Son point fort : le lamellé-collé

Cette année, avec son bureau d’études et ses charpentiers, l’entreprise avesnoise, agence d’un groupe basé en Alsace, a fêté ses 30 ans.

Le siège de l’INPI à Courbevoie : 12.000 m2 de planchers et le plus gros chantier de Mathis du moment (photo Mathis).
Le siège de l’INPI à Courbevoie : 12.000 m2 de planchers et le plus gros chantier de Mathis du moment (photo Mathis).
D.R.

Jean-François Baudry : «Le lamellé-collé a rattrapé son retard sur l’acier et le béton et répond en plus aux exigences environnementales».

Mi-septembre, l’entreprise Mathis, à Anor, près de Fourmies, a fait parler d’elle. Elle a réalisé la piste en mélèze de Sibérie du vélodrome couvert de Roubaix : 250 m de long, 7 m de large, 400 fermes1 composées de 4 000 pièces différentes, 15 000 lattes de 6 m vissées et 400 000 vis, le tout pour un coût d’environ 1,1 million. En se repassant ces chiffres, Jean-François Baudry, le directeur, insiste sur la complexité d’un chantier qui s’est étalé sur quatre mois, de février à juin. «Ce type d’ouvrage est rare. Ça se pose au millimètre près. Cette piste est destinée aux compétitions et aux records mondiaux mais doit, au préalable, être homologuée par l’Union cycliste internationale.»

Ouverte en 1982. L’entreprise, dirigée par Jean-François Baudry depuis sa création en 1982, fête ses 30 ans. «Ce fut, résume-t-il, le premier établissement créé par la société Mathis hors de sa région d’origine, l’Alsace, où son histoire a commencé en 1875. Créé à Fourmies, il s’est installé à Anor, près de la gare, en 2002. Au début, on était deux. Aujourd’hui, nous sommes trente-deux, dont dix personnes au bureau d’études et vingt charpentiers.»

Si les fabrications sont faites en Alsace (le siège et l’usine), toutes les autres tâches, de la prospection à la livraison, en passant par la conception et l’assemblage, sont effectuées par l’agence. Son rayon d’action correspond à la grande moitié nord de la France, à partir d’Orléans.

 

D.R.

Le chantier du vélodrome de Roubaix. Depuis, Mathis à Anor a entrepris la réalisation de la piste et aussi de la charpente de celui de Bourges. (photo Mathis).

Chantiers publics et privés. Le savoir-faire de l’entreprise, c’est ce lamellé-collé présent dans l’ossature de nombreux bâtiments, publics et privés : équipements sportifs et culturels, établissements scolaires, mais aussi entreprises, immeubles de bureaux, surfaces commerciales, usines de transformation, ouvrages d’art. Et aussi les unités de traitement de déchets… «On fait appel au lamellé-collé, explique Jean-François Baudry, quand on a besoin de charpentes de grande portée sans appui, jusqu’à 100 m et plus.»

Le patron avesnois prend deux exemples de chantiers dans l’actualité de son entreprise. D’abord, depuis août, le vélodrome de Bourges, où il s’agit là encore de réaliser une piste. «Elle est plus courte, avec 200 m, mais on réalise aussi la charpente avec des portées de 70 m.» Ensuite, le siège de l’Institut national de la propriété industrielle, l’INPI, dans la région parisienne, à Courbevoie. La livraison, au début de l’automne, est intervenue après six mois de travaux : «On a réalisé les 12 000 m2 de planchers d’un immeuble de sept niveaux appelé à accueillir dans les 700 à 800 personnes. C’est notre plus gros chantier du moment… Le plus petit, c’est l’extension de l’hôpital public de Béthune.»

 

D.R.

Le siège de l’INPI à Courbevoie : 12 000 m2 de planchers et le plus gros chantier de Mathis du moment. (photo Mathis).

Une filière qui résiste bien. Le bois est en vogue dans les bâtiments, constate-t-il, avec la haute qualité environnementale et l’écoconstruction en général. «Non seulement le lamellé-collé a rattrapé son retard sur l’acier et le béton par ses performances physiques, mais il répond aussi aux exigences environnementales actuelles. Les bois que nous utilisons proviennent de forêts gérées durablement.»

Jean-François Baudry reconnaît toutefois que « si ce n’est pas la sinistrose», la crise se fait sentir : les marchés publics sont moins nombreux, les prix sont tirés vers le bas et la concurrence est rude…

Mathis vise un objectif de 12 millions de chiffre d’affaires.

 

1. Assemblage des pièces de charpente supportant la piste et lui donnant sa forme.