Shemseddine, adolescent battu à mort à Viry-Châtillon, inhumé dans l'Essonne
Des larmes et des roses blanches pour Shemseddine: les obsèques de l'adolescent de 15 ans battu à mort jeudi à Viry-Châtillon se sont déroulées mardi, sur fond de débat politique...
Des larmes et des roses blanches pour Shemseddine: les obsèques de l'adolescent de 15 ans battu à mort jeudi à Viry-Châtillon se sont déroulées mardi, sur fond de débat politique musclé autour des violences entre jeunes.
En début d'après-midi, des dizaines de proches, voisins, collégiens, lycéens et habitants de cette commune réputée calme de l'Essonne se sont pressés devant la petite mosquée en bois de la ville voisine de Savigny-sur-Orge pour rendre un dernier hommage à "Shems", comme l'appelaient ses amis.
Dans la foule, Meriem, une Castelviroise de 27 ans, a dit être venue en "soutien" à la famille de la victime, qu'elle ne connaissait pas. "La prière était très émouvante. Entendre la douleur de la famille, ça fait mal au cœur", a réagi Sajida, une lycéenne de 17 ans.
"C'est très grave ce qu'il s'est passé, mais c'est surtout une surprise", a confié Karim, 16 ans, venu assister à la prière avec des amis. "On ne voit pas souvent ce genre d'agressions ici", a ajouté cet ancien élève du collège Les Sablons, où était scolarisé Shemseddine.
Dès la matinée, les forces de l'ordre avaient déployé barrières et rubalises dans la rue qui mène à la mosquée. La famille avait demandé "que son intimité soit respectée lors de ce moment de recueillement" et qu'aucun média ne soit présent.
Le corbillard est arrivé peu après 14h00 et des fidèles ont tendu draps et tapis afin de cacher la vue du cercueil aux caméras postées devant la mosquée.
Recueillement et soutien
Après la cérémonie religieuse, l'adolescent a été inhumé au cimetière de Morsang-sur-Orge, lors d'une cérémonie à l'abri des regards, en présence d'au moins une centaine de personnes, rose blanche à la main.
En pleurs, une dizaine d'adolescents a quitté les lieux soutenus par des adultes à la fin de l'enterrement, a constaté une journaliste de l'AFP.
"Les habitants sont dans un moment de recueillement et de soutien de la famille qui en a bien besoin", a commenté mardi sur France Info le maire centriste de Viry-Châtillon, Jean-Marie Vilain.
Une marche blanche à la mémoire de la victime sera organisée vendredi après-midi dans les rues de la ville, selon M. Vilain.
La mort sous les coups de Shemseddine devant son collège, quelques jours après une autre agression violente qui avait visé une collégienne à Montpellier, a provoqué l'émoi dans tout pays.
Quatre jeunes hommes ont été mis en examen pour assassinat dans la nuit de dimanche à lundi.
Deux d'entre eux - un majeur de 20 ans et un mineur - ont été écroués, les deux autres, mineurs, incarcérés provisoirement jusqu'à un débat contradictoire prévu mercredi devant le juge des libertés et de la détention.
Mesures à venir
Selon les premiers éléments de l'enquête et les déclarations des mis en cause, cités par le procureur d'Evry Grégoire Dulin, les deux frères avaient sommé plusieurs garçons, dont la victime, de cesser leur correspondance avec leur sœur, notamment "sur des sujets relatifs à la sexualité", "craignant pour sa réputation et celle de leur famille".
L'adolescente, 15 ans, a elle été mise en examen pour abstention volontaire d'empêcher un crime.
Mardi, la cheffe de file des députés Rassemblement national Marine Le Pen a profité de la séance des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale pour demander à Gabriel Attal ce qu'il comptait "faire pour sortir du commentaire et entrer dans l'action" pour enrayer les violences entre jeunes.
Le Premier ministre a promis en retour des mesures "extrêmement fortes" et "extrêmement claires", qu'il n'a pas détaillées, en vue d'un "sursaut" de la société et d'un rétablissement de "l'ordre", "partout", dans la rue, les classes et les familles.
"Il n'y aura jamais dans notre pays de droit à tabasser, de droit à frapper, de droit de s'en prendre à un garçon parce qu'il aime une jeune fille, de droit à s'en prendre à une jeune fille parce qu'elle n'épouse pas les mêmes convictions, y compris religieuses. Oui, il faut ce sursaut dans notre société", a-t-il insisté.
"Il n'y a pas de crime d'honneur", a pour sa part rappelé le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti, "il n'y a que des crimes d'horreur".
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