Sécurité: Retailleau veut "frapper la délinquance au coeur et en profondeur"

Refondation des opérations "places nettes", "restauration de la sécurité au quotidien" dans les départements, nouveau plan anti stupéfiants, recours aux réservistes: Bruno Retailleau a présenté vendredi à Toulouse sa stratégie pour "frapper...

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau à l'école nationale de police de Toulouse le 25 octobre 2024 © Valentine CHAPUIS
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau à l'école nationale de police de Toulouse le 25 octobre 2024 © Valentine CHAPUIS

Refondation des opérations "places nettes", "restauration de la sécurité au quotidien" dans les départements, nouveau plan anti stupéfiants, recours aux réservistes: Bruno Retailleau a présenté vendredi à Toulouse sa stratégie pour "frapper la délinquance au coeur et en profondeur".

Dans un discours à l'école nationale de police de Toulouse, lu simultanément dans les écoles de police de Roubaix, Chassieu, Nîmes, Montbéliard et Sens, le ministre de l'Intérieur a manié la rhétorique guerrière, appelant à "livrer une guerre sans pitié aux délinquants" ou citant le Maréchal Foch.

"Ne laissez rien passer, jamais", a lancé M. Retailleau. "Vous devez incarner la force de l'ordre. Force qui parce qu'elle est la seule légitime, est la plus nécessaire".

En prenant ses fonctions au ministère de l'Intérieur, M. Retailleau avait répété à trois reprises que sa feuille de route était de "rétablir l'ordre" devant son prédécesseur Gérald Darmanin, impassible devant cette mise en cause publique.

A mots à peine couverts, il a ponctué son propos de piques à l'encontre de M. Darmanin.

Les opérations "places nettes" aux résultats mitigés lancées par son prédécesseur seront ainsi "refondées" pour "obtenir des résultats plus durables que spectaculaires". C'était d'ailleurs l'une des critiques faites à ces opérations.

Il préconise à cet égard un travail en amont avec la justice pour mieux identifier les personnes à interpeller. Une circulaire commune avec le ministre de la Justice Didier Migaud sera ainsi élaborée.

Se démarquer de Darmanin

Pour tenter de se démarquer de son prédécesseur, réputé pour son volontarisme et sa capacité à saturer l'espace médiatique, le ministre a forcé le trait sur sa propre détermination et une approche au plus près du terrain de la délinquance, avec une "cartographie" précise et "évolutive" des "points chauds".

Il a annoncé ainsi qu'il réunirait "très prochainement" préfets, directeurs départementaux de la police et commandants de groupement de gendarmerie pour leur demander de concevoir "des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien".

En ces temps de disette budgétaire, Bruno Retailleau a plaidé pour une "montée en puissance des polices municipales" et un recours à des "patrouilles communes avec les policiers municipaux" qui auront alors de nouvelles attributions (accès à des bases de données).

Il a assuré en outre que les collectivités pourraient engager des "réservistes de la police ou de gendarmerie" pour avoir des "renforts substantiels sur la voie publique".

"Le modèle que je veux privilégier, c'est celui de la patrouille au bon endroit et au bon moment", a-t-il dit, quand le leitmotiv de Gérald Darmanin était de "mettre du bleu dans la rue" conformément au souhait du président Emmanuel Macron.

Le ministre a enfin réitéré sa volonté de mettre en place un nouveau plan anti stupéfiants pour lutter contre le narcobandistime, qui reprend peu ou prou les conclusions de la commission d'enquête sénatoriale sur ce sujet.

Ancien président des sénateurs LR, il a à coeur de voir la proposition de loi issue des travaux de la commission d'enquête reprise par le gouvernement pour, dit-il, "réarmer l'arsenal législatif".

Au menu, la création d'un statut du repenti, voire d'un parquet dédié, comme il l'appelle de ses voeux, un accroissement des saisies de biens et avoirs et une intensification du recours aux amendes forfaitaires délictuelles (AFD) contre les consommateurs car "fumer un joint ou prendre un rail de coke, c'est avoir du sang sur les mains".

Le tout pour pouvoir mener "un combat national" à l'image de ce qui a été fait contre le terrorisme.

Mais compte tenu de l'absence de majorité à l'Assemblée nationale, la possibilité pour le gouvernement de voir des textes législatifs adoptés par le Parlement reste faible en l'état actuel des forces politiques. 

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