Suspicion d'intoxication au monoxyde en Bretagne: 7 victimes en urgence absolue

Sept personnes, dont des enfants, étaient en urgence absolue, sans que leurs jours ne soient en danger, après une suspicion d'intoxication au monoxyde de carbone vendredi...

L'école Saint-Guillaume à Saint-Alban, le 8 décembre 2023 © DAMIEN MEYER
L'école Saint-Guillaume à Saint-Alban, le 8 décembre 2023 © DAMIEN MEYER

Sept personnes, dont des enfants, étaient en urgence absolue, sans que leurs jours ne soient en danger, après une suspicion d'intoxication au monoxyde de carbone vendredi dans une école de Saint-Alban (Côtes-d'Armor).

Sur les quatorze victimes classées en urgence absolue sur place, sept ont été rétrogradées en urgence relative à la suite de leur hospitalisation, selon un  bilan de la préfecture transmis vers 17H15, précisant que le dispositif était levé.

"Au final, plus de peur que de mal", philosophe Pierre, père d'un élève de CE2 à Saint-Guillaume. Ce dernier "va bien" après avoir été "ventilé" avec un masque à oxygène.

"On pense toujours que ça n'arrive qu'ailleurs et qu'aux autres et ça arrive ici, ça fait bizarre", ajoute le quadragénaire, qui a reçu comme tous les parents un SMS vers 11H lui demandant de venir chercher son fils. "Quand je suis arrivé, les pompiers étaient là, c'était très encadré et organisé". 

L'alerte a été donnée vers 10H30 à l'école primaire Saint-Guillaume, après des maux de tête qui s'y étaient déclarés, "pour une suspicion d'intoxication au monoxyde de carbone", selon la préfecture.

Les secours ont fait évacuer les 76 enfants et 5 adultes qui se trouvaient dans cet établissement privé, qui accueille des enfants de la maternelle au CM2. 

Quarante-huit personnes au total ont été prises en charge, dont 14 en urgence absolue, 31 en urgence relative et trois impliquées, selon le bilan de la préfecture.

Vingt-trois d'entre elles ont été évacuées soit par hélicoptère, soit par la route, vers les centres hospitaliers de Saint-Brieuc et Brest, d'après la même source.

"Toutes les victimes sont conscientes, et aucun pronostic vital n'est engagé", a souligné la préfecture des Côtes-d'Armor dans un précédent communiqué. "Les victimes catégorisées en urgence absolue l'ont été en raison d’une sursaturation en monoxyde de carbone nécessitant leur prise en charge dans un caisson hyperbare", a-t-elle ajouté.

Les émanations de monoxyde de carbone pourraient être liées à un départ de feu dans la chaufferie au fioul de l'école, selon la préfecture.

Enquête pour "blessures involontaires

Une enquête de flagrance a été confiée à la gendarmerie de Pléneuf-Val André pour "blessures involontaires (...) par manquement délibéré à une obligation de sécurité et de prudence", a indiqué le procureur de Saint-Brieuc Nicolas Heitz dans un communiqué.

Les enquêteurs vont "requérir un expert près la cour d’appel de Rennes afin de déterminer les causes exactes du possible dysfonctionnement de la chaudière au fioul de cette école", a ajouté le magistrat.

Des premiers éléments de l’enquête, "il semblerait que la chaudière ait fait l’objet d’entretiens réguliers dans le courant de l’année 2023", d'après M. Heitz, précisant que les auditions devaient se poursuivre ce week-end "afin de déterminer le déroulé exact des faits".

Avec une centaine de décès en moyenne par an, le monoxyde de carbone (CO) est la première cause de mortalité accidentelle par toxique en France.

Invisible et inodore, ce gaz asphyxiant est à l'origine chaque année en France de plus de 1.300 cas d'intoxications, selon les chiffres communiqués en 2023 par le ministère de la Santé.

A Saint-Alban, le plan "NOVI" (Nombreuses victimes) avait été activé à 12H30, tandis que la salle des fêtes a été transformée en centre d'accueil des familles.

Jusqu'à 55 sapeurs-pompiers, 6 équipes du Samu et 4 hélicoptères ont notamment été mobilisés sur ce dispositif.

"Tous les enfants ont été testés", a déclaré à l'AFP Nathalie Beauvy  maire de cette commune d'environ 2.280 habitants.

"Il y a eu bien sûr de l'inquiétude mais il y a une bonne coordination qui s'est faite. Le médecin coordinateur est venu expliquer aux parents ce qui se passait, comment les enfants allaient être pris en charge et de quelle manière", a-t-elle ajouté, décrivant "une équipe bienveillante auprès des enfants". 

Une cellule de soutien psychologique sera mise en place lundi dans une salle communale, a précisé Mme Beauvy.

Les cours doivent reprendre lundi à l'école Saint-Guillaume, selon la préfecture.

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