Sous les pavés... la plage !

Virginie Jacquemin, directrice de chantier et «marraine» de Pépito.
Virginie Jacquemin, directrice de chantier et «marraine» de Pépito.

Virginie Jacquemin, bientôt 40 ans, a les deux pieds bien ancrés dans la terre ferme. Pourtant, dès qu’elle le peut, elle quitte ses Vosges natales pour rejoindre le Sud de la France. Là-bas, elle change radicalement de costume. Directrice de travaux la semaine, elle devient navigatrice le temps d’une régate… jusqu’au jour où elle est remontée avec un bateau de pêche. Là, il a bien fallu lui trouver une mer d’accueil !

Virginie Jacquemin est une femme atypique à plus d’un titre. Enfant, elle ne se souvient pas avoir joué à la poupée. Elle passait ses journées à faire des trous dans le jardin familial à Épinal pour construire des maisons. L’année de ses 14 ans, ses parents lui proposent de faire deux stages. «Le premier chez un architecte, le second chez un géomètre» se souvient-t-elle. Mais ni l’un ni l’autre n’ont suscité de vocation chez l’adolescente. «J’ai trouvé cela ennuyeux» explique-t-elle.


«Laisse béton»

La jeune Virginie, au caractère déjà bien trempé, a une idée en tête. «Je voulais travailler sur les chantiers, gérer une équipe.» Après un BEP et un bac Pro en construction topographie, elle passe un BTS en étude et économie de la construction à Paris. Là-bas, elle franchit une étape supplémentaire. À 20 ans, elle assiste le conducteur de travaux de la reconstruction de la Poste Vaugirard. Le chantier est colossal et elle doit souvent se heurter à l’hostilité des hommes à son égard. «J’ai tout entendu ou presque ?» raconte-t-elle.


Retour dans les Vosges

En 2002, l’entreprise qui emploie Virginie fait faillite. Au même moment, son compagnon, qui l’avait suivie à Paris, a le mal du pays et la convainc de rentrer dans les Vosges. Depuis, Virginie travaille pour la société Vannson au Thillot où elle est aujourd’hui directrice de travaux.  Petit à petit, elle a su faire sa place dans ce milieu encore très masculin. «Maintenant, on m’appelle la Miss»,  précise Virginie avec fierté. Lorsque son métier lui laisse un peu de temps, elle s’adonne à ses autres passions : le jardinage, les vieilles pierres, ou encore le groupe folklorique auquel elle appartient depuis plusieurs années. Si ses nuits sont courtes, ses journées sont bien remplies !


Entre régates et parties de pêche

La rencontre qui a bouleversé sa vie, Virginie l’a faite il y a une dizaine d’années seulement. Avec Jérôme, qu’elle appelle «mon homme», ils se sont pris de passion pour la voile. Cinq à six fois par an, ils partent à La Londe-les-Maures pour naviguer dans la rade d’Hyères. Le couple se voit bien dans le futur, propriétaire de son propre bateau. Mais un jour, Virginie tombe sur un vieux pointu, abandonné sur la presqu’île de Gien après deux naufrages consécutifs. Elle ne peut se résoudre à le laisser pourrir là dans la terre, sans réagir. Quelques coups de fil plus tard, elle trouve la solution. Le bateau a pris la direction des Vosges afin de se refaire une santé auprès de jeunes apprentis. Virginie, elle, doit trouver les fonds et surtout un nouveau port d’attache pour Pépito.