Royaume-Uni: légère baisse de l'inflation en décembre, bol d'air pour le gouvernement

L'inflation a légèrement reculé en décembre au Royaume-Uni, après deux mois consécutifs de hausse, un repli qui offre une bouffée d'air au gouvernement travailliste, sous pression ces derniers jours...

Fruits et légumes sur l'étal d'un marché dans un quartier de l'est de Londres, le 31 mars 2023 © Susannah Ireland
Fruits et légumes sur l'étal d'un marché dans un quartier de l'est de Londres, le 31 mars 2023 © Susannah Ireland

L'inflation a légèrement reculé en décembre au Royaume-Uni, après deux mois consécutifs de hausse, un repli qui offre une bouffée d'air au gouvernement travailliste, sous pression ces derniers jours face aux difficultés économiques du pays.

Les prix ont augmenté en décembre de 2,5% sur un an, selon les données mercredi de l'Office national des statistiques (ONS), un chiffre qui reste encore bien supérieur à l'objectif de 2% de la Banque d'Angleterre.

Mais il a positivement surpris les investisseurs et pourrait annoncer une nouvelle dynamique: après un plus bas en trois ans en septembre, à 1,7%, l'inflation britannique était repartie à la hausse en octobre, à 2,3%, puis avait encore progressé en novembre, à 2,6% en glissement annuel.

Cette baisse est "une bonne nouvelle", a commenté sur Sky News le secrétaire en chef du Trésor britannique, Darren Jones. "Cela montre que le plan du Premier ministre (Keir Starmer) fonctionne (...) Mais il reste encore beaucoup à faire."

"Je me battrai tous les jours pour assurer (la) croissance et améliorer le niveau de vie", a réagi dans un communiqué la ministre des Finances, Rachel Reeves, en mal d'indicateurs économiques positifs depuis le retour au pouvoir des travaillistes en juillet.

Trump aux manettes

Le recul de décembre s'explique par le fait que les prix des hôtels et du tabac ont augmenté moins vite qu'il y a un an, malgré une hausse des carburants et des voitures d'occasion, selon Grant Fitzner, économiste à l'ONS.

Les Britanniques ont subi de plein fouet une hausse des prix très élevée ces dernières années, qui a culminé à 11,1% en octobre 2022, poussant la Banque d'Angleterre (BoE) à relever son taux directeur dès la fin de l'année 2021.

Constatant le ralentissement de l'inflation ces derniers mois, la banque centrale britannique a fini par concéder deux baisses de son taux directeur en 2024 et "l'optimisme grandit quant à la possibilité de (le) réduire plus que prévu en 2025", relève Danni Hewson, analyste chez AJ Bell.

Les analystes tablent majoritairement mercredi sur une nouvelle réduction dès la réunion du 6 février, qui ramènerait le taux directeur à 4,5%.

La BoE a annoncé en décembre sa volonté de rester prudente en 2025, s’inquiétant du retour aux manettes de Donald Trump aux Etats-Unis, mais aussi du budget présenté en octobre par Mme Reeves, fait de fortes hausses d'impôts, notamment des cotisations patronales, et d'emprunts exceptionnels pour investir.

Vandales économiques

Ce premier budget depuis l'élection du parti travailliste peine à convaincre les entreprises, qui ont encore alerté mercredi sur ses conséquences en matière d'inflation.

"Le marché s'accorde à penser que les entreprises n'auront d'autre choix que de répercuter au moins en partie cette augmentation des coûts sur les consommateurs", abonde Matthew Ryan, analyste chez Ebury.

La pression est forte sur le gouvernement, confronté à une croissance atone, mais aussi ces derniers jours à un affaiblissement de la livre combiné à la forte hausse des taux d'emprunt obligataires --qui se détendent mercredi.

Les travaillistes continuent de blâmer la situation héritée des conservateurs, aujourd'hui dans l'opposition, le Premier ministre Keir Starmer les qualifiant mercredi de "vandales économiques".

Il a aussi promis aux députés que Rachel Reeves resterait Chancelière de l'Echiquier --son titre officiel-- pour encore "de nombreuses années", en réponse aux appels au départ lancés par les Tories, le chef du gouvernement estimant que le coût de la dette britannique s'expliquait par la "volatilité" des marchés mondiaux.

Selon Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote Bank, la ministre n'a cependant "pas encore convaincu les investisseurs mondiaux" à ce sujet.

"La réticence du marché à financer ses plans de dépenses pèse sur les perspectives de croissance britannique et sur la livre", ajoute-t-elle.

En d'autres termes, selon Danni Hewson, "la Chancelière a peut-être poussé un soupir de soulagement ce matin, mais elle n'est pas encore tirée d'affaire".

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