Tenue unique: vague bleu ciel dans un collège de La Réunion

A l'entrée d'un collège de la ville de Saint-Benoît, à La Réunion, beaucoup de bleu: depuis lundi, ses 480 élèves ont l'obligation de porter une tenue unique, une première pour un établissement public dans l'île...

Des élèves vêtus de leur tenue unique, au collège Amiral Bouvet à Saint-Benoît, le 23 janvier 2024 à La Réunion © Richard BOUHET
Des élèves vêtus de leur tenue unique, au collège Amiral Bouvet à Saint-Benoît, le 23 janvier 2024 à La Réunion © Richard BOUHET

A l'entrée d'un collège de la ville de Saint-Benoît, à La Réunion, beaucoup de bleu: depuis lundi, ses 480 élèves ont l'obligation de porter une tenue unique, une première pour un établissement public dans l'île, dans la lignée des annonces du gouvernement.

Composé d'une veste bleu marine, d'un polo et de quatre T-shirts bleu ciel, le trousseau a été distribué le jour de la rentrée des vacances d'été austral aux élèves qui, jusqu'à la rentrée scolaire 2024–2025, restent autorisés à porter le pantalon ou le bermuda de leur choix.

Avec "un code couleur à respecter" pour ce bas: "Il faut qu'il soit foncé: noir, bleu marine ou encore gris sans marque apparente", précise à l'AFP Nadine Minatchy-Natier, la principale du collège Amiral Bouvet.

En cette chaude journée d'été austral, avec des pointes à 31 degrés, la plupart des élèves ont opté pour le T-shirt, avec une jupe pour les filles, un bermuda pour les garçons.

Des vêtements pas tout à fait conformes à ceux proposés par le gouvernement à la centaine d'établissements volontaires, dans toute la France, pour l'expérimentation de la tenue unique en vue d'une éventuelle généralisation en 2026. 

Selon cette proposition, l'uniforme se composerait d'un polo blanc ou gris, d'un pull bleu marine et d'un pantalon gris, ou d'une blouse en maternelle.

Pour ce collège de Saint-Benoît (38.000 habitants), sur la côte dite du Vent, dans l'est de La Réunion, impossible de s'aligner sur cette tenue. 

"Pour des raisons de climat et de température, les académies ultramarines n'auront pas la même tenue que les élèves de l'Hexagone", indique le rectorat de l'Académie de La Réunion.

En récréation, les élèves semblent plutôt bien accepter ce T-shirt bleu ciel, son slogan "Naviguez dans vos études et vous arriverez au port de vos rêves" et son logo représentant un voilier... Avec une petite pointe d'ironie, tout de même: "Avec le navire, le logo ressemble à celui d'une marque de boîte de thon!", s'amuse une collégienne en 4e.

Parents "très impliqués

L'idée de tenue unique au collège Amiral Bouvet, un établissement REP+ (Réseau d'éducation prioritaire renforcé) situé sur un territoire où le taux de pauvreté approche les 50%, est antérieure aux annonces du président de la République, Emmanuel Macron.

"Nous travaillions sur ce sujet depuis 2019: la crise sanitaire (du Covid) nous a bloqués dans notre réflexion", note Mme Minatchy-Natier. Le projet a été relancé dès la rentrée 2022–2023 et la décision "actée en août, à la rentrée scolaire 2023–2024", pour être finalisée ce lundi, pour la rentrée des vacances d'été. 

"Les parents ont été très impliqués dans les discussions", commente la dirigeante d'établissement, avec un sourire satisfait. "Des mamans venaient souvent me voir pour se plaindre. Leurs enfants étaient moqués par leurs camarades car elles n'avaient pas les moyens de leur acheter des vêtements de marque".

C'est en partie pour résoudre ce problème que la tenue unique a été mise en place.

Lundi, lors d'une conférence de presse accompagnant la remise du trousseau, le recteur de l'académie de La Réunion, Pierre-François Mourier, a estimé que la mesure visait à "renforcer la cohésion entre élèves et à améliorer le climat scolaire" pour créer "une atmosphère de travail et d'égalité au sein de l'établissement".

L'argumentaire ne convainc pas Eric Dijoux, secrétaire régional Unsa qui y voit "une espèce d'opération de communication". "Est-ce qu'on peut vraiment parler de tenue unique juste avec le haut ? Il est plus question de +dress code+", regrette-t-il auprès de l'AFP, estimant que "ce n'est pas en mettant le même T-shirt que les élèves deviendront les mêmes".

Marie-Hélène Dor, secrétaire régionale FSU, estime que "si on était soucieux de l'égalité vestimentaire, il faudrait les habiller des pieds à la tête, sinon les chaussures et les sacs continueront de faire la différence".

"Franchement, on a d'autres chats à fouetter alors que l'Education nationale est en état de décomposition !", lance la syndicaliste fulminant contre ce qui lui apparaît comme "un écran de fumée".

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