"Se retrouver pour partager cette responsabilité climatique"
Elisabeth Borne, ministre de la Transition écologique et solidaire, s’est déplacée une journée à la COP25, la conférence annuelle du climat du 2 au 13 décembre derniers. Rencontrée avant la fin des négociations, elle rappelle les ambitions de notre pays, les efforts à mener et les prochains grands rendez-vous.
Que retenez-vous de votre participation ?
J’ai collaboré à des réunions de coalitions de pays sur le transport maritime (ambition de diminuer les Gaz à Effet de Serre GES de 70% d’ici 2050), les forêts tropicales (100 millions de dollars apportés par la France pour lutter contre la déforestation), et les aires protégées (30% d’aires protégées marines et terrestres d’ici 2022 en France). Ce dernier point sera d’ailleurs un des enjeux de la COP15 Biodiversité en Chine. Il s’agira de définir cette notion d’aire protégée, comment les gérer et les financer. Cela montre qu’il n’y a pas une COP Climat d’un côté et une COP biodiversité de l’autre. Les deux sujets sont mêlés.
Que pensez-vous du Green Deal européen annoncé lors de la COP ?
Nous soutenons l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050, et la baisse de 55% des GES d’ici 2030. Nous espérons que l’Europe aura fixé définitivement son ambition de relèvement de ses efforts pour lutter contre le changement climatique avant le sommet UE-Chine en septembre. Il va y avoir aussi des débats sur les accords commerciaux. Nous portons le fait que nous ne devrions pas ouvrir des négociations sur des accords commerciaux avec des pays qui ne respectent pas l’Accord de Paris. Par ailleurs, les objectifs de développement durable des accords commerciaux devraient être contraignants, avec notamment une taxe carbone aux frontières.
Par quoi sera conditionné le relèvement des efforts de la France ?
Il découlera du relèvement de l’ambition de l’Europe, en travaillant notamment sur le mécanisme de l’ETS (marché carbone européen) via l’augmentation du prix du carbone pour l’industrie européenne. Mais pour l’instant, la France n’a pas encore réparti les efforts que devront fournir les secteurs soumis à l’ETS et les autres secteurs. Globalement, on y arrivera en décarbonant notre industrie, nos transports, en développant les énergies renouvelables, en sortant du charbon et en s’appuyant sur la loi française Énergie-Climat.
Certains trouvent que cette COP ne tient pas ses promesses…
Certes, les discussions techniques autour de l’article 6 – la régulation du marché mondial de carbone, une des dernières modalités de mise en oeuvre de l’Accord de Paris – sont compliquées. Mais c’est très important de se retrouver, pour partager cette responsabilité climatique. L’ONU a montré que les engagements pris en 2015 par les pays ne sont plus suffisants pour contenir le réchauffement climatique à 2 degrés. Nous serions sur une trajectoire catastrophique de +3°C. C’est donc important de ré-échanger collectivement sur la façon de réhausser nos engagements, même si cela prend du temps.