Solitex’Oise, l’alliance gagnante entre réemploi et réinsertion

Lancée en 2022, l’entreprise d’insertion beauvaisienne Solitex’Oise compte aujourd’hui 12 salariés. Ces derniers trient chaque jour cinq tonnes de textiles, linges et chaussures qu’ils orientent, en fonction de leur état, vers des filières de réemploi ou de recyclage.

Jaroud Awatif et Séverine Ahouansou lors de l’opération Usine Ouverte. (crédit DLP)
Jaroud Awatif et Séverine Ahouansou lors de l’opération Usine Ouverte. (crédit DLP)

Organisée dans le cadre de l’opération "Usine Ouverte", la visite de Solitex’Oise à Beauvais a réuni une vingtaine de personnes. «Le grand public, et notamment les scolaires, ont du mal à imaginer ce qui se passe derrière les portes d’une industrie. Cette initiative permet de déconstruire quelques idées reçues, mais aussi de mettre en avant les savoir-faire du territoire», se réjouit Consuelo Monfort, cheffe de projet "Territoires d’Industrie" au sein de la communauté d’agglomération du Beauvaisis. Quatre acteurs du territoire ont accepté d’accueillir du public pour l’occasion : Solabia, Etex, Mon Pari Gourmand et Solitex’Oise. «Cette structure incarne parfaitement ces nouveaux modèles économiques, qui allient insertion et réemploi», souligne-t-elle.

Créée en 2022, l’entreprise solidaire collecte et valorise les textiles, linges et chaussures (TLC), qui représentent aujourd’hui une source de déchets majeure. D’après les chiffres de l’ADEME, les consommateurs achètent 40% de vêtements en plus qu’il y a 15 ans et leur temps d’utilisation a été réduit d’un tiers. «En 2022, Solitex’Oise a trié 200 tonnes de textile. En 2024, nous sommes passés à 700 tonnes et les prévisions pour 2025 sont de 1 000 tonnes», indique Jaroud Awatif, en charge de la visite du site.

Des filières de réemploi multiples

L’entreprise solidaire collecte les TLC auprès des recycleries, des déchetteries, mais également des particuliers, des écoles ou encore de l’hôpital de Beauvais. «Nous avons aussi de l’apport volontaire, et nous sommes en train de déployer des bornes», précise Séverine Ahouansou, copilote du projet. Une fois arrivés sur le site de l’Usine Agile, les objets sont envoyés sur la plateforme de tri, où opèrent des salariés en insertion professionnelle.

«Une partie des vêtements et accessoires en bon état est destinée à alimenter notre boutique de 200 m², ouverte juste à côté des locaux en septembre dernier. Nous y proposons des articles, parfois même neufs, pour femmes, enfants et hommes, à des prix très attractifs», détaille Séverine Ahouansou. Le textile de qualité restant est revendu à deux friperies, l’une parisienne et l’autre beauvaisienne, ou envoyé au Bénin. Là, il est retrié avant d’être réparti entre des revendeurs locaux.

97% de TLC revalorisés

«Tout ce qui ne peut pas être réemployé est orienté vers des filières de recyclage» indique Jaroud Awatif. Ainsi, une partie des éléments en trop mauvais état est envoyée à l’atelier de découpe de la Maison d’Arrêt de Beauvais. «La matière est transformée en chiffons d’essuyage pour un usage professionnel» poursuit-elle. Enfin, Solitex’Oise a noué un partenariat avec une entreprise du BTP qui utilise le textile effiloché comme isolant. Ces différents débouchés permettent à la structure d’insertion de valoriser 97% des TLC.