Thierry Lothmann, la coiffure puissance 100 !
De 1983 à 2013, du premier salon au Groupe Lothmann, c'est pierre par pierre que l'enseigne s'est construite. Thierry Lothmann s'est imposé comme l'un des acteurs majeurs de la coiffure en France sans jamais renoncer à ses valeurs, issues d'un héritage familial. Le chef d'entreprise a reçu les insignes de chevalier dans l'ordre national du Mérite.
En 1983, le jeune coiffeur Thierry Lothmann, qui n’a que 22 ans, ouvre un premier salon à Hesdin. Trente ans plus tard, il est à la tête d’un groupe comprenant 100 salons (45 en succursale, 55 en franchise), 500 salariés et 120 apprentis, une société d’agencement de salons, deux centres de formation, mais aussi une plate-forme logistique de distribution à Etaples et un e-commerce (www.lothmannboutique.com) qui diffusent dans le monde sa propre ligne de produits coiffants, de soins et de shampooings.
Un étonnant parcours. Thierry Lothmann aime bien diviser en tranches de sept ans son parcours professionnel, ne serait-ce que pour montrer qu’une réussite commerciale s’inscrit dans la durée et qu’elle est davantage le fruit d’un patient labeur que celui du hasard. «De 1975 à 1982, j’ai d’abord appris le métier de coiffeur à Saint-Pol-sur-Ternoise, puis à Lille. Ce n’est qu’à mon retour du service national que j’ai créé mon salon de coiffure mixte en 1983. Mise à part la menuiserie que j’ai confiée à l’un de mes fidèles amis, j’ai tout aménagé moi-même. Et les fauteuils étaient des sièges achetés d’occasion, se souvient-il. Jusqu’en 1989, j’ai appris à gérer un salon et à constituer une équipe qui a compté neuf coiffeurs.»
La multiplication des salons. A partir de 1990, l’artisan commerçant commence à essaimer. Il ouvre un deuxième salon à Montreuil-sur-Mer, puis d’autres. «J’apprends alors à gérer un mini-groupe, à l’échelle régionale, raconte-t-il. Je mets en place de la formation, des outils de marketing et je crée des bureaux. A partir du douzième salon, quelqu’un de l’extérieur est venu me dire qu’il aimerait avoir la même formation, la même communication et le même agencement. C’est ainsi qu’il est devenu notre premier franchisé.» Chaque année, durant toute cette époque, Thierry Lothmann double son chiffre d’affaires.
De «Thierry Lothmann» à «Valentin». En 2001, il s’installe dans le 1er arrondissement de Paris, rue Etienne-Marcel, sur une surface de 300 m². Il se dote d’un atelier de création artistique avec un service de relations presse et commence à développer les points de vente au niveau national. En ouvrant de nouvelles succursales, ou en partenariat avec des franchisés à qui il propose ses concepts novateurs et qualitatifs. «Nous avons 50 salons à l’enseigne ‘Thierry Lothmann’ qui représente un milieu de gamme qualitatif. Mais nous en avons autant sous la marque ‘Valentin’. Cette deuxième enseigne – un milieu de gamme à prix ajusté − est plus jeune et plus dynamique (shampooing, coupe/coiffage et couleur en moins d’une heure !). On cible là une clientèle familiale qui vient sans rendez-vous.» Au sein d’un secteur de plus en plus concentré et segmenté, il mise sur une diversification de ses services. Ainsi, chaque salon comprend aussi des espaces dédiés à la vente d’articles de coiffure et de maquillage. «Ces produits de beauté, assure-t-il, peuvent représenter jusqu’à 20% du chiffre d’affaires de certains de nos magasins.»
