Agroalimentaire

Rosières-en-Santerre : Sitpa rachetée par un Fonds indépendant français

La purée Mousline, marque existant depuis 1962, devient française. L’usine Sitpa, installée à Rosières-en-Santerre depuis 1966, a été rachetée en octobre dernier à Nestlé par un fonds d’investissement français FNB Private Equity, qui investit dans les PME agroalimentaires.

Le Pdg de Sitpa Philippe Fardel sur le lieu de déchargement.
Le Pdg de Sitpa Philippe Fardel sur le lieu de déchargement.

Philippe Fardel, le Pdg de Sitpa, est également co-actionnaire, ainsi que des banques et la coopérative Alliance basée à côté d’Amiens. Ce dernier a fait toute sa carrière dans l’agroalimentaire et les 20 dernières années chez Nestlé. Philippe Fardel détaille le fonctionnement de l’entreprise : « Nestlé a souhaité se séparer de l’activité purée de pommes de terre qui est une production phare, dégustée par de très nombreuses familles en France et à l’étranger. 85% des pommes de terre sont achetées à 130 producteurs locaux, réunis dans un Groupement pour Mousline (GPM), situés à 15 kilomètres de l’usine. Nous achetons 100 000 tonnes de pommes de terre par an, en recevons 50 tonnes chaque jour et fabriquons 20 000 tonnes de purée par an. Il faut cinq à six kilos de pommes de terre pour produire un kilo de flocons. Près de 12 000 tonnes sont destinées au marché français, le reste est exporté. »

La sécheresse de l’été dernier a engendré une tension, désamorcée avec l’achat de pommes de terre grenailles. Mousline a augmenté d’environ 10% le prix d’achat des pommes de terre, la récolte 2022 a elle diminué de 10 à 15%. Mais les pommes de terre ont augmenté et vont continuer en 2023, en raison de l’accroissement du gasoil, des engrais, des plants du légume, et de l’énergie. Pour ce faire Mousline a investi dans une chaudière biomasse, qui avec sa production de vapeur, déshydrate les pommes de terre et réduit la consommation électrique.

De 15 à 20 millions d’euros d’investissements prévus

Si l’annonce de la vente a entraîné des craintes dans le personnel et chez les cultivateurs locaux, la direction les a rapidement rassurés. Philippe Fardel détaille les futurs investissements : « Nous allons investir 15 à 20 millions d’euros dans notre service R&D et dans de nouvelles machines pour le séchage, les peleurs, la coupe et la presse, celles-ci ayant 40 ans. Nous allons aussi investir dans la protection incendie et l’accueil de la réception des pommes de terre. Nous sommes aussi très attentifs au recyclage de l’eau qui ressert à la fabrication de l’eau de lavage et qui est en circuit fermé. Les déchets de pelure partent dans une usine, proche de la Belgique, fabricant de la nourriture pour les porcs. Les boues sont recyclées dans un méthaniseur alimenté par Bonduelle et Téréos. »

Mousline, qui emploie 150 salariés, compte également 30 commerciaux basés à Paris, en charge du marketing, des finances, des achats etc. L’entreprise a réalisé en 2022 un chiffre d’affaires de 80 millions d’euros et vise les 100 millions d’ici trois ans, 25% du chiffre est réalisé à l’export en Europe, avec une position dominante en Belgique, Pays-Bas, Espagne, Portugal, Grèce, Allemagne et dans la restauration en Grande-Bretagne. Elle exporte également dans les Émirats Arabes unis, le Chili et l’Australie.

Mousline produit depuis deux mois une purée plus consistante, vendue dans toutes les grandes surfaces et ambitionne d’embaucher, mais a de grosses difficultés à trouver des opérateurs de maintenance et de machines dont la formation est assurée sur place.

Sitpa reçoit chaque jour 50 tonnes chaque jour de pommes de terre (ici dans la machine à couper). (c)Mousline