Mécanique de précision

Somepic, 60 ans de défis technologiques à Bouzincourt

À Bouzincourt dans la Somme, Somepic fête ses 60 ans. Six décennies de défis technologiques en mécanique de précision. Même si son modèle économique a été bouleversé par la crise sanitaire mondiale, l'entreprise familiale maintient le cap, diversifie ses secteurs d’activités et investit, avec le soutien du Plan de relance de l’État.


La Pdg, Aline Doyen (avec son père en arrière plan) est également membre du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas) et présidente d'Altytud.
La Pdg, Aline Doyen (avec son père en arrière plan) est également membre du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas) et présidente d'Altytud.

Pendant 60 ans Somepic a résisté aux crises successives et a saisi toutes les opportunités pour devenir un fleuron de la mécanique de précision principalement dans l’aéronautique. Avec 85 salariés et un chiffre d’affaires de 7 millions d'euros, le savoir-faire de l'entreprise picarde c’est le sur-mesure dans l’usinage, la finition et l’assemblage de pièces techniques en métal par enlèvement de matières, en petites et moyennes séries. 

Elle répond aux besoins de secteurs variés : de l’industrie aéronautique, au spatial, en passant par le médical, l’art ou encore le design. Ainsi, Somepic fabrique aussi bien des mécanismes de porte de l’A320, des implants chirurgicaux, des boules de pétanques ou encore des putters de golf. 

Philippe Doyen, père d’Aline Doyen l’actuelle dirigeante, rejoint en 1961 une création de société qui fabrique des pièces de tournage. Il devient ainsi le premier employé de la Société mécanique de Picardie, puis aujourd’hui Somepic. 

L’entreprise était à l’époque spécialisée dans le tournage. Six ans plus tard, en 1967, Philippe Doyen a l’opportunité de racheter les parts des sept associés et devient alors le Pdg de Somepic. « J’ai toujours considéré l’entreprise que m’a cédée mon père comme une grande famille. Je suis sans cesse à la recherche de nouveaux marchés, de nouvelles idées pour poursuivre le dynamisme enclenché depuis 60 ans maintenant. L’histoire de l’entreprise est pleine de rebondissements, nous avons toujours su faire preuve de résilience, nous réinventer tout en consolidant notre savoir-faire » confie Aline Doyen.

L'expertise de Somepic permet de répondre aux besoins des secteurs de l’industrie aéronautique, du spatial, en passant par le médical, l’art ou encore le design.

En 2021, Somepic mise sur l’industrie 4.0

En 2020, l'entreprise est lauréate du Programme de soutien aux investissements de modernisation de la filière aéronautique dans le cadre du Plan France Relance sur l’industrie 4.0. Il concerne l’investissement dans des équipements matériels et d’infrastructures informatiques pour la modernisation de l’outil de production, digitalisation, outils connectés, robots et cobots, mais également de la formation au personnel. 

L’entreprise familiale poursuit ainsi sa démarche d’innovation. « Le projet d’industrie 4.0 nous permettra d’intégrer des outils connectés, des procédés automatisés innovants et des solutions de pilotage dématérialisées. Il s’inscrit dans le plan de modernisation et de conquête de nouveaux marchés déjà engagé par l’entreprise ces dernières années. Le contexte actuel nous demande d’être agile, nous le sommes et préparons l’avenir », assure Aline Doyen. 

À sa création, l'entreprise est spécialisée dans le décolletage sur acier. Dix ans plus tard, grâce à son savoir-faire dans le tournage, la société fabrique ses premiers composants hydrauliques. Dès 1974, elle s’équipe des premières machines à commandes numériques de Picardie et sort ses premières pièces sur plans. En 1984, un chirurgien berckois commande des vis chirurgicales. 

S’ensuit un succès mondial. Somepic s’organise et s’adapte pour suivre la cadence. Ses pièces s’exportent jusqu’aux USA et conduisent au succès mondial de la société Sofamor. Alors que la production des implants chirurgicaux représente 85% du chiffre d’affaires de l'entreprise, la société berckoise à l’origine de ce succès est vendue à une société américaine, qui décide de tout produire aux États-Unis.

Se diversifier pour pérenniser

À la perte de son plus grand marché, en 1988, Somepic doit faire face à sa première crise structurelle et faire preuve d’agilité pour rebondir et perdurer. Depuis les années 1920, l’aéronautique est en plein boom. La société Aéroplanes, devenue aujourd’hui Stelia Aerospace, d’Henry Potez, un des principaux ingénieurs et avionneurs français, connait un vif succès. 

Avec son savoir-faire de 20 ans dans le tournage, Somepic se lance dans la production de pièces aéronautiques. Ainsi, depuis 1988, l'entreprise travaille pour le secteur l’aéronautique, notamment Airbus, en réalisant des pièces élémentaires et des petits sous-ensembles. Elle est responsable des phases telles que l’ajustage, le collage ou encore le montage de bagues. 

Durant plus de 30 ans, l’entreprise familiale demeure une entreprise compétitive dans le secteur aéronautique. En 2008, durant la crise économique mondiale, elle résiste à l’exportation au Maghreb et à la production à bas coût. Là encore, l’entreprise fait preuve de résilience : plutôt que de délocaliser sa production comme une majorité d’usines à l’époque, elle choisit de se spécialiser davantage dans la technique avec le tournage de métaux durs. 

L’entreprise investit alors dans des machines pour métaux durs et développe son savoir-faire technique. Elle travaille ainsi pour des motoristes tels que Safran ou encore s’oriente dans le ferroviaire par la fabrication de pièces de système de freinage pour Faiveley Transport. Aerolia, Dassault Aviation pour les grands comptes et des PME locales du secteur aéronautique font régulièrement appel à son expertise en finition. Pour autant, ce savoir-faire intéresse des domaines très variés. L’entreprise a par exemple polit 20 pièces en bronze pour une œuvre d’art d’Albert Hirsch ou encore a produit des pièces pour Hyundai.

L'entreprise a développé au fil des ans son savoir-faire en usinage.

Mécanique de précision sur mesure

Au fil des années, l’entreprise développe son savoir-faire en usinage. Elle se diversifie dans le fraisage, puis le tournage de métaux techniques. L’usineur des petites et moyennes séries de précision se distingue par sa souplesse et sa précision. L’expertise des techniciens se démontre sur plusieurs techniques d’assemblage : l’emmanchement à l’azote liquide, ou encore le sertissage, le rivetage etc.

« L’objectif du montage à l’azote liquide est de monter deux pièces, l’une dans l’autre, sans colle ni vis. C’est le principe de l’emmanchement. Il n’y a pas de montage en force, ni de frottement, aucun risque d'abîmer les surfaces en contact. Concrètement, on plonge la pièce centrale dans de l’azote liquide à -196°C. Le diamètre va ainsi réduire de quelques dizaines de microns et permettre que la pièce soit emmanchée dans l’autre pièce. Il faut être très rapide. On dit que la pièce est montée serrée », explique Sylvain, depuis 23 ans chez Somepic. 

De ses ateliers, sortent des mécanismes de porte de A320, des pièces élémentaires pour le dernier 787 de Boeing, des pièces des jets d’affaires Falcon pour Dassault Aviation, des pièces de programme Rafale ou encore des pièces pour l’avion chinois ARJ21. SOMEPIC est la seule entreprise du Nord de la France à avoir une activité dédiée à la finition technique et esthétique de pièces en métal de petites et moyennes séries. L’entreprise est aujourd’hui une référence dans l’univers de la sous-traitance spécialisée.