Reprise de la production à l’usine d’Amiens de Metex

Metabolic Explorer vient de signer un accord avec ses principaux partenaires. De quoi sécuriser les liquidités nécessaires à l'exécution de sa stratégie et de son plan de transformation industrielle 2023-2024. Cet accord intègre de nouveaux financements pour engager sans attendre les premiers investissements nécessaires notamment à une dynamisation de sa force commerciale et à une reprise progressive de la production de l'usine d'Amiens. 

Situé dans la zone industrielle d'Amiens nord, le site va reprendre une production normale début janvier. Il tournait au ralenti depuis plusieurs mois du fait de la crise énergétique. Metabolic Explorer va donc lever 73 millions d'euros de financement dont 8 millions par augmentation de capital. 

Cet accord va lui permettre de diversifier sa production vers des ingrédients à plus forte valeur ajoutée et de reprendre progressivement la production de l’usine picarde, afin de garantir à ses clients un approvisionnement local en acides aminés et solutions fonctionnelles bas carbone. 

« Je tiens à remercier les établissements financiers partenaires du groupe ainsi que Bpifrance, notre actionnaire de référence le fonds Sociétés de projets industriels (SPI) géré par Bpifrance Investissement et certains fournisseurs clés historiques qui ont, chacun, accepté de revoir les accords existants et de réitérer leur confiance dans notre plan stratégique. Cet accord donne au groupe la visibilité nécessaire pour accélérer sa transformation vers des produits et services à plus forte valeur ajoutée qui répondent aux enjeux de ses clients en nutrition animale, cosmétique et biopolymères. Je me réjouis également que l’ensemble des équipes de Metex NØØVISTAGO puisse reprendre la production dans les prochaines semaines », déclare Benjamin Gonzalez, le Pdg de Metex.

Un accord pour faire face à la situation et sécuriser l’avenir

Pour rappel, le groupe a mis en place dès l’été 2022 des mesures fortes pour faire face à la baisse conjoncturelle du marché de la nutrition animale et à la hausse du prix des matières premières et de l’énergie. Le tout dans un environnement économique mondial particulièrement dégradé après l'invasion de l’Ukraine par la Russie. De plus, la concurrence chinoise est dure. 

« Pour cesser d'importer du soja américain, la Chine a augmenté sa production d'acides aminés de nutrition animale et exporte son surplus en Europe », explique le directeur financier Laurent Bastian. La production de l'usine d'Amiens arrêtée depuis début octobre a mis 350 salariés en chômage partiel. « Notre chiffre d'affaires s'est poursuivi pendant la période par la vente de nos stocks. » 

Le groupe a par ailleurs souffert d'une baisse de la demande sur les marchés d'alimentation animale liée à la grippe aviaire pour la filière volaille et à la restructuration de la filière porcine en Europe. Les principaux termes de l’accord reposent sur la mise à disposition par ses partenaires bancaires et Bpifrance d’un prêt garanti par l’État d’un montant total de 33,9 millions d'euros et d’un nouveau prêt moyen terme d’environ 15,5 millions d'euros, ainsi que la recherche de financements complémentaires du plan d’affaires à mettre en place d’ici janvier 2025 à hauteur de 30 millions d'euros. 

L'accord, dont la réalisation demeure sujette à certaines conditions suspensives, prévoit aussi une augmentation du capital d'un montant maximum de 8 millions d'euros. Sans oublier la mise à disposition, dès que ce mécanisme sera effectif, de cautionnements contre-garantis par l’État jusqu’à 90% pour un montant de 7,4 millions d'euros comme alternative au dépôt de garantie demandé par le fournisseur d’électricité. Ce qui assure à Metex son approvisionnement en énergie sur 2023.

De nouvelles perspectives pour l’usine d’Amiens

À la fois électro-intensif et gros consommateur de gaz, Metex a bénéficié des prix garantis de l'Accès régulé à l'électricité nucléaire (Arenh) pour ses achats d'électricité. Mais il a souffert de la flambée de coûts indirects, comme la multiplication par huit des prix de l'ammoniac ou le doublement des cours du sucre. « Nous avons ouvert une procédure de conciliation en septembre-octobre avec nos banques, car nous risquions un défaut par manque de trésorerie, ajoute Laurent Bastian. L'accord nous permet de redémarrer et de continuer notre politique d'investissement. » 

Amiens n'abandonnera pas les acides aminés courants, avec lesquels la société espère pénétrer le marché des animaux de compagnie et de l'aquaculture, mais « l'objectif est de valoriser leur aspect bas carbone », poursuit Laurent Bastian. Ceci en attendant que l'activité de Metabolic Explorer soit incluse dans le périmètre bénéficiant d'une taxe carbone aux frontières de l'Europe. Sans attendre ce coup de pouce à son modèle, Metabolic Explorer s'est déjà fixé un objectif de redressement ambitieux.

Une gamme plus élargie

« Ainsi, l’activité reprend à Amiens dans un contexte plus favorable grâce, notamment, à une amélioration de la lisibilité et de la maîtrise des coûts énergétiques, électricité et gaz pour la génération de vapeur, en lien avec les dispositifs mis en place par l’État et une proposition de valeur de Metex, locale et bas carbone parfaitement alignée avec les objectifs européens de réduction des émissions carbone de la filière animale, ce que confirme l’évolution récente du cadre réglementaire européen », reprend le Pdg de METabolic Explorer qui produit à Amiens des acides aminés pour nourrir volailles et porcs. 

« Pour ces ingrédients tels que la lysine, notre production est la seule existant en Europe. C'est une alternative aux mêmes ingrédients produits en Chine en émettant cinq fois plus de CO₂ ou au soja importé d'Amérique. » La restructuration de la dette du groupe prévue par l’accord permet donc d’initier dès le premier semestre 2023 les investissements de transformation du site d’Amiens et d’accélérer le développement de nouvelles capacités de production pour les acides aminés de spécialité que sont valine, tryptophane, arginine, isoleucine, et leucine. 

Une autre voie d'activité pour le site amiénois réside dans l'industrialisation de la technologie issue de la plate-forme ALTANØØV® pour la production du premier acide glycolique d’origine naturelle à destination de la cosmétique et des biopolymères biodégradables. Ses futurs ingrédients, plus complexes donc mieux valorisés, doivent porter le chiffre d'affaires de 230 à 420 millions d'ici 2025.