Industrie

Tiamat acte la naissance de son projet industriel

Les fondateurs de Tiamat et les représentants d’Amiens Métropole, de la CCI, de la Région et de l’État ont signé la convention d’implantation de la future usine de cette entreprise innovante, spécialisée dans la conception de batteries sodium-ion.

Hervé Beuffe, Fany Ruin, Alain Gest, Xavier Bertrand et Rollon Mouchel-Blaisot (c) Aletheia Press / D.La Phung
Hervé Beuffe, Fany Ruin, Alain Gest, Xavier Bertrand et Rollon Mouchel-Blaisot (c) Aletheia Press / D.La Phung

Rendez-vous en 2025 : l’usine Tiamat va bien s’implanter près d’Amiens. Considérée comme une véritable pépite, Tiamat, qui a bouclé trois levées de fonds et vu l’entrée de Stellantis à son capital, n’a jamais fait mystère de son envie d’implanter son premier site de production à Amiens. Une véritable opportunité pour les institutions locales qui ont pesé de tout leur poids pour concrétiser ce projet, comme en témoigne la signature, en grandes pompes, le 7 mai à Amiens, de la convention d’implantation de la future usine. « L’écosystème a joué son rôle. Nous avons la chance d’avoir des acteurs économiques soudés, cela nous permet d’accueillir des fleurons tels que Tiamat », se réjouit d’ailleurs Fany Ruin, présidente de la CCI Amiens-Picardie.

Un avis partagé par le président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, qui a tenu à rappeler qu’il accordait une importance particulière à l’aménagement du territoire. « Nous sommes particulièrement vigilants à ce que les emplois ne se concentrent pas tous au même endroit. La Vallée de la batterie, ce n’est pas seulement Dunkerque, Douai et Douvrin », a assuré celui qui a promis « d’autres bonnes nouvelles » prochainement.

Une batterie Sodium-Ion

S’appuyant sur les travaux du CNRS et de l’UPJV, Tiamat développe depuis 2017 une batterie sodium-ion révolutionnaire qui permet d’envisager une alternative aux batteries classiques lithium-ion. « Notre produit permet de ne pas utiliser de ressources comme le lithium, le nickel ou le cobalt », souligne Hervé Beuffe, PDG de Tiamat. Après avoir fabriqué ses premières batteries à Amiens, Tiamat a noué un partenariat avec un sous-traitant chinois pour pouvoir équiper des tournevis Leroy-Merlin.

Hervé Beuffe avec le tournevis équipé d’une batterie sodium-ion. (c) Aletheia Press / D.La Phung

Une étape décisive pour le développement de l’entreprise puisque Tiamat est le premier acteur au monde à voir commercialiser une batterie sodium-ion. « C’est la preuve que celle-ci est industrialisable », sourit Hervé Beuffe qui a toujours souhaité créer une usine en France. « C’est une question de cohérence : ce produit a vocation à participer aux enjeux de décarbonation. Proposer un produit fabriqué en Chine avec un mauvais bilan carbone n’a aucun sens », observe-t-il.

Un projet de long terme

Située aux abords du site d’Amazon, la future usine Tiamat, dont les travaux doivent débuter en octobre, devrait entrer en service fin 2025, début 2026. « La première tranche sera dédiée à la production de grosses batteries prismatiques notamment pour le marché du stationnaire [ndlr : des containers qui servent à protéger des industries en cas de coupure de courant] pour un peu moins d’1 GWh par an. Elle sera suivie par trois autres tranches pour 5 GWh de production annuelle », détaille Hervé Beuffe qui travaille déjà sur des batteries moins polluantes et moins coûteuses à destination des voitures électriques.

La batterie sodium-ion a été développée à Amiens au Hub de l’énergie. (c) Aletheia Press / D.La Phung

Au total, ce projet, qui nécessite un investissement de 500 millions d’euros (soutenu à hauteur d’un million par Amiens Métropole, huit millions par la Région, 29 millions d’euros provenant de France 2030 et 189 millions d’euros de crédits impôts industrie verte) doit permettre la création de quelque 1 300 emplois directs d’ici 2027-28.

La Région rassure Amiens Métropole sur le décompte du ZAN

« Ce type de projet qui nécessite entre 20 et 25 hectares est un exemple concret du problème que pose la zéro artificialisation nette et la difficulté de concilier développement économique et obligation environnementale », pointe Alain Gest, président d’Amiens Métropole qui avait, en avril dernier, déjà alerté sur l’application du ZAN. « Sur ce dossier, nous sommes heureux d’avoir pu trouver le soutien de la Région et de l’État », ajoute-t-il cependant. De son côté, Xavier Bertrand a assuré que les initiatives innovantes seraient prises sur la réserve foncière régionale et que la Métropole pourrait toujours accueillir des entreprises d’avenir. « Tiamat est l’exemple même de la réindustrialisation souhaitée par l’État. Le ZAN n'empêche pas l’implantation d’entreprises », a assuré le préfet de la Somme, Rollon Mouchel-Blaisot.