Saveurs lorraines, parfum transalpin
Jeanne Cassone-Philippot est à la tête d’une nougaterie artisanale et perpétue une certaine tradition par ses recettes empreintes d’authenticité.
Dans le coquet quartier de la rue Lamour, une enseigne attire l’œil, à la dénomination peu banale : Jacasse : en fait, un véritable palais de la gourmandise. Il n’y a qu’à pousser la porte pour être enivré d’effluves sucrés. Pour cause, il s’agit d’une nougaterie. À sa tête, Jeanne Cassone-Philippot, sourire et poignée de main enthousiastes : «Je suis gourmande de nature. Dès l’enfance, je faisais des pâtisseries pour la famille et les amis.» s’amuse-t-elle à répéter. D’une marotte, elle fera son métier. Pourtant, son parcours est d’abord bien différent de ce monde sucré, comme elle le rappelle : «J’ai été assistante de direction avant de me diriger vers une fonction de commerciale terrain dans le matériel électrique.» Le toboggan de la vie, avec ses hauts et ses bas, lui fait prendre bientôt un autre chemin. Le besoin de voir autre chose, d’être en phase avec elle-même et ses souvenirs ineffaçables de l’enfance, ceux de ses origines italiennes, cette image ancrée de ses parents lui faisant goûter les nougats et les friandises d’antan. Il n’en faut pas plus pour que Jeanne Cassone-Philippot, née à Sarreguemines, dans ce Pays-haut empreint de valeurs ouvrières, dessine l’esquisse de sa nouvelle existence. Après plusieurs mois passés à s’immerger dans l’univers des professionnels, notamment à Montélimar, terre du nougat, et à dompter les étapes de la création d’entreprise, elle ouvre officiellement sa boutique Jacasse le 2 novembre 2011. Son leitmotiv n’a jamais varié : «Mon but est de redonner le sens du goût aux gens, de leur faire découvrir des produits authentiques.»
Les nougats et les Nonines
Dans son local semble suspendu un éternel arôme exquis. Sur les étals, les paquets de nougats se dressent fièrement renfermant des succulences de myrtille, bergamote, mirabelle, chocolat, violette, réglisse. Jeanne Cassone-Philippot note, experte : «Vous remarquerez que ces nougats fondent dans la bouche. Leur texture est très tendre. Cela diffère des matières habituellement plus dures.» Crème de nougat se mariant harmonieusement avec desserts et crêpes, guimauves onctueuses au même raffinement complètent une large gamme. Les clients de Jacasse sont des particuliers, des revendeurs pariant sur le terroir local. Jeanne Cassane-Philippot, laquelle passe ses journées entre son laboratoire en fabrication, la surface de vente et la promotion de son activité, précise : «Je n’ai pas vraiment de limites pour les bouquets. On peut me demander du miel, du calvados… Je peux personnaliser à volonté.» Cette artisane du bon goût, référencée dans les circuits lorrains spécialisés, ajoute : «Du bon goût et de la bonne humeur !» Toujours en quête d’une idée novatrice, elle a lancé récemment de nouveaux produits, dont elle parle avec une réelle émotion : «Ce sont les Nonines de Lorraine, des petits biscuits apéritifs salés directement inspirés d’une recette de ma mère. Olives vertes, oignons, lardons, fromage, moutarde sont un régal pour les palais, avec toujours ce fondant si particulier.» Jeanne Cassone-Philippot ne peut quitter son interlocuteur, sans glisser une dernière pirouette verbale bien à son image. Quand on lui demande comment s’appelle son bien beau métier, elle répond du tac au tac : «Nougatière ! D’ailleurs quand ma fille dit cela à l’école, cela intrigue souvent.» La gérante de Jacasse a tissé solidement ce lien qui la relie au fl de son enfance et ouvre les portes de celles de ses contemporains. À Nancy, il n’y a pas très loin de la porte Désilles, un petit air si charmant d’Italie.