TENDANCES
La politique en matière de prélèvements et de prestations menée en 2014 a abouti à une légère redistribution en faveur des ménages les plus modestes. Sur fond d’une évolution durant la crise, relativement amortie.
Un pays qui se sort moyennement bien de la crise par rapport à ses voisins européens et dont la politique budgétaire demeure redistributive : c’est ce que dessine l’ouvrage France, portrait social, une compilation d’études, que l’Insee présentait ce 3 novembre, à Paris. L’une d’entre elles
porte sur la manière dont les réformes sociales et fiscales ont impacté le niveau de vie des ménages en 2014. Au total, “elles ont légèrement diminué les inégalités”, synthétise Marie-Cécile Cazenave, adjointe au chef du bureau “redistribution et évaluation” à la DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques), du ministère de la Santé. A l’origine, “ces mesures ont été guidées par l’objectif de réduction du déficit public”, rappelle Marie-Cécile Cazenave. Et leurs effets se sont traduits de manière différenciée selon les ménages. Les 10% les plus aisés ont vu leurs revenus liés à ces réformes diminuer de 500 euros sur l’année. À l’autre extrémité, les moins aisés ont, eux, gagné 50 euros. Et si l’on partage les ménages en deux catégories, les plus modestes ont vu leurs revenus rester relativement stables, alors que pour la moitié des ménages, plus aisés, le revenu a eu tendance à baisser, une tendance en corrélation avec le degré d’aisance. Mais, au total, le niveau de vie moyen des ménages qui découle des nouvelles mesures de prélèvements et de prestations a diminué de 0,5% en 2014. Leur revenu a baissé de 5 milliards d’euros, surtout en raison de la hausse des prélèvements directs, quand les prestations sont restées plus stables.
Variations par le prélèvement. Côté prélèvements, l’augmentation du taux de cotisation vieillesse, qui a concerné 18 millions de ménages, pèse pour 2,4 milliards d’euros. Par ailleurs, “l’impôt sur le revenu a subi plusieurs modifications”, rappelle Marie-Cécile Cazenave. Au total, ces modifications ont engendré une diminution de 2,7 milliards d’euros des revenus des ménages, mais répartis de manière différencié : ces impôts ont augmenté pour 18 millions de ménages et diminué pour 4 millions d’entre eux. La réduction du plafonnement des effets du quotient familial, elle, a touché le budget de 1,4 million de ménages aux revenus les plus élevés. A l’inverse, les mesures de fiscalisation de la majoration de retraite pour avoir élevé trois enfants et celle de la participation de l’employeur aux contrats collectifs ont touché respectivement 4 et 7,5 millions de ménages, sans distinction de revenu. Pour 3 millions de ménages, les mesures d’élargissement de l’assiette de l’impôt ont été limitées. “Au total, le champ des prélèvements contribue à la réduction des inégalités”, conclut la chercheuse. En revanche, pour les prestations, malgré des évolutions, “les réformes ont eu un effet assez limité”, note Marie-Cécile Cazenave. Là aussi, les conséquences pour les ménages sont différenciées en fonction du niveau de revenus. Les plus aisés ont vu leurs prestations réduites suite à la réforme de la prestation accueil jeune enfant (Paje). Les moins aisés, eux, ont été touchés par la diminution de l’aide au logement avec le gel du barème. Mais cette mesure a été compensée par les évolutions du RSA (Revenu de solidarité active) et du minimum vieillesse. “Leur revalorisation exceptionnelle a eu un impact supérieur à celui de la baisse de l’aide au logement”, évalue Marie- Cécile Cazenave. Et malgré leur impact plus limité, pour les prestations, “on a aussi un effet qui va dans le sens d’une réduction des inégalités de niveau de vie”, note Marie-Cécile Cazenave. Cette évolution de 2014 suit celle de 2013 : celle d’une politique de réduction des déficits budgétaires, qui produit des effets légèrement redistributifs.
