Semaine de l'innovation : les petites villes s'y mettent aussi

Transformer les plans traditionnels en maquettes virtuelles ne présente que des avantages
Transformer les plans traditionnels en maquettes virtuelles ne présente que des avantages

Transformer les plans traditionnels en maquettes virtuelles ne présente que des avantages

La Semaine de la recherche et de l’innovation, qui s’est déroulée du 21 au 27 novembre 2016, a fait escale à Albert avec une conférence sur le thème de l’innovation urbaine dans les petites villes. État des lieux des principaux thèmes abordés. 

Attirer à Albert

Le Pays du Coquelicot se caractérise par son activité industrielle importante avec Méaulte et les communes environnantes, fortes de belles entreprises innovantes. Stéphane Demilly, député-maire d’Albert, a commencé la journée en rappelant que sa ville est « au centre de la région des Hauts-de-France.  IndustriLab, financé par la Région, est un symbole de l’innovation. De plus, nous sommes, en train comme en voiture, à 20 minutes d’Amiens et d’Arras, proches de l’A1 et au milieu de la ligne SNCF AmiensLille. Albert est une petite ville, conviviale, proche de la campagne. C’est pourquoi nous voulons développer ce concept de smart small city. Soit une ville à taille humaine, une manière de vivre déstressée grâce à son milieu naturel magnifique et offrant les mêmes possibilités qu’une grande ville, avec son nouveau cinéma en centre-ville et notre projet de quartier d’affaires derrière la gare, dans une friche SNCF de 5 hectares. Nous souhaitons attirer des personnes qui travaillent à Amiens, en raison de notre proximité. Nous voulons une réponse collective à notre projet en consultant architectes, paysagistes et le public ».

Miser sur la transition énergétique

« Après la dernière guerre, toute l’énergie produite était centralisée. Aujourd’hui, on décentralise les moyens de production et nous le faisons de manière décarbonée. Les prix, ainsi, vont baisser dans les énergies renouvelables. En Picardie, on commence la méthanisation qui alimente des réseaux de chaleur dans des villes comme Roye, Amiens, etc. La digitalisation est aussi un moyen pour réduire la consommation. À Albert, par exemple, les citoyens peuvent avec leur smartphone signaler à la mairie un problème dans la ville, comme un lampadaire défectueux. Péronne développe des compteurs connectés. De nouveaux réseaux connectés permettent d’avoir des objets à très basse consommation qui envoient des données. Nous allons vivre une révolution. Engie a perdu 70% de ses clients pour le gaz en dix ans, mais en trois ans nous avons conquis trois millions de clients pour l’électricité. Les panneaux photovoltaïques ont diminué de 40% en cinq ans », a expliqué Xavier Pruvot, d’Engie. Les villes trouvent des solutions pour éviter les pics de consommation, tout comme les entreprises et les hôpitaux. Christophe Buisset, maire d’Aveluy et président de la chambre régionale d’agriculture des Hauts-de-France, mise sur la biomasse : « C’est très compliqué d’avoir un méthaniseur, de distribuer sa production et cela coûte cher. Pourquoi ne pas revenir à l’hydroélectrique pour des communautés de communes qui sont traversées par des rivières, des étangs ? Cela permettrait de gérer les crues fréquentes. »

Une Garopôle à Abbeville, des écoquartiers à Compiègne

C’est la renaissance d’une friche industrielle de la SNCF à l’abandon depuis 20 ans. « Ce sera un centre d’affaires tertiaire, orienté NTIC, un symbole pour montrer le renouvellement du tissu urbain, le dynamisme et l’attractivité économique » comme s’est plu à le présenter Raphaëlle Doosche, de la Communauté de communes. L’UTC de Compiègne, en partenariat avec l’Agglomération de Compiègne, a 300 étudiants qui planchent sur des branches de systèmes urbains. Sont déjà réalisés l’accessibilité du quartier de la gare, l’audit du patrimoine immobilier des écoles de la ville et autres bâtiments, des maquettes numériques de la ville de Senlis au Moyen Age. Le relevé de la thermographie aérienne de l’agglomération a permis de détecter les déperditions thermiques, souvent dues à des toitures mal isolées.

Bien-être et participation citoyenne

Le club Noë s’investit entre autres dans le bien-être des médecins et Friville Escarbotin, dans la participation citoyenne. Installé dans le Pas-de-Calais, Simon Ledez, son dirigeant, veut voir l’économie autrement, avec les membres de son association composée de dirigeants économiques et de collectivités locales. « Il faut faire converger le développement économique, social et environnemental en vendant une performance plutôt qu’un bien ou un service. Médecin, agriculteur sont des métiers où il y a le plus de burn out, suicides et AVC. Ils travaillent en moyenne 65 heures par semaine. » Le centre d’appels Gesnard a développé un système de mise en réseau, afin de gérer le flux de la patientèle, et travaille avec les collectivités sur la désertification médicale. David Lefèvre, maire de Friville-Escarbotin, a développé un outil de démocratie participative, “Agoraneo”, afin de resserrer les liens avec la population. Son constat : « Il y a une perte de confiance dans les institutions, ce qui explique sa faible participation aux élections. La faire participer en l’écoutant, grâce à un outil simple, réservé aux habitants et accessible de n’importe où, donne déjà des résultats. »

Un atelier de réalité virtuelle à IndustriLab

Fabien Prouvost, architecte, a montré l’intérêt de transformer les plans traditionnels en maquettes virtuelles. « Cela présente des avantages notoires. Le client voit comment se présentera le bâtiment, son intérieur, etc. Il pourra exprimer ses besoins, alors que sur un plan papier, on ne réalise pas toujours le produit fini. Cela sert aussi à éviter les oublis et les manques. » Cet atelier appartient à la Région et est loué à des architectes, à Stelia, à des entreprises, etc. Au cœur d’une friche ferroviaire de 5 hectares à Albert se trouve le projet “Gare-cœur de ville”. Paysagistes, urbanistes et architectes ont expliqué ce que serait ce premier écoquartier. Un hectare et demi sera consacré à l’agriculture urbaine, avec sans doute des serres sur les bâtiments. C’est la présence de la gare, au centre de la grande région, qui est au cœur de cet ambitieux projet qui verra le jour d’ici 20 ans. Il y aurait aussi des espaces de coworking et des espaces verts. L’habitat sera individuel, collectif et haut de gamme ; 240 logements sont prévus. « Il ne faut pas trop laisser moisir la réflexion. Maintenant, il faut promouvoir ce projet et lui trouver des financeurs », a conclu Chantal Carton, directrice du développement économique du Pays du Coquelicot.