Spécitubes affiche une belle croissance
Installée à Samer, une petite ville située à 15 km de Boulogne-sur-Mer, depuis 1961, Spécitubes cherche aujourd'hui à s'agrandir. Leader européen sur le marché des tubes en titane et des tubes inox pour l'aéronautique, à destination d'Airbus principalement, l'entreprise enregistre une croissance de 15 à 20% par an. Elle emploie 200 personnes sur deux sites de production : Samer et Nanterre dans les Hauts-de-Seine, pour un chiffre d'affaires de 36,2 millions d'euros. Rencontre avec Manuel Cournot, directeur général.
Il faut remonter à 1870 pour assister à la naissance des établissements Talmant à Denain dans le Nord, fabricant de chaînes d’ancres pour les navires, et rebaptisés plus tard Spécitubes. En 1915, l’entreprise déménage à Pantin, dans la banlieue parisienne, et produit des tubes électroniques pour récepteur radio. C’est en 1960 que sont fabriqués les premiers tubes en acier inoxydable pour l’aviation, notamment pour Dassault. Nouveau déménagement à Samer en 1961. En 1972, l’entreprise s’inscrit dans le programme Concorde grâce à ses tubes en titane. C’est à partir de cette période que l’entreprise entre dans la cour des grands et intéresse les groupes internationaux.
Pendant 30 ans dans le giron de Vallourec. Elle restera 30 ans dans le groupe Vallourec. Le leader de la production de tubes sans soudure en acier se délestera de sa filiale Spécitubes en 2006 et signera un accord de cession avec la société allemande Pfalz-Flugzeugwerke (PFW Aerospace) qui compte près de 1 700 collaborateurs dans le monde et publie un chiffre d’affaires de 298 millions d’euros. En 2013, le groupe américain Leggett & Platt, pionnier depuis plus d’un siècle dans les technologies du sommeil, à l’image des ressorts de literie, fait l’acquisition de Spécitubes. L’Américain développe son département aérospatial et vise le milliard de chiffre d’affaires d’ici peu grâce à ses diverses acquisitions d’entreprises du secteur. Il touche aujourd’hui l’aéronautique civile, l’aérospatiale militaire, les lanceurs spatiaux, l’automobile, l’énergie, le secteur médical et la recherche, utilisant des matériaux de haute performance pour la fabrication de composants tubulaires de précision − titane haute performance, alliages de nickel résistants aux hautes températures et acier inoxydable − pour créer des tubes capables de supporter les critères et les normes de qualité stricts des marchés qu’il dessert. C’est à Spécitubes qu’il confie la fabrication des tubes en titane ou en inox pour le secteur de l’aviation.
Le droit au risque n’est pas permis. “Il faut dix ans de qualification pour pénétrer un marché comme le nôtre, explique Manuel Cournot. Pour changer un process ou une organisation, il nous faut deux ans d’expérimentation. Le secteur de l’aviation est notre marché historique et reste notre plus grand marché.” L’entreprise samérienne conçoit, industrialise, fabrique et vend des tubes de précision en métaux et alliages spéciaux. Grâce à un parc de machines-outils qui, pour certaines, ont plus de 50 ans, dont des bancs d’étirage à froid ou des laminoirs de pèlerins à froid, elle produit plus de 1 000 kilomètres de tubes par an. Les tubes arrivent à l’état brut dans l’entreprise et sont étirés ou laminés pour obtenir une paroi mince ou souple selon le métal et la destination. Airbus est son client principal et exige le zéro défaut. Tous les cinq ans, le constructeur aéronautique réunit ses fournisseurs et négocie les parts de marché et les prix pour une durée de cinq ans. De quoi permettre aux industriels du secteur d’organiser les approvisionnements et la gestion des stocks de manière sereine. Le directeur général de Spécitubes, qui a pris ses fonctions en septembre 2015, entend apporter quelques améliorations notables dans les délais de fabrication et le recyclage des déchets d’acier. “Le secteur de l’aéronautique est l’un des rares secteurs industriels qui se porte bien“, souligne Manuel Cournot. Nous continuerons à valoriser ces niches industrielles pour répondre au marché de l’aéronautique.” Au sein de Spécitubes, des projets de développement sont à l’étude pour répondre à cette croissance.
Lucy DULUC