Retours vers le futur
Dans la sélection de la semaine, deux excellentes BD de science-fiction et une plongée dans le New York mythique des sixties avec l'histoire du Velvet Underground.
Europa
Révélé en 1994 par la série Aldebaran, le duo de scénaristes Léo et Rodolphe ne cesse de signer depuis des œuvres majeures. Après Centaurus, les complices inaugurent ici un nouveau cycle en 5 tomes dessiné par Zoran Janjetov. Sous-titré La Lune de glace, ce premier volet suit les pas de Suzy Saint-Loup, jeune pilote astronaute pour l’ONU, qui attend sa première véritable mission. Lorsque le contact radio est mystérieusement interrompu avec la station implantée sur Europa, l’une des lunes de Jupiter, elle est désignée pour être pilote d’un vol interplanétaire chargé d’aller enquêter sur place. Un gros porteur russe part bientôt vers Jupiter, sur lequel sera arrimée leur navette. Le temps presse car sur Europa, la situation semble chaotique avec des colons enlevés par d’autres, des suspicions de sabotage et un inquiétant message... Sublimée par les remarquables décors galactiques de Janjetov, cette BD est d'une redoutable efficacité quant à la mise en place de l'intrigue et de l'intronisation de personnages parfaitement esquissés. Un opus inaugural plus que prometteur !
Delcourt.
Une histoire du Velvet Underground
Album hommage au légendaire groupe new-yorkais, Une histoire du Velvet Underground s'ouvre dans les années 1960 alors que le jeune Lewis Alan Reed quitte le domicile familial à Long Island et s'installe à New York. Il se fait désormais appeler Lou Reed et rencontre John Cale, un musicien gallois avec qui il forme The Velvet Underground, imaginant un rock «radicalement différent», avec des textes évoquant la drogue, le sexe et la vie dans les marges. Ils sont bientôt pris en main par Andy Warhol qui s’improvise manager et donne un coup d’accélérateur à leur carrière. Une nouvelle page de l’histoire du rock s’ouvre alors... Admirateur de longue date de cette formation qui influença de nombreux artistes, Prosperi Buri retrace avec gourmandise la trajectoire tumultueuse du groupe sans occulter conflits d’ego, séparations douloureuses et managers douteux. Une BD réjouissante, teintée d’humour et de dérision, qui nous plonge dans le New York mythique des sixties.
Dargaud.
Spider
Cosignée Christophe Bec et Giles Daoust (scénario), cette adaptation du roman de G. Elton Ranne, La Mâchoire du Dragon, suit l'enquête de Charlie, inspectrice à Detroit, infiltrée auprès d'une organisation criminelle qui deale une nouvelle drogue appelée la «spider». Laquelle requiert d'avaler une araignée vivante boostée avec un adjuvant secret et dont une prise unique suffit pour être dépendant. En outre, il n’existe ni antidote, ni méthode de sevrage et l'ADN se modifie en absorbant de fortes doses. Lors de sa rencontre avec le biochimiste Tsuchigumo, Charlie découvre que les transformations morphologiques peuvent aller bien au-delà… Ce diptyque policier trempé dans le bain révélateur du fantastique s'inscrit dans la lignée – la profondeur métaphysique en moins – de Naked Lunch de David Cronenberg ou de Starship Troopers de Paul Verhoeven. Un récit d’une noirceur extrême magnifié par le graphisme des décors apocalyptiques du dessinateur italien Stefano Raphaelle.
Soleil.