Rétractation de Takieddine: Nicolas Sarkozy, mis en examen, veut "défendre son honneur"
L'ex-président Nicolas Sarkozy, mis en examen vendredi dans l'enquête sur de possibles manœuvres frauduleuses pour le disculper des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle 2007, compte "défendre...
L'ex-président Nicolas Sarkozy, mis en examen vendredi dans l'enquête sur de possibles manœuvres frauduleuses pour le disculper des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle 2007, compte "défendre son honneur", ont indiqué ses avocats.
L'ancien chef de l'Etat (2007-2012), arrivé en voiture vers 09H40 au tribunal judiciaire de Paris, a été mis en examen pour recel de subornation de témoin et association de malfaiteurs en vue de la préparation d'escroqueries au jugement en bande organisée, a indiqué à l'AFP une source judiciaire.
Cette décision, qui ouvre la voie à un procès dans un quatrième dossier pour la figure de proue de la droite française, vient conclure trois jours et demi d'interrogatoire par deux magistrats financiers chargés d'instruirele dossier. L'information judiciaire a été ouverte en mai 2021 sur cette opération, appelée "Sauver Sarkozy" par l'un des mis en cause.
"Nicolas Sarkozy est fermement décidé à faire valoir ses droits, établir la vérité et défendre son honneur", ont réagi ses avocats Jean-Michel Darrois et Christophe Ingrain dans un communiqué transmis à l'AFP.
Par cette mise en examen, les juges signifient qu'ils estiment disposer de suffisamment d'indices graves ou concordants quant à sa participation aux manœuvres élaborées par au moins neuf autres protagonistes impliqués à des degrés et moments divers pour tromper la justice française.
Parmi les mis en cause, la reine des paparazzis Mimi Marchand, l'intermédiaire Noël Dubus, déjà condamné pour escroquerie, le puissant chef d'entreprise David Layani. Les poursuites contre le financier Pierre Reynaud, mort en mai, sont éteintes.
La première étape de l'opération aurait d'abord consisté à obtenir la rétractation des accusations contre Nicolas Sarkozy du sulfureux intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine en échange d'une possible rémunération.
Ce revirement avait donné lieu à une retentissante interview en novembre 2020 sur BFMTV et Paris Match, point de départ de l'enquête, puis à l'envoi d'une lettre signée par M. Takieddine devant un notaire libanais à la justice française.
Puis, au premier semestre 2021, certains des mis en cause auraient tenté d'obtenir une preuve que le retentissant document libyen publié dans l'entre-deux-tours de la présidentielle 2012 par Mediapart et évoquant un financement à hauteur de 50 millions d'euros était un faux.
D'après la source judiciaire, M. Sarkozy est témoin assisté, un statut plus favorable, pour l'infraction de participation à une association de malfaiteurs en vue de commettre l'infraction de corruption active de personnel judiciaire étranger au Liban.
Certains protagonistes de cette opération sont en effet soupçonnés d'avoir tenté de corrompre des magistrats libanais pour qu'ils libèrent un fils Kadhafi détenu dans ce pays, afin que la famille du défunt dictateur libyen facilite la mise hors de cause de M. Sarkozy.
Pour les enquêteurs, selon un chiffrage récemment établi, au moins 608.000 euros auraient pu être utilisés pour l'ensemble de l'opération, dont les protagonistes contestent la teneur frauduleuse.
Folie
Entendu en juin par les enquêteurs de l'Oclciff, spécialisés dans les affaires financières, l'ex-président a certes dit avoir été informé par Mimi Marchand en octobre 2020, soit un mois avant que l'information ne soit publique, d'un souhait de M. Takieddine de changer de version.
Mais selon ses auditions dévoilées par Libération et consultées par l'AFP, M. Sarkozy a assuré que "l'idée même que je puisse pousser directement ou indirectement au financement des pieds nickelés est une idée folle".
"Aucun élément concret matériel, de téléphonie, ne peut m'incriminer dans cette folie, ni de près, ni de loin", a garanti l'ancien chef de l'Etat.
Longuement interrogé sur son agenda et sa téléphonie de fin 2020 et début 2021, qui suggèrent des rendez-vous ou conversations à des moments-clé avec des protagonistes du dossier, M. Sarkozy a évoqué des "coïncidences", mais nié tout contact significatif.
Pour lui, "toute cette petite bande n'a que pour seule préoccupation de se faire mousser les uns par rapport aux autres" en prétendant être en contact avec lui.
Cette décision des magistrats vient alourdir l'agenda judiciaire déjà chargé de M. Sarkozy qui sera samedi matin dans son fief de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) pour la promotion de son dernier livre, "Le temps des combats" (Ed. Fayard).
Outre le procès sur le financement libyen, prévu début 2025, il sera jugé en novembre en appel dans le dossier Bygmalion.
L'affaire dite "Bismuth" pourrait, elle, faire l'objet d'un nouveau procès, pour raisons procédurales.
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