Moyenne France, championne européenne de la fécondité. Parmi les études présentées par l’Insee figure également une comparaison de la situation sociale des pays européens depuis le début de la crise, suivant quatre critères : le marché du travail, le risque de pauvreté des travailleurs à bas revenus d’activité, les dépenses de santé et le renoncement aux soins, et enfin la fécondité. A la base, “la crise de 2008 a eu des répercussions très différentes d’un pays à l’autre”, constate Laurence Rioux, chef de la division “études sociales” de l’Insee. L’institut de la statistique distingue trois dynamiques principales en fonction de l’impact de la crise elle-même et des effets des mesures prises par les gouvernements pour le contrer. La France occupe une position intermédiaire. Pour le marché du travail, par exemple, “la situation s’est dégradée, mais l’ampleur de la dégradation est très différente d’un pays à l’autre”, constate Laurence Rioux. A un extrême, l’Allemagne a été épargnée par le chômage, allant même jusqu’à le voir diminuer depuis 2008, quand, à l’autre l’extrême, la Grèce atteint un taux de chômage de 26% en 2014. La France, quant à elle, fait partie des pays intermédiaires où le taux de chômage a certes progressé, mais dans une moindre mesure que dans les pays du Sud de l’Europe par exemple. En revanche, dans tous les pays, ce sont les hommes et les jeunes qui ont été frappés prioritairement par la montée du chômage. Autre paramètre, celui du taux de pauvreté des travailleurs à bas revenu d’activité. En 2012, ils sont 29 millions de travailleurs, soit 18%, à être économiquement précaires, dans l’Union européenne. Mais les situations sont très variables : en France, ils sont 17% des travailleurs, comme en Espagne, alors que pour le Royaume-Uni et l’Allemagne, le taux dépasse les 20%. Au chapitre des dépenses de santé, “avec la crise économique, ces dépenses ont subi une inflexion plus ou moins marquée selon les pays”, poursuit Laurence Rioux. Au Sud, la tendance a été brutale, en particulier en Grèce, touchée par les coupes budgétaires (-26% entre 2008 et 2012). En revanche, en France et en Allemagne, les dépenses de santé par habitant ont continué de croître, comme avant la crise. Dernier paramètre, enfin, le taux de fécondité, qui a baissé dans plusieurs pays européens alors qu’il est demeuré stable dans l’Hexagone. Ainsi, avec près de deux enfants par femme, “la France est devenue le pays d’Europe avec le taux de fécondité le plus haut”, constate Laurence Rioux. Une situation liée à plusieurs paramètres comme le chômage, les revenus et aussi les dépenses publiques en faveur de la famille, qui jouent un rôle “structurant”, rappelle Laurence Rioux.
Les finances des ménages : une gestion partagée
En Europe, d’après l’Insee, la mise en commun totale des revenus prédomine chez les couples. Les décisions jugées importantes, comme l’achat d’une voiture, sont prises ensemble. En revanche, les achats du quotidien demeurent largement l’apanage des femmes.
En bref
BILAN DE SAISON POUR L’OFFICE DE TOURISME DUNKERQUE DUNES-DE-FLANDRE •
Une fréquentation en hausse constante
Dunkerque se joue des aléas de la météo et tire son épingle du jeu en attirant de plus en plus de clientèle étrangère, mais aussi de touristes tricolores. Certes, il n’a pas fait 30°C tous les jours.
Cela dit, ce n’est pas ce qui fait l’identité de la Côte d’Opale. Mais la météo n’a pas non plus joué les trouble-fête cet été du côté de Dunkerque. De l’avis de Sabine Lhermet, directrice de l’office de tourisme Dunkerque Dunes-de-Flandre, et de Jean-Yves Fremont, adjoint au développement économique et touristique à la Ville de Dunkerque, “c’était une belle saison”, chiffres à l’appui pour confirmer que le travail de promotion porte ses fruits. La fréquentation continue donc de grimper saison après saison, avec cette année une recrudescence des visiteurs français : “plus 20% sur les deux mois d’été, et jusqu’à 35% en juillet,” note Sabine Lhermet. Conséquence d’un pouvoir d’achat en berne et des conflits dans les destinations traditionnellement prisées de nos compatriotes ? “Que Dunkerque remplace la Grèce ou la Turquie, on ne s’y attendait pas, en tout cas on ne s’attendait pas à en tirer profit à ce point-là,” concédait la directrice de la structure. “C’est un chiffre intéressant dont on va essayer de profiter longtemps”, rajoutait Jean-Yves Frémont. Autre bon point engrangé par la destination cette saison : la progression de touristes étrangers autres que frontaliers ? Espagnols, Néo-Zélandais, Canadiens, Australiens, Allemands… ?, friands notamment des circuits dédiés au tourisme de mémoire. “Il y a un véritable effet d’aubaine ici, confirmait l’élu dunkerquois. On commence à être inscrit dans ces panoramas touristiques.” Outre la météo clémente, il semblerait, au regard de l’étude menée sur le terrain par l’équipe de l’OT, que l’amélioration de l’image de la destination autoproclamée “plus belle plage du Nord”, ainsi que les événements et animations programmés tout l’été, notamment au “Carré plage”, soient autant de facteurs positifs. “Ce sont des choses sur lesquelles nous pouvons encore travailler, comme les terrasses sur le sable, la piétonnisation de la digue des Alliés qui participe à la montée en puissance de la digue… Il y a une évolution de tendance qu’il faudra confirmer l’année prochaine”, soulignait Jean-Yves Fremont. “Globalement, c’est une belle progression. On arrive à travailler malgré les aléas climatiques, on joue avec de l’aléatoire. Mais on trouve notre rythme de croisière”, concluait Sabine Lhermet.
Stéphanie ABJEAN