Retraites: la "confiance" de Bayrou n'occulte pas "l'ampleur des désaccords"
Les partenaires sociaux et le gouvernement se sont réunis plus de deux heures vendredi au ministère du Travail, pour lancer une difficile remise en chantier de la réforme des retraites de 2023, François Bayrou affichant son optimisme...
Les partenaires sociaux et le gouvernement se sont réunis plus de deux heures vendredi au ministère du Travail, pour lancer une difficile remise en chantier de la réforme des retraites de 2023, François Bayrou affichant son optimisme, malgré "l'ampleur des désaccords" constatée par la CGT.
Les travaux ne démarreront vraiment qu'à l'issue d'une délicate mission de chiffrage sur le financement du système, confiée à la Cour des comptes. Celle-ci rendra son rapport le 19 février, a annoncé François Bayrou à la presse, à la sortie de cette première réunion, fixant à "fin mai" l'objectif d'un accord entre les partenaires sociaux.
"Cette idée qu'ils vont partager des mois et des mois de travail, pour moi, c'est une idée fructueuse", s'est-il réjoui, déplorant l'état de "blocage général" dans lequel se trouve la France.
Il a dit "faire confiance" au dialogue social, et à cette démarche "constructive" et "nouvelle".
D'abord appelés "conclave" par le Premier ministre, ces travaux doivent prendre la forme d'une "concertation" ou d'une "conférence sociale" selon la formule qui sera choisie.
Mais pour la N.1 de la CGT Sophie Binet, la réunion a "été l'occasion de constater l'ampleur des désaccords" autour de la table.
Les organisations syndicales sont "unies ce matin pour dire que 64 ans, c'est toujours non", a souligné Mme Binet.
A ce stade des discussions, "on a posé le cadre, beaucoup d'éléments de méthode et de sujets qui peuvent être évoqués" et "moi je suis optimiste, je pense que c'est un moment important pour les organisations syndicales et patronales", a ensuite déclaré la secrétaire générale de la CFDT Marilyse Léon.
Clarifier" les chiffres
"Il faut un bougé sur l'âge légal, il faut progresser sur la question de la pénibilité" et "les inégalités entre les hommes et les femmes", a-t-elle plaidé.
Interrogée sur BFMTV, la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet s'est dite en écho "favorable" à des "changements" notamment sur "la question de l'aménagement des carrières pénibles", sur la "question des femmes" et aussi sur "les impacts démographiques sur les régimes de répartition".
Mais la ministre qui se déclare toujours "pour un recul de l'âge", appelle aussi à lever un "tabou sur un choix français qui est de faire peser sur (...) les actifs et les entreprises une part importante du financement de la protection sociale" .
"Ce qui est important dans cette première phase, c'est qu'on va pouvoir ressortir tous les chiffres, les exposer, en discuter, en débattre et informer l'ensemble des citoyens", a commenté de son côté François Hommeril (CFE-CGC) à l'issue de la réunion.
Mais il s'est dit "inquiet" de la volonté de François Bayrou de traiter "en même temps" la question de l'équilibre des régimes par répartition et celle de la retraite des fonctionnaires, qui selon le syndicaliste devrait rester du "domaine de la politique de l'Etat".
En raison notamment du déséquilibre du régime des fonctionnaires, François Bayrou considère que le déficit des retraites est bien plus lourd que celui calculé par le Conseil d'orientation des retraites, rattaché à Matignon.
Vendredi matin, les syndicats ont tous demandé des "clarifications sur les chiffres" du Premier ministre, "qui ajoutent artificiellement 40 milliards de déficit" et "alourdissent la facture de ce qu'il faudrait trouver" pour financer une abrogation, a rapporté Mme Binet.
Divergences
"Je pense que le sujet des retraites privées est suffisamment complexe" sans avoir à y ajouter "la dimension des retraites publiques qui doivent être traitées dans un autre cadre", a jugé de son côté le président de l'organisation patronale U2P, Michel Picon.
"L’engagement direct du Medef porter(a) logiquement sur le seul périmètre des régimes de retraites du secteur privé", a averti son président Patrick Martin dans une déclaration envoyée à l'AFP.
"Une éventuelle révision de la réforme des retraites ne saurait porter atteinte à son rendement ni conduire à un alourdissement du coût du travail, alors que la conjoncture est tendue et que l’intensité de la compétition internationale va s’exacerber dès les prochaines semaines", a-t-il ajouté.
"Nous avons eu des clarifications sur la méthode mais qui ne correspondent pas encore exactement à nos attentes", a complété M. Martin qui au nom du Medef défend la mise en place d'un régime par capitalisation, une idée qui ulcère les syndicats.
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