Saint Louis Sucre cristallise sa production sur la décarbonation
Saint Louis Sucre et ses deux sucreries picarde et normande sont passées à l'an 2000 avec le géant allemand de l'agroalimentaire Südzucker. Les deux sites ont depuis modernisé leur outil de production, ils s'engagent maintenant dans la décarbonation. Visite de l'usine de Roye avec le président François Verhaeghe.
![François Verhaeghe, président de Saint Louis Sucre. © Saint Louis Sucre](/thumbs/1368×1026/articles/2025/01/copie-0-Francois-Verhaeghe.jpg)
L'industrie du sucre est historique à Roye. La première sucrerie a été fondée en 1831, sur les lieux où s'est développée l'actuelle usine Saint Louis. Les agriculteurs y avaient expérimenté la culture de la betterave à sucre, «la Somme est l'un des départements français où la culture de la betterave sucrière est particulièrement prospère, confirme François Verhaeghe, le président de Saint Louis Sucre. Le climat favorable, les sols adaptés et l'expertise des agriculteurs locaux ont contribué à faire de la Somme le berceau de la production sucrière».
La Normandie voisine bénéficie des mêmes conditions, et la sucrerie d'Etrépagny, la deuxième usine Saint Louis Sucre, a été créée en 1864. Un an plus tard, en 1865, naissait justement la marque Saint Louis à Marseille où était alors raffiné du sucre de canne. A Roye et à Etrépagny, il faudra attendre l'aube du deuxième millénaire, en 1999 – 2000, pour y associer l'entité Saint Louis Sucre, à travers le rachat par le groupe allemand Südzucker. «Le marché du sucre étant de plus en plus concurrentiel, cette acquisition s'est inscrite dans le cadre de la consolidation de l'industrie sucrière en Europe», atteste François Verhaeghe.
Avec Südzucker, 1er producteur de sucre
Südzucker pèse en effet très lourd. Avec près de 5 millions de tonnes par an, elle est la première entreprise mondiale en termes de production de sucre. Südzucker rassemble plus de 100 sites de production dans le monde, 19 200 salariés et présente un chiffre d'affaires annuel de 10 milliards d'euros. Avec ses 23 sucreries en Europe, dont les deux usines Saint Louis de Roye et Etrépagny, le sucre est l'un des cinq segments d'activités faisant du groupe l'une des principales industries agroalimentaires.
Forte de cet appui, la sucrerie de Roye s'est lancée dans une phase de développement et de modernisation à partir de 2007. La nouvelle usine de conditionnement est ainsi sortie de terre en 2009 : «Roye Conditionnement est devenu un site phare pour Südzucker, confirme le président. Il est le siège social de Saint Louis Sucre depuis 2022». Sur un terrain de 45 000 m2, 105 M€ ont été investis dans cet outil moderne à la capacité de production de 200 000 tonnes de sucre. Le magasin très spectaculaire peut stocker 15 000 palettes sur une hauteur de 34 mètres. L'atelier de conditionnement s'étend sur 26 000 m2 avec 15 lignes de production, un atelier de tamisage avance à 50 mètres de haut et un silo peut recueillir à lui seul 40 000 tonnes.
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Le nouvel enjeu : la décarbonation
Mais l'enjeu aujourd'hui pour le groupe comme pour Saint Louis Sucre est la décarbonation. La décarbonation des usines de production en premier lieu, par une stratégie de réduction de la consommation et de conversion vers des énergies de moins en moins carbonées : «Nos actions ont permis de réduire de 23% le CO2 émis pendant la transformation des betteraves en sucre entre 2018 et 2022», témoigne François Verhaeghe.
Pour cela, les investissements se poursuivent et des projets d'amélioration continue des process et des équipements ont été menés ces huit dernières années sur les deux sucreries de Roye et Etrépagny : «Le remplacement de la chaudière charbon par une chaudière haute performance à gaz à Etrépagny, la valorisation des calories non utilisées via l'installation de préparateurs à cassettes, le passage du sécheur de déshydratation des pulpes au gaz naturel à Roye, une pompe à chaleur à la place du chauffage au fioul à Etrépagny et Roye». Au chapitre des derniers investissements en la matière à Roye : la refonte de l'atelier d'évaporation en 2020 et 2024 qui se traduit par des économies d'énergies majeures de – 20%.
Saint Louis Sucre accompagne également la décarbonation agricole suivie par 70 agriculteurs partenaires dès cette année : «Notre objectif est de diminuer de 35% les émissions sur l'amont agricole avant 2030», confie le président. De même, la décarbonation des transports est engagée : «À Etrépagny, nous transportons exclusivement par rail la pierre à chaux essentielle à la fabrication du sucre, pour environ 235 tonnes équivalent CO2 économisées chaque année. Nous utilisons également un biocarburant à base de colza français pour plus de 40% de nos transports de sucre en vrac, en partenariat avec le groupe Delisle».
Et à la source de la fabrication du
sucre, François Verhaeghe met tout simplement en avant : la
betterave. «Oui, la betterave est une plante
extraordinaire. Elle est la plus productive des cultures avec les
gains de rendement les plus importants et les plus réguliers. Elle
est une plante idéale dans l'assolement et la rotation des cultures.
C'est une plante résiliente au réchauffement climatique, une
production durable dont l'empreinte carbone a baissé de façon
significative sur 15 ans, une plante peu gourmande en eau. Bref, une
plante pour laquelle «rien ne se perd, tout se valorise»».
Une campagne 2024 maussade
De l'aveu même du président de Saint Louis Sucre, François Verhaeghe : «On se dirige vers une campagne très moyenne cette saison, avec une concentration de sucre très faible et des rendements qui devraient baisser de 3 à 5%».
La campagne de récolte des betteraves sucrières se déroulent généralement du 15/20 septembre au 30 novembre. Elle a commencé un peu plus tard cette année, le 26 septembre, du fait des semis retardés en raison d'un été peu ensoleillé après un printemps pluvieux. Les betteraves n'ont pas pu rattraper leur retard en poids racine. Puis la récolte des betteraves a été rendue difficile par les nombreuses précipitations survenues en Picardie et en Normandie.
Saint Louis Sucre en chiffres
3e producteur de sucre en France
1er exportateur mondial du sucre en morceaux
500 000 tonnes de sucre par an
500 salariés