Sous les bons auspices du transmanche

Jacques Gounon, PDG de Groupe EuroTunnel, le 27 avril dernier.
Jacques Gounon, PDG de Groupe EuroTunnel, le 27 avril dernier.
D.R.

Jacques Gounon, PDG de Groupe EuroTunnel, le 27 avril dernier.

Après Coquelles, l’an dernier, la direction de Groupe Eurotunnel (GET) a choisi Marcq‑ en‑Baroeul pour tenir son assemblée générale consécutive aux résultats de 2015. A part quelques aigreurs des actionnaires historiques victimes de dilutions successives de leur capital, tout rayonnait à l’image de l’accroissement du trafic transmanche. Compte‑ rendu. 

Actionnaires, salariés et direction, tous contents ? En tout cas, les chiffres de l’exercice 2015 peuvent les satisfaire : si le groupe affiche une activité en hausse comme les dix dernières années (1,22 milliard d’euros contre 1,16 en 2014), sa capitalisation boursière s’est envolée à plus de 6 milliards d’euros, le cours de l’action croissant de 41%… Pour la première fois de son histoire mouvementée, Eurotunnel affiche un résultat net à trois chiffres (100 millions d’euros contre 74 lors du précédent exercice). Dans le détail, la croissance est au rendez-vous à chaque niveau : + 3% sur le lien fixe (à 915 millions d’euros), + 9% sur la filiale logistique et gestion des infrastructures Europorte (à 307 millions contre 281 en 2014), les navettes et le fret étant aussi en hausse. Europorte pèse désormais plus de 20% de l’activité du groupe (307 millions d’euros), pendant que la liaison fixe s’achemine tranquillement vers le milliard d’euros d’activité. “Notre stratégie, c’est le long terme”, pointe Jacques Gounon. La croissance aussi : le groupe compte recruter 353 personnes, dont une grande partie chez Europorte.

Eurotunnel quitte le maritime pour l’énergie. GET poursuit l’optimisation de son outil, unique au monde, avec le projet ElecLink qui vise à faire passer un câble transportant l’électricité entre la Grande-Bretagne et la France, ce, dans le cadre d’une convention pour une durée de 25 ans. Les travaux ont commencé et les redevances devraient encore doper les résultats à partir de 2019, après un investissement chiffré à 500 millions d’euros. Dans ce dossier, Eurotunnel souhaite prendre la majorité à Capital Partners qui détient 51%. Sujet “décevant”, la fin du transport maritime d’Eurotunnel a émaillé le milieu de l’année 2015. Si Jacques Gounon a rappelé l’obligation faite par la justice britannique d’ajourner définitivement l’activité maritime de GET, il n’en a pas moins souligné que MyFerryLink aurait été rentable à la fin de 2015 (52 millions sur les six premiers mois de 2015 pour 7 millions de pertes). La fin de l’histoire sera très certainement la vente des trois navires (Rodin, Berlioz et Nord-Pas-de-Calais) à l’issue de l’interdiction qu’avait faite le tribunal de commerce de Paris quand il a octroyé les bateaux de SeaFrance à Eurotunnel. La vente à DFDS, actuel loueur, des deux premiers navires devrait intervenir l’an prochain. Pour le fréteur Nord-Pas-deCalais, Eurotunnel devrait le solder incessamment. “Il n’y a désormais plus que deux compétiteurs sur le maritime : DFDS et P&O. Depuis notre sortie, nous n’observons pas de guerre des prix, a commenté le PDG de GET. C’est une forme d’équilibre à notre avantage.” Les parts de marché du groupe continuent en effet d’augmenter, avec plus de la moitié du trafic global sur le transmanche.

Distribution et modération. Sur les voitures, la part est de 52% : plus d’un demimillion de navettes auront passé le Détroit en 2015, soit 37,3% de parts de marché sur les seuls camions. Seuls les TGV ont stagné suite aux attentats de l’an dernier. Dernière mauvaise nouvelle, les flux migratoires ont entraîné une perte d’exploitation chiffrée à 29 millions d’euros. Mais cela n’aura pas affecté la forte croissance du groupe qui promet d’en partager les fruits, a annoncé Jacques Gounon : “Les salariés sont les premiers moteur de l’entreprise. C’est pourquoi nous alignons leurs intérêts avec les actionnaires.” Aussi, les premiers recevront 75 actions gratuites. Pour les mandataires, les actions offertes seront fonction des performances. À rebours des dirigeants des grands groupes, le PDG de GET conservera la même rémunération qu’en 2015 : 1 million d’euros (part variable comprise).

Morgan RAILANE