SMOW et RDO Spring misent sur la mutualisation
Mutualiser des compétences pour se développer et obtenir la certification EN 9100 : c’est la stratégie gagnante adoptée par deux entreprises de Bresles (près de Beauvais), SMOW et RDO Spring, respectivement dirigées par Nadir Necer et Antoine Serafini.
Les deux sociétés sont toutes deux implantées dans la zone d’activités de Bresles, et positionnées sur des secteurs non concurrentiels. Il n’en fallait pas moins pour que leurs dirigeants, confrontés aux mêmes problématiques, aient l’idée de travailler ensemble – ce qu’ils faisaient déjà auparavant, en entretenant une relation de fournisseur/ client.
SMOW qui a vu le jour en 1992 était à l’origine spécialisée dans la mécanique générale et l’usinage : « Nous avons aujourd’hui 4 activités, la fabrication, un bureau d’études en charge de développer des produits innovants, l’assemblage de composants pour le secteur automobile et la tôlerie / chaudronnerie », détaille Nadir Necer, qui a débuté sa vie professionnelle comme ingénieur chez Renault. L’entreprise emploie aujourd’hui une cinquantaine de personnes, dont 5 apprentis. Et si elle est déjà certifiée ISO 9001, elle vise la certification EN 9100 (qui concerne l’aéronautique).
Une certification que souhaite également décrocher l’entreprise familiale RDO Spring (une soixantaine de salariés), fondée elle en 1972 par les beaux-parents de l’actuel dirigeant Antoine Serafini qui a pris la relève en 2007. « La société a profité dans les années 1980 du boom du secteur automobile qui représentait à l’époque 50% du chiffre d’affaires, contre 10% actuellement, explique le Pdg. Sentant le vent tourner, mes beauxparents ont diversifié leur activité, vers la pharmacie, la parfumerie et la cosmétique avec la fabrication de ressorts de sprays (plus d’un tiers du chiffre d’affaires), et les ressorts de rappel dans les métiers à tisser, un pan qui représente aujourd’hui plus de 50% de notre chiffre d’affaires, qui s’établit à 8 M€. »
Comme ses consoeurs, l’entreprise a dû faire face à la crise. Il a fallu s’adapter rapidement pour survivre, ce qui a nécessité de réduire les effectifs tout en modernisant l’outil industriel afin d’améliorer la compétitivité de la société et d’élargir son offre. La réorganisation nécessaire de RDO Springs a conduit à redéfinir deux pôles de fonctionnement complémentaires :
– la grande série avec des volumes de plusieurs millions voire centaines de millions de pièces à l’année qui implique des processus de production extrêmement performants (automatisation, productivité, planification),
– la petite et moyenne série avec des volumes bien moindres (de la pièce à l’unité jusqu’à quelques milliers de pièces par commande) qui est plus proche d’une démarche de service où il faut répondre très rapidement à des commandes spot qui tombent au jour le jour, ce qui nécessite d’être extrêmement réactif et flexible. La petite et moyenne série qui représente aujourd’hui 40% du CA de RDO Springs permet cependant de dégager de bien meilleures marges même si elle est plus contraignante d’un point de vue organisationnelle tandis que la grande série nécessite des efforts accrus de productivité. « Au final, RDO Springs consacre en moyenne tous les ans près de 8% de son CA à l’investissement en machines et automatismes » indique Antoine Serafini, ce qui constitue à ses yeux le meilleur gage de pérennité à long terme de l’entreprise. Avec comme objectif de développer les petites et moyennes séries et de développer la croissance externe par le rachat de sociétés « positionnées sur des secteurs porteurs et de tailles adaptées ». Parmi les secteurs visés, l’aéronautique donc : « Comme SMOW, nous sommes une PME aux moyens limités, et la mise en commune de ce moyens nous permet de mutualiser les coûts », explique Antoine Serafini. Un avis que partage évidemment Nadir Necer : « Nous avons décidé d’embaucher à deux une jeune ingénieure qualité, qui travaille à mitemps pour chaque entreprise, avec un CDD d’un an, et sera ensuite en CDI chez SMOW. » En ligne de mire : l’obtention de la certification EN 9100 pour la fin de l’année. Toujours dans le même esprit, les deux entreprises participent à des salons professionnels, comme celui du Bourget, sur le même stand. Et ont également opté pour ce mode de fonctionnement pour développer leur activité à l’étranger, en recrutant des commerciaux, un sur la France et un autre qui prospecte en Allemagne, Suisse et Autriche depuis huit mois. « Nous avons un bon retour sur la Suisse, en Allemagne, c’est plus compliqué », notre Nadir Necer. « Stratégiquement, notre démarche a du sens, estime de son côté Antoine Serafini. Nous sommes complémentaires, c’est un atout pour les acheteurs industriels et nous avons la même philosophie : proposer des produits de qualité avec une forte valeur ajoutée, pour nous différencier des concurrents, en misant sur l’investissement, et nos équipes… ». Dernier point commun entre les deux enteprises : l’accompagnement de la Caisse d’Epargne Picardie : « Bien implantée dans le Beauvaisis, la banque nous soutient depuis plusieurs années et nous accompagne au quotidien dans nos projets de développement », concluent les deux dirigeants.