Conjoncture
Somme : campagne record et nouveaux investissements pour la sucrerie Sainte-Émilie
La culture betteravière a connu un cycle d’années difficiles. Une mauvaise série heureusement brisée par la campagne 2021, qui s’est achevée sur de très bons résultats et même un record pour la sucrerie Sainte-Émilie dans la Somme. Une bonne nouvelle qui s’accompagne d’annonces de nouveaux investissements.
Chaque automne rime traditionnellement avec le lancement des campagnes betteravières. Cette année, celle qui alimente la sucrerie de Sainte-Émilie à Villers-Faucon, du groupe Cristal Union, a été légèrement décalée pour permettre aux betteraves de poursuivre leur croissance jusqu’à l’arrachage. Une stratégie payante puisque la campagne 2021 s’est achevée en janvier dernier sur de très bons résultats.
En 115 jours, le site a transformé plus d’1,86 million de tonnes de betteraves, soit le tonnage le plus haut jamais réalisé. Dans le même temps, la sucrerie a produit 270 000 tonnes de sucre.
« Nous avons cristallisé le sucre pendant la campagne, ce qui nous a permis de faire de véritables économies en termes de logistique, se félicite Thierry Cousson, directeur du site de Villers-Faucon : Cette campagne nous permet de sortir d’un cycle d’années difficiles », ajoute Jérôme Fourdinier, président du Conseil de section de Sainte-Émilie.
Sécurisation et renforcement des approvisionnements
En effet en 2020, la culture de la betterave a été très fortement touchée par la jaunisse. Une maladie qui a entraîné une baisse de 30% du rendement au niveau du groupe Cristal Union. Au niveau national, la crise a été telle, que le Gouvernement a ré-autorisé l’utilisation des néonicotinoïdes pour une période de trois ans.
« Sur le plan sociétal, la décision est difficilement acceptable. Trouver une variété de betterave qui allie rendement et résistance est très compliqué, c’est un très gros travail de recherche, mais c’est un enjeu primordial pour toute la filière », souligne Jérôme Fourdinier.
2020, année noire, est venue s’ajouter à la crise du sucre déclenchée par la fin des quotas européen en 2017. Une étape qui a durablement impacté la filière, faisant drastiquement baisser les prix.
« Nous étions tombés à 23 euros la tonne pendant la crise. En 2021 nous étions autour de 29 euros/ tonne et nous avons pour objectif de monter à 30 euros », ajoute-t-il. Une augmentation de la rémunération des coopérateurs qui est passée par une restructuration de l’entreprise et une optimisation de son outil de production.
Pour poursuivre cette montée en puissance, le groupe Cristal Union a annoncé en octobre dernier être à la recherche de 7 000 hectares supplémentaires de betteraves, dont 2 000 dans la Somme. Une quête toujours en cours qui doit permettre à la sucrerie de faire encore progresser ses volumes et d’attirer de nouveaux coopérateurs.
De nouveaux investissements
Ce choix stratégique s’accompagne également d’importants investissements pour répondre à une logique de protection de l’environnement. « Notre impact environnemental est un vrai sujet, c’est un engagement de Cristal Union mais aussi une demande de nos clients finaux », note Thierry Cousson.
Pour répondre à cette volonté de réduire de son empreinte carbone, la sucrerie Sainte-Émilie va bénéficier de deux nouveaux investissements. En 2022 d’abord, l’usine s’équipera d’un atelier de décalcification qui permettra de réaliser des économies d’eau tout en assurant la qualité constante du sucre produit.
« Nous étions l’un des rares sites du groupe à ne pas avoir ce type d’équipement. Il entrera en service dès septembre prochain, mais c’est un travail qui a demandé deux ans de réflexion en amont », confie Thierry Cousson.
En 2023, c’est une unité de déshydratation avec un sécheur vapeur qui sera construite. Cet outil doit permettre une forte économie d’énergie pour déshydrater la pulpe de betterave et la valorisation de la vapeur condensée. « C’est un investissement conséquent qui était en projet, note encore le directeur du site. La subvention de l’Ademe et le Plan de relance nous ont permis de le concrétiser. »
Sainte-Émilie en chiffres
Intégrée au groupe Cristal Union depuis 2011, la sucrerie de Sainte-Émilie compte aujourd’hui 1 200 agriculteurs coopérateurs et 115 salariés, auxquels viennent s’ajouter 85 saisonniers pendant les campagnes betteravières. Le ramassage des betteraves s’effectue en 4 temps sur 21 000 hectares dans un rayon de 24 km autour du site. 16 500 tonnes de betteraves sont alors traitées par jours.