Socarenam : un leader de la construction navale sur la Côte d’Opale

Depuis 1961, la Socarenam construit des navires sur la Côte d’Opale. De la pêche à la Marine nationale, la société a évolué et ses bateaux sont leaders en France. Portrait.

Charles Gobert, directeur général de la Socarenam. © Éléonore Chombart
Charles Gobert, directeur général de la Socarenam. © Éléonore Chombart

Société calaisienne de réparation navale mécanique... C’est sous ce nom que la Socarenam, dédiée à l’entretien des navires de commerce de la Société navale caennaise, s’est fait connaître lors de sa création en 1961. Forte de son succès, l’entreprise s’étend ensuite à Boulogne-sur-Mer en 1969, puis à Dunkerque en 1973. «Aujourd’hui, Boulogne est notre siège social et Dunkerque réalise la partie maintenance industrielle de nos navires» détaille Charles Gobert, directeur général de la Socarenam.

En 1989, l’entreprise se détache de la société navale caennaise, qui rencontre quelques difficultés. Elle vogue désormais seule, rachetée par ses salariés. Depuis, la Socarenam s’est faite une place sur le marché français et européen en se diversifiant. Initialement spécialisée dans les bateaux de pêche, l’entreprise est aujourd’hui un constructeur, notamment de navires militaires de toutes tailles. En 2009, la société reprend les chantiers Gamelins de Saint-Malo, puis celui d’Étaples en 2014, proposant ainsi des navires jusqu’à 100 mètres de long.

Des constructions qui évoluent

Depuis, la Socarenam construit entre quatre et huit bateaux chaque année. «Nous fabriquons des navires de plus en plus gros pour la Marine nationale, nous y sommes référencés depuis 34 ans, pointe le gérant. Ce client représente aujourd’hui 80% de notre chiffre d’affaires, qui s’établit entre 50 à 75 millions d’euros d’une année à une autre». Les 20 % restants, l’entreprise, qui compte 240 salariés, le réalise dans la réparation navale, la maintenance industrielle et la construction de structures offshore, une activité propre à Calais.

Des clients sont apparus plus récemment grâce à l’essor d’activités. C’est le cas d’Alcatel avec l’installation marine. La Socarenam construit des éléments mécano-soudés pour la pose de la fibre en mer. Toutefois, la construction navale reste le cœur d’activité de l’entreprise. «Ici à Calais nous avons livré deux chalutiers de 16 mètres, deux vedettes de 17 mètres et actuellement, nous réalisons le programme des patrouilleurs côtiers de la gendarmerie», explique Charles Gobert. Cette commande correspond à la construction d’une série de six bateaux de 46 mètres.

© Éléonore Chombart

Au-delà de cette clientèle bien spécifique, la Socarenam tient à garder un marché civil également. «Cela nous permet de rester à la page en termes de technologie» souligne le directeur général. En effet, si les bateaux militaires doivent être robustes et fiables, les civils peuvent bénéficier d’une technologie dernier cri, comme c’est le cas pour les navires des phares et balises. Certains sont équipés de 30 mètres carrés de panneaux solaires ainsi que d’un système de récupération de la chaleur et de moteurs à propulsion.

Morceau par morceau

Tout chantier débute par un appel d’offres que l’entreprise remporte, puis vient une phase d’étude. La Socarenam travaille ensuite de concert avec le bureau d’ingénierie boulonnais et des cabinets d’architecture pour concevoir le navire, décomposé par blocs pour faciliter sa construction. Un navire de 46 mètres comptera ainsi cinq blocs distincts. «Une fois ces étapes terminées, nous passons à la conception d’un bateau sur-mesure», souligne Charles Gobert.

Dans les immenses ateliers calaisiens, les salariés soudent, découpent et assemblent les pièces conformément aux plans. «C’est un gigantesque puzzle fait d’acier et d’aluminium de quelques millions d’euros» sourit le dirigeant. Les derniers soudages et réglages sont réalisés en cale. Un autre espace est réservé au travail des pièces d’aluminium, mises en place en cale à l’aide d’une grue par-dessus la base du bateau. «Nous travaillons cette matière car elle est légère et nos bateaux gagnent en rapidité. Certains vont jusqu’à 41 nœuds». Une fois passées ces étapes, la Socarenam sous-traite, notamment la mise en peinture et l’électrification sur ses sites.

Transmettre les savoir-faire

En 60 ans, l’entreprise est devenue l’une des leaders du marché naval en France. Seulement, aujourd’hui, ses salariés partent à la retraite emportant leurs savoir-faire sans avoir toujours eu l’occasion de le transmettre... C’est pourquoi la société a noué des partenariats locaux pour ses recrutements. «Nous avons 26 apprentis formés à l’Afpi et nous recherchons des techniciens, des soudeurs, les métiers industriels qui se font rares…», constate Charles Gobert, qui recrute 20 nouveaux profils.

Ce n’est pas le seul problème auquel se heurte l’entreprise. Ses infrastructures, historiques, sont aujourd’hui vétustes. «C’est un gros sujet chez nous. Nous avons engagé des discussions avec la région il y a plusieurs années parce que les locaux ne nous appartiennent pas», relève le dirigeant, qui souhaiterait donner un nouvel éclat à ses bâtiments. En parallèle, les contraintes évoluent, les normes environnementales aussi et la société sera bientôt «contrainte» de se mettre à la page.

© Éléonore Chombart

En chiffres

Entre 50 et 75 millions d’euros de chiffre d'affaires
Cinq sites (Boulogne-sur-Mer, Calais, Dunkerque, Saint-Malo et Étaples)
Quatre à hui navires construits par an
Plus de 300 navires sortis des ateliers
240 salariés