En marge des 4es Rencontres européennes «Décarbonation» à Dunkerque

Roland Lescure assure du soutien de l’Etat dans la décarbonation de l’industrie

Roland Lescure, ministre délégué à l’Industrie, a effectué un déplacement à Dunkerque le 22 septembre dernier. En marge de la tenue des 4es Rencontres européennes «Décarbonation» et de l’inauguration de la «Fabuleuse Factory», il a redit le plein soutien de l’Etat aux territoires pour le développement d’une industrie de la décarbonation et la décarbonation de celle déjà en place.

Roland Lescure, ministre délégué à l'Industrie, s'est prêté volontiers à un échange improvisé avec des jeunes Dunkerquois en visite à la "Fabuleuse Factory".
Roland Lescure, ministre délégué à l'Industrie, s'est prêté volontiers à un échange improvisé avec des jeunes Dunkerquois en visite à la "Fabuleuse Factory".

Venir parler de décarbonation à Dunkerque, cela tombait presque sous le sens pour un ministre délégué à l’Industrie tant le territoire tout entier - industries, collectivités, organismes consulaires, organismes de formation - s’est emparé avec force de la question depuis plusieurs années maintenant. Roland Lescure l’a donc fait. D’abord, devant les nombreux industriels et élus qui participaient aux 4es Rencontres européennes "Décarbonation industrie et territoire" organisées par le collectif CO2. Puis devant la jeune génération - collégiens ou lycéens - venue visiter la «Fabuleuse Factory», événement organisé au plein centre de Dunkerque qui voulait, pendant quatre jours, faire se reconnecter les habitants du territoire avec leur industrie et les beaux projets de développement qu’elle porte.

«Avec le plan France 2030 et le fonds de 50 milliards prévus, l’Etat se donne les moyens de développer une industrie de la décarbonation et d’accompagner l’industrie déjà en place dans sa volonté de se décarboner, a-t-il martelé. Nous en avons ici un parfait exemple à Dunkerque avec, d’un côté, la prochaine implantation de l’usine de batteries électriques Verkor et, de l’autre, l’énorme investissement consenti par ArcelorMittal pour décarboner son process de production de l’acier. Et d’autres sont en train de prendre le pas, grands groupes comme PMI, parce qu’ici on travaille en équipe et que tout le monde regarde dans le même sens.» 

Attirer la jeune génération vers les métiers de l'industrie

Et le ministre de rappeler que cette révolution industrielle qu’est en train de vivre le territoire sera créatrice d’emplois - 16 000 attendus à dix ans -, et qu’il est donc plus que temps de sensibiliser les plus jeunes, et notamment les jeunes filles, aux métiers de l’industrie, «alors même que 70 000 emplois sont actuellement non pourvus dans ce secteur, a souligné le ministre, et qu’ils offrent de belles perspectives professionnelles et une bonne rémunération». C’est d’ailleurs le message qu’il a délivré aux jeunes Dunkerquois (très étonnés, pour la plupart, de pouvoir échanger ainsi sur le vif avec un ministre) rencontrés au hasard de sa déambulation au cœur de la «Fabuleuse Factory», accompagné par le maire de Dunkerque et président de la Communauté urbaine, Patrice Vergriete.

Parmi les entreprises présentes, citons la centrale nucléaire de Gravelines, ArcelorMittal ou encore Aluminium Dunkerque. Toutes ont de forts besoins de recrutement, notamment Aluminium Dunkerque qui doit renouveler un tiers de ses effectifs (200 personnes) dans les cinq années à venir en raison du papy-boom. Elles n'ont pas ménagé leurs efforts (casque de réalité augmenté à la centrale nucléaire, démonstration de maintenance avec outils numériques chez ArcelorMittal, proposition de visites du site en famille chez Aluminium Dunkerque…) pour sensibiliser et attirer des vocations. Même si toutes reconnaissaient qu’à 14 ou 15 ans, beaucoup ont encore du mal à se projeter. Elles se disaient satisfaites, toutefois, d’avoir pu semer de «petites graines» dans les têtes.

L'Etat va soutenir Aluminium Dunkerque à hauteur de 40 à 50 M€

Lors de sa visite jeudi 22 septembre, le ministre délégué à l'Industrie Roland Lescure, a annoncé que l'Etat allait allouer une aide de «40 à 50 millions d'euros» à Aluminium Dunkerque, pour l'aider à «passer l'hiver» et faire face à la hausse des prix de l'énergie.

Cette aide s'inscrit dans le cadre du fonds d'appui lancé en juillet dernier et prolongé fin août, destiné aux entreprises qui rencontrent des difficultés pour honorer leurs factures énergétiques dans un contexte de forte inflation. «Aluminium sera sans doute le plus grand récipiendaire de cette aide» a souligné Roland Lescure, qui a également précisé que l'entreprise dunkerquoise consommait «à peu près autant d'électricité que la ville de Marseille».

Une aide très attendue mais qui, selon la directrice générale du site de Loon-Plage, Amélie Hennion, «ne compense même pas un mois de pertes par rapport aux prix de l'électricité actuels». «Ce ne sera pas assez pour passer l'hiver» a-t-elle poursuivi. Déjà contrainte de réduire sa production de 20% l'hiver dernier à cause de la flambée des prix de l'électricité, Aluminium Dunkerque n'envisage pour l'instant des «solutions de chômage technique» que si «la situation se poursuit».

Depuis l'automne 2021, avec la flambée des prix de l'énergie, exacerbée par la guerre en Ukraine, l'Europe a réduit d'un million de tonnes sa production d'aluminium, soit de 50%. Avec les autres industriels européens des métaux, signataires d'une lettre adressée à la Commission européenne début septembre, Aluminium Dunkerque estime que la crise énergétique «constitue une menace existentielle» pour l'avenir.

A. P (avec AFP)