Statu quo monétaire de la BCE, prudente face à l'inflation
La Banque centrale européenne (BCE) a laissé, comme attendu, ses taux d'intérêt inchangés jeudi et a douché les espoirs de ceux qui attendaient des indications sur un...
La Banque centrale européenne (BCE) a laissé, comme attendu, ses taux d'intérêt inchangés jeudi et a douché les espoirs de ceux qui attendaient des indications sur un prochain assouplissement de sa politique monétaire.
Pour justifier cette prudence, alors que l'inflation est nettement orientée à la baisse, la présidente de l'institution Christine Lagarde a invoqué les risques qui peuvent encore venir contrarier cette trajectoire.
Pour la troisième fois d'affilée depuis octobre, l'institution de Francfort a donc maintenu ses taux à un niveau record, celui rémunérant les dépôts, référence pour le crédit en zone euro, continuant ainsi de camper à un niveau historiquement haut de 4,00%.
Aux marchés qui spéculent sur un début de l'assouplissement monétaire au printemps, Mme Lagarde a opposé la même fermeté qu'en décembre: la BCE a jugé jeudi qu'il était "prématuré de discuter de réductions de taux" en zone euro et cette position a fait "consensus" au sein du Conseil des gouverneurs.
La Française, qui affirmait il y a une semaine à Davos qu'une première baisse à l'été était "probable", n'a pas voulu en dire plus jeudi.
L'institution insiste sur le fait qu'elle est dépendante d'un certain nombre d'indicateurs économiques encore à venir: elle a notamment désigné l'évolution des salaires comme le principal risque inflationniste.
Elle devrait ainsi évaluer les accords salariaux du premier trimestre pour voir si la croissance des rémunérations est compatible avec son objectif d'inflation, avant d'opérer un changement de politique monétaire.
Les données les plus complètes sur ce sujet sont attendues fin avril.
Pas de spirale
A ce stade, les signaux sont cependant "positifs", a dit Mme Lagarde jeudi: "les augmentations de salaires sont absorbées par une légère réduction des marges unitaires" des entreprises et il n'y a donc pas de formation d'une spirale salaires/prix où les hausses de rémunérations nourrissent durablement l'inflation.
Les augmentations de salaires ont un effet vertueux car ce "phénomène de rattrapage pour les employés (...) libérera un peu de pouvoir d'achat qui, espérons-le, stimulera la consommation" et participera au rebond de la croissance en zone euro, a-t-elle analysé.
Mais d'autres écueils peuvent encore surgir sur la trajectoire de reflux des prix, selon Mme Lagarde: c'est le cas tensions au Moyen-Orient qui constituent un "risque inflationniste".
La BCE surveille les répercussions possibles sur les prix de l'énergie et le coût du transport maritime qui augmente en raison du contournement de la mer Rouge par les navires marchands.
La BCE avait déjà prévenu que l'inflation reculerait plus lentement en 2024 en raison de la fin des subventions publiques à l'énergie. Elle table sur une inflation à 2,7% cette année en moyenne en zone euro et à 2,1% en 2025, proche de son objectif de 2%.
En relevant les taux à un niveau record durant plusieurs mois, la BCE a cherché à refroidir l'économie en limitant la demande de crédit et par ricochet celle de biens et de services afin de calmer les prix.
"La transmission des hausses passées des taux d'intérêt aux conditions de financement reste vigoureuse", a-t-elle constaté jeudi, ajoutant que "les conditions de financement strictes freinent la demande, contribuant ainsi au ralentissement de l'inflation".
Autant d'éléments qui montrent que "la BCE réduira ses taux en 2024, mais (qu')elle n’est pas pressée", estime Katrin Petersen, analyste au BlackRock Investment Institute.
"Les marchés devront attendre que la BCE soit convaincue que la stabilité des prix est rétablie", ajoute-t-elle.
Analyste chez Berenberg, Salomon Fiedler a jugé le ton de cette réunion "plus conciliant que prévu" ayant anticipé que Mme Lagarde "s'opposerait un peu plus aux marchés anticipant des baisses de taux avant juin".
Aux Etats-Unis, où les marchés envisagent une première baisse des taux en mars, les responsables de la Réserve fédérale ont également modéré leurs attentes, indiquant qu'il reste encore beaucoup à faire pour ramener l'inflation à 2%.
De son côté la Banque de Norvège a, comme attendu, laissé son taux directeur inchangé jeudi, à 4,5%, un niveau auquel il devrait plafonner "pendant quelque temps" sur fond d'inflation en baisse mais toujours trop élevée.
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