Saverglass se paie un nouveau four

Les travaux de rénovation du four de Saverglass, spécialiste de la fabrication et de la décoration de bouteilles en verre, à Arques vont commencer début décembre. Chantier majeur dans la perpétuation des outils de l’industrie verrière, cette reconstruction s’annonce dans un contexte très particulier. Le point sur un projet qui tombe bien et qui a été présenté dans la commission Nouveaux Projet du SPPPI, le 19 octobre dernier à Arques.

La contenance du four d’Arques passera de 97 à 120 m³. Il sera malgré tout moins énergivore. © Aletheia Press/M.R.
La contenance du four d’Arques passera de 97 à 120 m³. Il sera malgré tout moins énergivore. © Aletheia Press/M.R.

Au début de la crise sanitaire, Jacques Parissaux, directeur du site arquois de Saverglass était «inquiet». Mais l’industriel verrier n’est pas resté longtemps dans le creux ; il est passé de 4 à 7 lignes de productions moins de 2 mois après le début du confinement. Les spiritueux, cœur de marché de Saverglass ont été impactés et les volumes ont conséquemment baissé notamment en Chine et aux Etats-Unis. Au sein du groupe, le site arquois a été plutôt préservé ; au Havre, la production a chuté de moitié tandis qu’à Feuquières (Somme), le siège, l’usine historique s’est arrêtée. Pour autant, si l’année 2020 reste dans le flou, l’entreprise va procéder à la reconstruction du four de son site à Arques après 12 ans de bons et loyaux service (le site a été acquis à Arc International en 2008). Le chantier a pour double objectif, l’augmentation de ses capacités de production (de 330 à 400 tonnes/jour) et la diminution de ses rejets atmosphériques. D’abord prévu en août, le projet a été décalé au début du mois de décembre. En moins de trois mois, il devra être réalisé pour une mise en service fin février 2021.

Un four plus grand et moins énergivore

La stratégie de l’entreprise s’engouffre dans une fenêtre de tir où les clients risquent de reconstituer leurs stocks cet hiver. Eux aussi ont peu de visibilité. Sur place, les préparatifs donnent lieu à des installations de gigantesques tentes devant le site. C’est là que les éléments du four et de la nouvelle chaîne de production seront abrités le temps du chantier. En effet, Saverglass pousse les feux : en sus de la reconstruction du four, la société va se doter d’une ligne de production supplémentaire. L’ensemble de l’investissement atteint 36,37 millions d’euros. «La contenance du four, sa “sole”, passera de 97 à 120 m³», indique Remi Degroote, membre de l’équipe projet. Techniquement, des améliorations sont apportées à l’équipement : «On pourra enfourner de la matière de plusieurs côtés contre un seul aujourd’hui. (…) On remplace une des deux lignes de houssage (équipement d’emballage de la chaîne de production, ndlr)», explique-t-il encore. En périphérie du chantier, Saverglass déplacera également la médecine du travail pour l’installer dans les bureaux administratifs ainsi qu’un réfectoire qui sort de l’atelier.

Le projet comporte son volet environnemental avec l’installation d’un réacteur Denox dont la destination est de réduire les oxydes d’azote que rejette la production ; pour ce faire, il recourt à de l’eau ammoniacale. Le nouveau four devrait consommer moins d’énergie grâce à l’utilisation de nouveaux composants. Sa nouvelle taille nécessitera aussi de le doter de deux nouvelles tours aérantes ce qui portera le total à 6.

Une plus grande consommation d’eau

Concernant l’eau, le site en utilisera un quart de plus, portant sa consommation à 120 m³ contre 95 actuellement. Le seuil réglementaire est à 800 m³/jour… Saverglass n’utilise que des eaux de fossé qu’elle minéralise. La concentration en polluants ne changera pas d’après la direction. Optimiste, Jacques Parissaux l’affirme : «si nous mettons en place tous ces outils, c’est pour les faire fonctionner. Il y a 500 personnes actuellement sur le site. On passera par du chômage partiel pendant l’arrêt ; certains iront sur d’autres sites, notamment en Belgique sur notre site de Ghlin» (près de Mons). L’entreprise compte créer une cinquantaine d’emplois supplémentaires dans les 3 ans.