Soissons : à la découverte de l'Art Déco
Sans être aussi flamboyante ou démonstrative qu'à Reims ou Saint-Quentin, l'architecture Art déco n'en est pas moins présente à Soissons. Alors que la nouvelle édition du Printemps de l’Art déco se déroule jusqu'au 1er juin, la richesse architecturale de la Cité du Vase peut se (re)découvrir le temps d'une balade à pied.

L'Art déco ne saute pas toujours aux yeux à Soissons et pourtant ! Il suffit de lever les yeux pour s'apercevoir que cette architecture particulière imprègne une grande partie du centre-ville. Et pour cause, la ville a été détruite à 80% durant la Première Guerre mondiale et tout a été à reconstruire et à repenser... dans la modernité. Les plans de reconstruction dessinent une ville aux artères plus larges et aérées et c'est le style Art déco, en vogue dans les années 1920 qui s'impose, en réaction à l'Art nouveau, jugé trop exubérant. «L'Art déco, c'est l'art de la géométrie, de la sobriété, de la ligne droite qui s'élance, c'est l'art de la modernité et de la technique», rappelle Éric Boutigny, auteur du livre Soissons Art déco – Balade le nez en l'air*. «Avec l'utilisation du ciment armé, c'est l'apparition de bâtiments plus hauts, plus lumineux, plus ouverts avec de grandes baies vitrées.»
La balade qu'il propose dans son ouvrage peut se réaliser en 1h30 à pied et débute sur la place Saint-Christophe avec le monument Lubersac rendant hommage à l’œuvre du marquis Guy de Lubersac, capitaine d'aviation et maire de Faverolles. «Il se consacre alors au relèvement de l'Aisne dévastée en créant et en présidant une confédération de coopératives de sinistrés», rappelle l'auteur. Il s'agit d'une des premières œuvres d'art en ciment sculpté, elle est immanquable à Soissons puisqu'elle mesure 20 mètres de longueur et 12 mètres de haut. Sur cette même place Saint-Christophe, la façade Art Déco du plus vieux salon de coiffure de la ville peut aussi y être admirée.
Des bâtiments à découvrir autrement
Un peu plus loin dans la ville, «la maison égyptienne» située au 22 rue du Collège, vaut la peine de s'arrêter. L'immeuble, qui abritait à l'origine une officine d'orthopédie et d'herboristerie, est bâti par l'architecte soissonnais André Perrin en 1923. Il témoigne de l'Égyptomanie, consécutive aux campagnes égyptiennes de Napoléon Bonaparte, et relancée par la découverte du tombeau et du trésor de Toutankhamon en 1922. Le bâtiment est décoré de mosaïques, de frises et décorations sculptées faisant référence à l’Égypte Antique. On y retrouve un lotus bleu, un scarabée, un bénou (oiseau représentant l'âme dans la mythologie égyptienne), ou encore l'Ankh, la croix de vie égyptienne.
D'autres bâtiments de la ville témoignent d'un Art déco très présent dans la Cité du Vase comme le typique cinéma Clovis, ex-casino, situé rue du Beffroi, l'immeuble d'angle de rue arrondi du 20 rue Saint-Quentin qui abrite une supérette, le Monument aux Anglais de la rue de la Bannière et du parc Saint-Pierre ou encore le bâtiment qui abrite le Monoprix de la rue Saint-Martin. Ces monuments, immeubles et façades dessinent le visage de l'Art déco, toujours prégnant à Soissons.
* Disponible à l'office de tourisme de Soissons.