Saint-Lazare concilie upcycling et élégance à la française

On peut donner une seconde vie à des matières qui auraient dû être jetées, tout en misant sur le raffinement et la durabilité. C'est en tout cas le pari que s'est lancé Capucine Thiriez, en créant en octobre 2019 sa ligne de maroquinerie upcyclée, fabriquée en France.

Les ceintures de Saint-Lazare : des lances à incendie devenues des accessoires de mode.
Les ceintures de Saint-Lazare : des lances à incendie devenues des accessoires de mode.

A quelques semaines des fêtes de fin d’année, Capucine Thiriez s’active pour répondre aux demandes des internautes. Imprégnée d’un esprit entrepreneurial déjà très jeune– ses deux parents ont fondé l’entreprise Thiriez literie à Wattrelos, reprise aujourd’hui par son frère Geoffrey –, elle a d’abord commencé sa carrière dans le commercial, agrémentée d’une fibre sociale. Amatrice de couture et d’upcycling «depuis toute petite», elle a choisi de créer elle aussi son entreprise : Saint-Lazare. Hébergée au CETI (Centre européen des textiles innovants) à Tourcoing, Capucine Thiriez a mis un an et demi à développer sa gamme pour la rendre la plus fidèle possible à ses envies : «Je me suis rapidement rendu compte du potentiel des matières dont regorgent les entreprises, contraintes de les jeter. Si on change le regard sur ces matières, ces déchets peuvent être des pépites.» C’est là tout l’enjeu de détourner ces matières de leur usage premier : chambres à air, lances à incendie, feutrine dans les TGV, toiles nautiques, chutes de caoutchouc… deviennent des ceintures, des porte-cartes, des portefeuilles, des bijoux, des sacs à dos… Une gamme d’une soixantaine de références, sur une collection mixte, vendue sur le site Internet de la marque.

Des produits durables et engagés

«Les chambres à air que nous récupérons chez Decathlon sont ensuite travaillées dans un atelier de maroquinerie à Paris, qui collabore d’habitude avec des grands noms du luxe. Une chambre à air n’a jamais son semblable, c’est une matière difficile à travailler mais c’est ce qui fait son charme», poursuit la créatrice, qui met à point d’honneur à choisir des partenariats de qualité : les boucles en laiton des ceintures viennent d’Italie ; elle travaille avec un ESAT à Wambrechies, avec un atelier de maroquinerie à Comines et un atelier de confection et de découpe laser à Tourcoing. Une sorte de boucle vertueuse pour ces produits fabriqués en France. Les premiers clients seraient «bluffés» : «Ils sont incapables de savoir en quelle matière est fait le produit. La chambre à air ressemble à du cuir et est tout aussi résistante dans le temps.» Au-delà de faire de l’upcycling, Capucine Thiriez mise sur le beau, le durable et l’élégance. Des produits qui entrent dans l’ère du consommer mieux. Déjà démarchée par des boutiques, Capucine Thiriez espère se constituer un maillage d’une trentaine de magasins revendeurs en France et en Belgique. Elle se lance également dans le marché B to B en proposant des porte-cartes personnalisés pour les entreprises.