements, aux hésitations, mais à une ligne claire, ferme et assumée", a-t-il ajouté.
Pour le président de la Région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, "la laïcité est un des piliers de l'école de la République, elle ne se négocie pas".
Le Rassemblement national des Hauts-de-France a réclamé dans un communiqué "des sanctions exemplaires".
36JG9KT