Reprise : les clés pour gérer son stress
Le niveau de burn-out des dirigeants a augmenté, selon l’enquête nationale de l’observatoire Amarok, de Montpellier, spécialisé dans la santé des dirigeants, menée auprès de 1925 dirigeants. «Les facteurs aggravants sont liés au confinement ; il s’agit de l’impuissance et du fait d’être coincé, explique Olivier Torres, expert de la santé du chef d’entreprise au sein de l’Observatoire Amarok. Je ne suis pas trop inquiet car leur moral est encore bon. Avec le déconfinement, le niveau devrait revenir à la normale habituelle». En attendant, les «stresseurs» de la crise actuelle sont nombreux, au premier rang desquels figurent la peur de l’infection, la solitude, la frustration et l’incertitude. Viennent ensuite le manque d’informations claires et fiables et la surcharge liée aux besoins d’adapter le travail à la situation.
«Le chef d’entreprise doit accepter l’idée de se faire passer en priorité pour pouvoir maintenir le cap de l’entreprise sur la durée»
Se préserver au maximum des stresseurs
«Il est tout à fait normal de ressentir beaucoup d’émotions en cette période, qu’elles soient négatives ou positives», explique Laure Chanselme, psychologue du travail à l’Observatoire Amarok. Pendant la crise, il est de fait d’autant plus important de prendre soin de soi. «Le chef d’entreprise est l’homme ou la femme clé de l’entreprise. S’il n’est pas là, il y a un risque de dépôt de bilan. Il ne faut pas s’oublier et accepter l’idée de se faire passer en priorité pour pouvoir maintenir le cap de l’entreprise sur la durée», insiste Laure Chanselme. La psychologue présente plusieurs pistes : d’abord limiter son exposition aux médias et aux sources d’informations négatives permanentes, continuer d’organiser son temps et modérer ses priorités, entretenir la positivité et lâcher prise sur ce que l’on ne peut pas maîtriser et mettre au contraire son énergie sur ce que l’on peut contrôler. «Un facteur salutogène, qui génère de la bonne santé consiste à ne pas tout subir et à reprendre la maîtrise de certaines choses», explique Laure Chanselme.
Au niveau plus personnel, les pistes sont également nombreuses : conserver une bonne hygiène de vie, prendre du temps avec soi-même en privilégiant les activités qui apportent bien-être et détente, comme le sport ou la relaxation, garder le contact avec ses proches et s’appuyer sur un soutien social émotionnel. De manière plus schématique, les chercheurs Lazarus et Folkman ont élaboré une stratégie pour faire face au stress qui repose sur quatre préceptes : l’acceptation, «qui ne consiste pas à se résigner, mais à accueillir la crise telle qu’elle est», comme l’explique Olivier Torres ; la réinterprétation positive, le «coping» actif, qui consiste à déterminer et suivre une ligne d’actions et concentrer ses efforts pour résoudre la situation, et enfin la planification des étapes à suivre. En revanche, certaines stratégies, comme «le déni, le désengagement ou l’auto-blâme sont à bannir», met en garde Olivier Torrès.
L’art du stratège : transformer les contraintes en opportunités
Pour reprendre le contrôle, les entrepreneurs ont intérêt à user de leur «vigilance entrepreneuriale». Cette aptitude, qui se déroule en trois phases – s’informer, connecter les informations et les transformer en idées, et enfin évaluer les opportunités – permet d’identifier des opportunités qui seraient négligées par d’autres. «Si la phase de recherche est souvent élevée, nous avons pu évaluer que les entrepreneurs avaient plus de mal pour passer de l’information à l’idée, et encore plus, pour passer de l’idée à l’opportunité», constate l’expert.
Pour développer leur stratégie entrepreneuriale, les dirigeants ont donc intérêt à réduire la recherche d’informations et à augmenter leur capacité à les transformer en idées. Concernant la recherche d’informations, celle-ci doit se faire de manière canalisée : les chefs d’entreprise peuvent chercher des exemples d’entreprises qui ont réussi à transformer leur modèle d’affaires ou suivre des entrepreneurs inspirants. L’expert leur conseille de tenir un journal quotidien écrit de leurs idées, puis de réfléchir, dans un deuxième temps, à leur mise en œuvre et ensuite d’évaluer leurs bénéfices.