Offrir des services à ses franchisés. Le métier de l’ancien garçon coiffeur a bien évolué. «Aujourd’hui, je conceptualise des services ou des produits, afin que la marque crée une vraie valeur ajoutée auprès de la consommatrice. A l’écoute des attentes de la clientèle, je vends du développement et je mutualise les moyens.» De fait, la société est proche d’un cabinet-conseil en marketing, en agencement et en formation, pour des clients franchisés qui versent une redevance mensuelle fixe pour avoir des services. «Je leur propose des packs qui contiennent des outils (kit d’ouverture, moyens de gestion et de communication interne et externe, accès à une centrale d’achat, formation en centre et sur site…). Pour cela, j’ai besoin d’un staff et d’un certain nombre d’outils.» C’est pour cela que Thierry Lothmann a regroupé en 2009 toute sa base arrière près de chez lui, face à la gare d’Etaples, en rassemblant ses bureaux de Montreuil-sur-Mer (comptabilité), d’Hesdin (centre de formation), et de Stella-Plage (plate-forme de distribution des produits, service de travaux dans les salons).
Formation : l’outil n°1. Au cœur du dispositif, le self-made man place la formation. «Je crois beaucoup à l’intégration et à la promotion sociales, confie-t-il. La formation, c’est la clé du développement, l’outil n°1 : elle permet d’assurer le niveau de qualité. Aujourd’hui, beaucoup de professionnels sont bons, il faut donc être meilleur. Nous insistons aussi sur le management, la motivation des équipes et la gestion humaine, car on ne se développe pas si on n’a pas la capacité de générer un vivier de futurs créateurs et de gérants de filiales.» La clé du succès est l’innovation : “On n’existe que parce qu’on innove et qu’on montre nos passions. Chaque saison, on anticipe ce que la femme attend.”
L’homme qui a remporté en 2004 le «Beauty Entrepreneur of the Year» évolue aussi dans l’univers de la beauté. “En trente ans, remarque-t-il, on est passés d’un métier d’hygiène, plus ou moins psychologique, à un métier de la mode et de la beauté.” Chacun de ses salons doit offrir un service personnalisé de proximité, presque d’intimité. Qualité d’écoute, diagnostic, menu à la carte, détail de chaque prestation et esprit de mode sont réunis pour une coiffure bien pensée. «Il faut que notre cliente ressorte de chez nous en adéquation avec son image, explique-t-il. C’est l’art de mon métier.» La récompense ? «Le sourire de mes clientes à leur sortie : c’est ce qui m’a toujours nourri !»
En quelques chiffres
− 100 salons, dont trois à l’étranger (2 à Lausanne, 1 à Tunis), soit 7 000 m² de surface exploitée.
− 960 000 femmes coiffées chaque année.
− 33 millions d’euros de chiffre d’affaires en coiffage, soit 35 € par cliente en moyenne.
− 1,5 million d’euros, objectif des ventes sur Internet pour 2013.
− 500 collaborateurs, 120 apprentis.
− 2 centres de formation (Paris et Etaples), 4 jours de formation par collaborateur chaque année, soit 14 000 heures de formation dispensées.
Du Montreuillois à la France entière
Thierry Lothmann a ouvert son premier salon à Hesdin, le second à Montreuil-sur-Mer. Attaché à sa région, il a établi sa base arrière sur Etaples. Aujourd’hui, il dispose de 34 salons dans le Pas-de-Calais et de 24 dans le département du Nord. Mais après avoir investi la Capitale en 2001, ce coiffeur créateur est parti à la conquête de la France. Il est aujourd’hui présent dans 18 départements, mais aussi en Suisse et en Tunisie. En 2013 vont ouvrir des salons Lothmann à Reims, Gisors, La Madeleine, Breteuil, et un salon “Valentin” à Haubourdin.
Le chevalier Lothmann, engagé dans la formation
Chef d’entreprise, Thierry Lothmann est élu à la chambre de commerce et d’industrie Côte d’Opale où il préside la commission formation. Au titre de la promotion du travail, il a été fait chevalier dans l’ordre national du Mérite. C’est l’ancien ministre Philippe Vasseur, président de la CCI Nord de France, qui lui a remis les insignes, le 11 février, au palais des Congrès du Touquet-Paris-Plage, en présence du président de la CCI Côte d’Opale, Jean-Marc Puissesseau. Thierry Lothmann est également engagé dans le Pacte pour l’emploi des jeunes. “La formation contribue à renforcer l’intégration et le lien social, des valeurs auxquelles je suis très attaché.”