Stratégie

SLB : 50 ans d’innovation à Abbeville

En 1972, SLB, ex Schlumberger, posait ses valises à Abbeville. Le groupe y compte désormais 118 salariés permanents, de 15 nationalités différentes, avec pour ambition de concevoir des outils toujours plus performants pour détecter des puits de pétrole ou de gaz tout en jouant la carte des énergies renouvelables.

Blandine Lepoutre dirige SLB depuis quatre ans.
Blandine Lepoutre dirige SLB depuis quatre ans.

Entre SLB (Schlumberger) et Abbeville, c’est une belle histoire qui dure donc depuis 50 ans. L’entreprise, créée en 1926 par deux Alsaciens, a commencé par racheter La compagnie des compteurs, spécialisée dans la fabrication de compteurs gaz, puis a jeté son dévolu sur le voisin Aster-Bouillon, qui réalisait des pompes à essence.

Une activité bien spécifique

Aujourd’hui, l’entreprise vient d’être rebaptisée SLB. Sur son logo bleu et blanc, elle affiche son ambition de parvenir au "net zéro" en 2050. Le site s'étend sur plus de sept hectares, dont 10 000 m² d’ateliers et 2 000 de bureaux. Elle est spécialisée dans la production d’équipements et de câbles entièrement contrôlés, destinés à la recherche pétrolière ou gazière par l’innovation et la recherche. Quinze personnes composent le service R & D, SLB emploie au total 118 salariés permanents [ndlr, 150 personnes en ajoutant les intérimaires, alternants et stagiaires].

SLB aide à trouver des sources de pétrole et de gaz et à installer les puits de forage : « Nous travaillons pour toutes les compagnies, informe Blandine Lepoutre, la directrice du site depuis quatre ans. Nous étudions le sous-sol et sa structure dans le monde entier. Nos câbles électro-armés font de douze et 15 kilomètres de long. Nos outils de pointe conçus et fabriqués ici permettent d’acheminer des outils au fond des forages afin de prélever les substances trouvées et de les ramener à la surface pour les analyser dans les unités hébergées dans des camions ou en offshore. La livraison des camions spécialement équipés pour cette recherche représente les deux tiers de notre activité. »

Au fil des années, les équipes ont eu pour mission d’améliorer les outils afin qui tiennent la pression, la température et la corrosion, car il faut descendre de plus en plus bas : « Nous sommes aussi spécialisés dans les équipements de surface qui vont treuiller les câbles, continue la dirigeante. Nous réalisons également des packers : ce sont des tubes en caoutchouc permettant d’assurer l’étanchéité au fond des forages pour prélever les matières. Notre dernière innovation repose sur de nouveaux câbles en composite et non plus en acier, quatre fois moins lourds, plus résistants et moins chers. »

Les nouveaux câbles en composite.

Diversification vers les nouvelles énergies

Malgré l’image négative du pétrole depuis plusieurs années, Blandine Lepoutre ne s’inquiète pas trop pour l’avenir du site : « Nous voulons de l’énergie verte et propre, sûre et fiable, disponible et pas chère, développe t-elle. Aucune ne répond à tous ces critères. En 2050, on estime que la demande aura baissé environ d’un tiers, nous aurons toujours besoin de gaz et de pétrole pour le transport, le chauffage, la pétrochimie… »

Le groupe, sensible aux nouvelles énergies, a décidé de se diversifier : « Nous sommes là pour inventer des solutions, assure la directrice. C’est une période de transition, elle est fascinante. Nous entendons devenir des partenaires à part entière de l’éolien flottant et de l’hydrogène. Par exemple, nous nous sommes associés avec d’autres grands groupes pour créer la start-up Genvia, nous travaillons sur la technologie électrolyseur afin de produire de l’hydrogène. »

Localement, SLB, qui privilégie le bateau à l'avion,  commence à réduire sérieusement son empreinte carbone, en partenariat avec la Région Hauts de France engagée dans rev3. Une partie des toitures des ateliers a été changée, des solutions de chauffage par de la géothermie sont en cours de réflexion, les ateliers et bureaux passeront tous en éclairage led en 2023 car SLB entend passer un contrat d’électricité verte avec son fournisseur. Les moteurs des machines les plus anciennes sont eux changés au fur et à mesure, l’intelligence artificielle est utilisée pour réduire les rebuts sur les lignes de production, les palettes partent pour un centre de réinsertion d’Abbeville et les caisses sont reprises par les fournisseurs : « Je suis fière de mes équipes et de travailler à Abbeville », conclut Blandine Lepoutre.