Samu: les assistants de régulation en grève dans près des trois quarts du territoire

Médecins absents, urgences "régulées": "épuisés" par un fort surcroît d'activité, les assistants de régulation médicale (ARM), premiers à décrocher les appels au Samu, sont en grève dans 69 des 100 "centres 15" départementaux, réclamant revalorisations...

Le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, au Samu de Toulouse le 14 août 2023 © Valentine CHAPUIS
Le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, au Samu de Toulouse le 14 août 2023 © Valentine CHAPUIS

Médecins absents, urgences "régulées": "épuisés" par un fort surcroît d'activité, les assistants de régulation médicale (ARM), premiers à décrocher les appels au Samu, sont en grève dans 69 des 100 "centres 15" départementaux, réclamant revalorisations salariales et embauches, selon leur association nationale Afarm.

En visite lundi au Samu de Toulouse, le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, a déclaré qu'"une partie" de leurs revendications étaient "légitimes" et qu'il comptait "y travailler dans les toutes prochaines semaines".

Cette grève illimitée, entamée le 3 juillet, se voit peu car les ARM grévistes sont, comme beaucoup de soignants, "généralement assignés par l'administration, et donc à leur poste", sans perte de salaire, explique à l'AFP Yann Rouet, co-président de l'Afarm (Association française des assistants de régulation médicale). La grève n'a ainsi "aucun impact sur la qualité de réponse pour les Français", précise-t-il.

Alors qu'au coeur de l'été, de nombreux hôpitaux doivent restreindre l'accès aux urgences faute de soignants, et que beaucoup de généralistes sont absents, les autorités enjoignent "d'appeler le 15" en premier recours. Pour les ARM, "cela engendre forcément une activité supplémentaire", de l'ordre "de 30%, comme l'été dernier", en particulier dans les zones touristiques, détaille M. Rouet.

"Sur le terrain, c'est compliqué, on a le même temps pour gérer un appel", "pas toujours de solution à apporter" aux appelants. Les agents sont "fatigués, épuisés, certains sont clairement à bout", poursuit cet ARM des Côtes d'Armor.

"On réclame une reconnaissance de la pénibilité actuelle" soit une prime mensuelle de 100 euros, et des précisions sur les nouvelles grilles promises, ajoute M. Rouet.

L'Afarm demande aussi des embauches, alors qu'il manque selon elle "environ 800 ARM" en France pour répondre aux besoins et que le gouvernement entend généraliser d'ici la fin de l'année le Service d'accès aux soins (SAS). 

Ce service - qui vise à orienter à partir du 15 certains patients vers des prises en charge en médecine de ville, lorsque leur état de santé ne justifie pas un recours aux urgences - doit être généralisé d'ici la fin de l'année.

"Les ARM c'est le coeur, c'est la rotule de notre système de régulation. Ils ont une fonction particulière qui, en quelques années, a pris beaucoup d'ampleur, qui en a pris encore plus depuis l'an dernier et le fait qu'on incite beaucoup les Français à passer par le 15", a déclaré de son côté Aurélien Rousseau à Toulouse.

"Je considère qu'une partie de ces revendications sont légitimes et on va y travailler dans les toutes prochaines semaines", a-t-il ajouté, sans préciser à quelles revendications il faisait allusion, ni se prononcer sur la demande de l'Afarm d'embaucher 800 ARM supplémentaires.

Le ministre a également souligné la "qualité" du travail de ces agents.

"Il faut reconnaître cette qualité à sa juste valeur", a-t-il notamment déclaré au délégué de l'Afarm à Toulouse, Lilian Gelbart Carrasco. 

Un ARM sur trois est en grève à Toulouse, qui compte "beaucoup de contractuels", pour lesquels il est plus délicat de faire grève, a précisé M. Gelbart Carrasco à l'AFP.

Chaque année, les Samu reçoivent au total quelque 30 millions d'appels. Selon la Cour des comptes, ce nombre a augmenté de 22% entre 2014 et 2021.

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