"Stressés", les camarades de la lycéenne tuée reprennent les cours à Nantes

Le coeur lourd, "stressés", parfois en pleurs, les collégiens et lycéens du groupe scolaire de Notre-Dame-de-Toutes-Aides, à Nantes, ont repris les cours lundi, aidés par un dispositif d'aide psychologique, quatre jours après le meurtre d'une jeune fille de 15 ans au...

 © Claire ROBICHE
© Claire ROBICHE

Le coeur lourd, "stressés", parfois en pleurs, les collégiens et lycéens du groupe scolaire de Notre-Dame-de-Toutes-Aides, à Nantes, ont repris les cours lundi, aidés par un dispositif d'aide psychologique, quatre jours après le meurtre d'une jeune fille de 15 ans au cours d'une attaque au couteau commise par un élève.

Pour la plupart vêtus de blanc, les adolescents sont entrés dans l'établissement par petites grappes, les visages graves, passant devant des gerbes de fleurs, dont de nombreux bouquets de roses blanches.

Jeudi, vers 12h30 un jeune garçon de 16 ans, masqué et muni d'un couteau de chasse d'environ 20 cm, a tué une lycéenne de 15 ans, en la frappant de 57 coups de couteau dans sa salle de classe. 

Dans une autre salle, il fait aussi trois autres blessés, deux garçons et une fille, âgés de 15 à 16 ans. "Aucun mobile" ne peut être évoqué de "façon certaine", a affirmé vendredi le procureur de la République de Nantes, Antoine Leroy.

L'intervention d'un technicien en informatique qui a donné "un coup de chaise dans le dos" de l'agresseur met fin à l'attaque du lycéen, qui est interpellé quelques minutes plus tard par la police, placé en garde à vue puis hospitalisé dans une unité psychiatrique.

Sous le choc, les élèves de cet établissement privé ont été dispensés de cours vendredi. Pendant le week-end, certains parents, comme Véronique, mère de deux jeunes filles, ont veillé à entourer leurs enfants.

"On a essayé de former un cocon autour d'elles et d'en parler même si elles ont du mal à réaliser ce qui s'est passé", a-t-elle raconté à l'AFP. Elle salue la reprise des cours dès lundi car "les élèves ont besoin d'être ensemble et avec leurs professeurs".

Ces derniers ont évoqué l'attaque avec leurs élèves, parlant surtout "de la cellule d'aide psychologique, au cas où on en aurait besoin", a expliqué T., élève de terminale.

Les parents de Lorène, la lycéenne tuée, "ont pris la décision de créer une cagnotte à destination de structures pour l'aide psychologique à l'enfance", ont-ils expliqué dans un communiqué.

Cette aide, dont les destinataires seront précisés ultérieurement, "pourra être bénéfique pour les victimes de cette tragédie mais aussi pour pallier le désengagement financier du service public", estiment-ils.

La famille insiste également sur le fait que les obsèques de l'adolescente "auront lieu dans un cercle privé".

Ça fait chelou

Pour certains élèves, le retour sur les bancs de l'école est difficile. Dans une voiture, une jeune fille pleure à chaudes larmes. Sa mère, qui s'entretenait avec un responsable scolaire devant la porte, revient en courant vers elle.

"Non, ça ne va pas", glisse-t-elle à l'AFP en passant. "C'est trop tôt, voilà. Je leur ai dit. On rentre à la maison."

V. triture nerveusement sa cigarette "puff" au milieu de son groupe d'amis, "un peu stressé" d'être "déjà de retour". 

"Ça fait chelou", confie-t-il. En revenant "aujourd'hui (...), on a un peu l'impression de revivre la journée de la semaine dernière."

A ses côtés, S. a "hâte de retrouver les cours" et "une vie normale". "On a été bien accompagnés, la cellule psychologique est là, ils ont tout fait pour qu'on se sente bien."

"Le but, ce n'est pas d'oublier, le but c'est de faire avec."

De nombreux élèves refusent de répondre aux journalistes, certains montrant un communiqué de la direction du groupe scolaire les menaçant d'"une semaine de suspension" s'ils font fi de cette interdiction.

"Décrit par tout le monde comme étant extrêmement solitaire", ayant "peu d'amis voire pas du tout", le suspect entretenait une "fascination pour Hitler" et avait envoyé un courriel sombre et confus à l'ensemble des élèves peu avant son passage à l'acte, selon M. Leroy.

Une enquête pour "meurtre" est en cours, avait annoncé vendredi le procureur qui n'a pas écarté la possibilité que celle-ci évolue en "assassinat" compte tenu "des éléments susceptibles de caractériser une préméditation".

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