Sylvie Thiriez perpétue le savoir-faire textile

En sauvant une entreprise en dépôt de bilan il y a 20 ans, Patrice Lefèvre a ancré dans l’économie régionale une belle histoire de famille, puisque sa fille Clémentine a récemment repris les rênes de cette PME de 70 salariés.

«2018 sera une année avec de beaux projets», se réjouit Clémentine Lefèvre, présidente.
«2018 sera une année avec de beaux projets», se réjouit Clémentine Lefèvre, présidente.

Créée en 1983 par la styliste Sylvie Thiriez, la marque éponyme a tissé son savoir-faire pour devenir une référence en matière de linge de lit. Si, à l’origine, Sylvie Thiriez était plutôt spécialisée dans la lingerie de nuit, les nappes et le linge de table, Patrice Lefèvre a repositionné le marché avec une gamme plus large de linge de lit en reprenant la direction en 1998 suite à un dépôt de bilan. Il sera rapidement rejoint par son épouse, styliste de formation, qui ancre dans l’esprit de Sylvie Thiriez une touche alpine, avec des broderies spécifiques, notamment à base de rennes. D’où l’important développement de l’enseigne en Rhône-Alpes dans un premier temps, pour s’étendre aujourd’hui à la France entière avec une centaine de points de vente (20 succursales, 30 affiliés, 40 espaces). Les dernières ouvertures en date ? La Guadeloupe et Rueil-Malmaison.

Un capital familial conforté

Une histoire de famille donc, puisque leur fille Clémentine, 39 ans et diplômée de l’EDHEC, rejoint l’entreprise en 2008 en tant que chef de produit puis responsable des réseaux. De 12 boutiques, Sylvie Thiriez passe à 90 à fin 2017. «Petit à petit, j’ai eu envie de reprendre l’entreprise, c’était le bon moment et même une suite assez logique», se remémore-t-elle. Une nouvelle prise de fonction en début d’année 2018 qui permet aussi de lancer d’autres projets, notamment l’omnicanalité. «Il faut revoir l’entreprise d’une autre manière. Aujourd’hui, les processus ne sont plus les mêmes. Les clients nous contactent beaucoup sur les réseaux sociaux pour passer de la boutique au site Internet et inversement. Nous devons tripler notre chiffre d’affaires sur Internet dans les prochaines années.» Le chiffre d’affaires sur le web représenterait, selon Clémentine Lefèvre, l’équivalent d’une boutique. Le chiffre d’affaires global de l’entreprise s’affiche à 10 millions d’euros, dont 15% à l’export via des magasins indépendants (Italie, Suisse, Belgique).

Des milliers de mètres de tissus passent par cette machine qui les plie et les découpe.

3 000 références

Une clientèle «intergénérationnelle, familiale», qui recherche dans la marque son côté haut de gamme, créatif mais accessible… Les adeptes apprécient l’originalité et la personnalisation possible des produits. Au total, 3 000 références en catalogue, renouvelées à 70% sur chaque saison : linge de lit, couettes et oreillers, plaids, décoration de table… Tous les tissus proviennent d’Europe. «Nous cherchons des produits dans l’air du temps, en travaillant beaucoup sur les matières et leur qualité», poursuit Clémentine Lefèvre, présentant l’équipe de quatre stylistes qui imaginent, dessinent et créent les collections en s’inspirant de la nature, de voyages, de moments de vie. Comme toutes les marques, Sylvie Thiriez fonctionne avec deux collections par an (printemps/été, automne/hiver), rythmées par des collections ponctuelles : Maison chic, Maison contemporaine, Maison nature et Maison ailleurs. Et avec une grande nouveauté cette année : la collaboration avec l’artiste grec Alexander sur une collection capsule, une opération destinée à se renouveler pour les prochaines collections.

«La broderie et la confection sont des savoir-faire précieux que nous voulons perpétuer»

Le savoir-faire des brodeuses : patience et dextérité sont de rigueur.

Un atelier de confection et de broderie à Halluin

Sylvie Thiriez peut se targuer d’être une des rares PME textiles à avoir, dans ses locaux, un atelier de confection et de broderie, fer de lance des collections. C’est dans un entrepôt rénové en 2013 que l’ensemble des produits est stocké, en attendant leur départ pour les différents magasins français. «Nous réfléchissons beaucoup à l’alternance pour former de nouveaux salariés, difficiles à dénicher. La broderie et la confection sont un savoir-faire précieux, nous voulons le perpétuer», poursuit Clémentine Lefèvre.

Au-delà du B to C

Chaînes hôtelières, chambres d’hôtes – particulièrement adeptes du lin lavé qui ne nécessite aucun repassage et qui peut être décliné en une multitude de couleurs… plus de 100 000 pièces sont fabriquées chaque année, dont une bonne partie pour le B to B avec des broderies spécifiques aux marques des clients. Entre 40 et 50 couleurs sont possibles en coton ou percale de coton, représentant des milliers de mètres de tissus qui transitent par les mains expertes des salarié(e)s, couturières et brodeuses. Si le projet de l’omnicanal reste un des grands chantiers de l’entreprise, la nouvelle dirigeante ambitionne aussi l’ouverture de dix boutiques affiliées par an. En projet, des villes comme Mulhouse, Annecy, et plus largement dans l’ouest de la France. «On se verrait bien dans le Vieux-Lille», s’enthousiasme Clémentine Lefèvre, une ouverture qui viendrait compléter les neuf boutiques régionales, avec notamment Halluin, adossée au siège, et Roubaix, un des plus grands magasins de l’enseigne, dédié au déstockage.