Grâce à son unité basée à Béthune

Safilin démarre la production de son fil de lin 100% français

En mars 2021, la société Safilin annonçait la réindustrialisation à Béthune d’une partie de sa production de fils de lin. L’opportunité de proposer une large gamme 100% française, en complément de son offre polonaise.

D’ici 2024, l’usine Safilin de Béthune produira 400 tonnes de fil de lin par an.
D’ici 2024, l’usine Safilin de Béthune produira 400 tonnes de fil de lin par an.

Quatorze mois plus tard, la production a démarré. La nouvelle unité de filature produira, d’ici 2024, 400 tonnes de fil de lin chaque année, alors que 30 opérateurs ont déjà été embauchés et formés à un métier qui avait disparu du territoire depuis près de 20 ans. Ils devraient être 50 dans deux ans.

30 opérateurs ont déjà été embauchés et formés à un métier qui avait disparu du territoire depuis près de 20 ans. Ils devraient être 50 dans deux ans.

L’une des dernières filatures de lin européenne

Dix machines, acheminées de Pologne, tournent désormais quotidiennement, bientôt rejointes par d’autres métiers à filer, bobineuses ou étireuses. Ainsi, dès cet été, la filière lin pourra proposer, du champ au produit fini, une production entièrement française. Représentant un investissement de 5 millions d’euros, cette initiative est soutenue par l’Etat dans le cadre de l’appel à projets Résilience, par la Région Hauts-de-France et la communauté d’agglomération de Béthune-Bruay.

Fondée en 1778 à Sailly-sur-la-Lys, Safilin a délocalisé sa production en 2005 pour s’installer en Pologne où elle dispose de deux filatures. Les 550 collaborateurs y assurent depuis la maîtrise d’un art séculaire et produisent chaque année 4 000 tonnes (soit 200 km de fil par minute !) à destination d’un large panel de tisseurs et tricoteurs français et internationaux, en quête d’un produit premium et durable. Assurant chaque étape de filature, Safilin maîtrise l’ensemble de transformation de la matière première, depuis la sélection du lin teillé jusqu’à la bobine de fil.

Dès cet été, la filière lin pourra proposer, du champ au produit fini, une production entièrement française.

Un ancien site logistique de 6 000 m²

Son retour en France est justifié par les sollicitations de marques et d’industriels engagés dans des démarches d’écoconception et de RSE, mais aussi par le retour en force du Made in France. «La réimplantation d’une filature en France est une corde supplémentaire à notre arc. Cela nous permet non seulement d’augmenter nos capacités de production mais aussi de répondre à la demande émergente de consommer plus local et durable de la part des consommateurs. En parallèle, nous continuons à investir et à recruter en Pologne», explique Olivier Guillaume, président de l’entreprise. 

«La clé de la réussite réside dans le transfert de savoir-faire avec les équipes polonaises. Depuis plusieurs mois, ils œuvrent aux cotés des mécaniciens et opérateurs français fraîchement embauchés afin de les former et régler les machines. Une filature de lin est un procédé mécanique où l’expertise de l’homme est indispensable pour pouvoir faire un fil de qualité. Sans cet accompagnement humain, le risque aurait été trop important.»

Le choix de se réimplanter à Béthune, dans un ancien site logistique de 6 000 m², n’est pas le fruit du hasard. Elle s’explique notamment par la proximité avec ses partenaires sur le peignage de la fibre et le blanchiment de la mèche que sont Peignage Dumortier à Tourcoing et Decoster Caulliez à La Gorgue.

Redonner vie à un métier disparu

Le retour de Safilin en France s’accompagne d’une cinquantaine de recrutements, réalisés en deux phases. A ce jour 25 collaborateurs ont déjà été embauchés, dont 20 opérateurs qui assurent les différentes étapes de la filature de lin. Ce savoir-faire ayant disparu de France depuis plusieurs décennies, l’agence Pôle emploi de Béthune a pour l’occasion mis en place une méthode de recrutement par simulation qui ne tient pas compte du CV, du parcours, de la formation ou de l’expérience du candidat, mais évalue la capacité à occuper le poste de travail à travers une mise en situation.

Le processus de formation a ensuite démarré : après la transmission d’un savoir-faire et de technologies de la France vers la Pologne, le transfert de compétences s’est opéré dans l’autre sens. Depuis le mois de mars, 4 opératrices polonaises forment ainsi les nouveaux embauchés, épaulées par d’anciens collaborateurs à la retraite désirant également transmettre leur savoir... et redonner vie à un métier disparu en France.

Salifin en chiffres

  • 600 collaborateurs (550 en Pologne et 50 en France) 
  • 30 M€ de CA
  • 4 500 tonnes de lin filées chaque année
  • 100% des matières premières sourcées et transformées en Europe (100% en France pour l’usine de Béthune)
  • 300 clients dans le monde (principalement des tisseurs et tricoteurs installés en France, en Europe, au Japon…).