Réutec, une ambition «jusqu’au-boutiste» pour lutter contre le carton et le plastique
Le nombre de colis envoyé chaque jour en France atteint quatre millions, et ces derniers sont, dans leur totalité ou presque, en carton ou en plastique, donc à usage unique et destinés à la poubelle. Pour lutter contre ce gaspillage, la start-up Réutec s’est lancée en juillet 2023, avec ses emballages réutilisables fabriqués à partir de chutes de textiles techniques. Une démarche écologique et inclusive que nous expliquent les deux fondateurs, Baptiste Peru et Pierre Malbranque.
![Baptiste Peru et Pierre Malbranque, fondateurs de Réutec. ©Léna Heleta](/thumbs/1368×1026/articles/2025/01/0D7A9831-copie.jpg)
Une idée en amène une autre, et la pelote de laine se démêle pour arriver enfin au but, que l’on ne s’était pas forcément fixé dans un premier temps. C’est un peu ce qui s’est passé pour Baptiste Peru lorsqu’il souhaite créer sa marque de prêt-à-porter engagée, avant d’être rejoint par Pierre Malbranque et de créer Réutec. Un point le dérange particulièrement : pourquoi créer une marque engagée et éco-responsable si les moyens de livraison, eux, polluent ? «Il y a une notion de balance qui n’est pas respectée. On vend du jusqu’au-boutisme aux entreprises donc on ne peut pas se permettre de dire ‘on a fait ça plutôt qu’autre chose parce que c’est plus court et plus facile et tant pis pour l’impact’», expliquent-ils.
Un marché naissant mais dynamique
Changement de route
donc. Fini le prêt-à-porter et place aux emballages de livraison plus
responsables. Une idée logique après des
recherches plus poussées lorsque l’on sait que quatre millions de
colis sont envoyés chaque jour en France, et que dans le même
temps, quatre millions de tonnes de textile sont jetées en Europe
chaque année. Le constat est simple et les liens se tissent
d’eux-mêmes. «Ces deux constats environnementaux s’ajoutent à ceux sociétaux et économique», insiste Pierre Malbranque.
D’un côté, «les usagers sont en attente d’une
consommation plus responsable», et de l’autre, l’État
Français a mis en place la loi AGEC (anti-gaspillage pour une
économie circulaire), qui accélère le changement de production et
de consommation afin de limiter les déchets. Naissent donc les colis
réutilisables en textiles revalorisés.
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Le marché des colis réutilisable est encore récent, mais déjà dynamique et de nombreux acteurs, français ou européen, se sont lancés. Malgré tout Baptiste Peru l’assure, «la concurrence est saine, car le marché est immense. Il y a une grosse place à se faire au côté du carton et des emballages à usage unique au sens large». Et la place, Réutec commence à la prendre, car la jeune start-up compte déjà dans ses clients Motoblouz ou Renault. Pour plaire au plus grand nombre, les colis se déclinent en plusieurs formes : les pochettes, les box et les box XL. Pour les premières, il y a actuellement 6 000 produites, dont 4 000 en circulation. Pour les box, 400 sont en cours de production, tandis que les box XL viennent tout juste de sortir, mais les retailers en sont les principaux clients. En effet, Réutec souhaite se concentrer exclusivement sur le BtoB. «Ce n’est pas notre travail. Mais on n'oublie pas, lorsque l’on travaille avec une entreprise pour du flux e-commerce, de penser à l’utilisateur. Quelque part, on n'oublie jamais le particulier», souligne Pierre Malbranque.
Une volonté écologique et inclusive
En plus d’avoir un projet éco-responsable, Réutec se concentre sur l’aspect insertion. En effet, si les sept salariés de la start-up ont un petit atelier pour réaliser leurs prototypes, la production ne se fait pas à Roubaix, mais à Tourcoing, dans les locaux d’AlterEos, entreprise adaptée et inclusive, fer de lance de l’économie sociale et solidaire dans les Hauts-de-France. Un choix «de bon sens» pour Baptiste Peru. «Cela fait partie de nos valeurs et j’ai été fortement séduit par la dynamique sociale. On favorise l’emploi social, ce qui est important pour des villes comme Roubaix et Tourcoing. À Roubaix, 53% de personnes vivent sous le seuil de pauvreté. Ce sont des secteurs qui ont besoin de travail et on a la chance, à notre échelle, de fournir une partie du flux économique et du coup de l’emploi, mais de manière indirecte car nous ne sommes pas formés pour accueillir des personnes en situation de handicap».
De quoi rendre fiers les deux fondateurs, qui sont également ravis de l’année écoulée et affichent leurs ambitions, souhaitant faire passer leur production de quelques milliers de colis à des dizaines de milliers dès 2025, tout en multipliant leur chiffre d’affaires de 30 000 euros par 10 à partir de 2026, et «garder ce rythme ensuite», avec une levée de fonds courant 2025. De quoi, comme ils disent, «faire bouger ce petit monde-là» assez rapidement.