Réorganisation massive de l’inspection du travail en Picardie
Entreprise par MICHEL Sapin, alors ministre du travail, la réorganisation nationale des services de l’inspection du travail est effective depuis le 1er janvier 2015 en Picardie. Un important mouvement qui vise à améliorer la performance de ce service clé de la Direccte.
La restructuration de l’inspection du travail, service appartenant à la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation et du travail (Direccte), lancée en 2012 par Michel Sapin s’est appuyée sur plusieurs constats. Positifs d’abord, puisque l’inspection du travail française est la seule organisation européenne à englober aussi bien le code du travail que les droits individuels et collectifs des salariés ainsi qu’un volet santé et sécurité. Le bon maillage du service est également vecteur d’une connaissance accrue des entreprises du territoire et permet un certain lien de proximité. Malgré tout, l’évolution rapide des organisations des entreprises, l’augmentation de fraudes souvent internationales mais aussi la complexité de sujets tel que l’amiante, de certains éléments techniques ou normatifs nécessitent l’évolution d’une organisation jusqu’alors peu habituée au travail collectif.
Renforcer l’efficacité
« L’objectif aujourd’hui est d’être plus performant et de répondre à l’évolution du monde du travail. C’est pourquoi en Picardie nous avons décidé de prendre le temps d’engager un débat interne important avec l’ensemble du personnel, pour effectuer cette transition dans les meilleures conditions possibles », explique Denise Derdek, chef du pôle travail au sein de la Direccte Picardie. Une consultation nécessaire puisque cette réforme s’appuie notamment sur la disparition progressive des contrôleurs du travail au profit d’inspecteurs rassemblés au sein d’unités de contrôle (UC) réunissant huit à 15 agents en charge de différentes sections et assistés par un secrétariat.
Cette structure sera elle-même appuyée par une Unité régionale d’appui et de contrôle de lutte contre le travail illégal (URACTI). « Il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un métier difficile, exposé à une certaine solitude. La création d’un outil régional va permettre un véritable travail complémentaire à celui effectué par les agents de terrain. » Cette unité devra notamment apporter une approche juridique et technique sur ce domaine complexe. Outre cette mutation sur le terrain, la nouvelle organisation permet également de renforcer les pouvoirs de l’inspection du travail avec un élargissement du dispositif d’arrêt de travaux mais aussi « des sanctions administratives et financières plus rapides ».
Un travail collectif
« Nous avons la volonté aujourd’hui de travailler en système, de façon plus collective et de mieux articuler les actions de contrôle avec des démarches d’informations par exemple », souligne Denise Derdek. Si l’adhésion à cette restructuration n’a pas été massive et a entraîné beaucoup de craintes chez les agents, elle permet un brassage interne important mais aussi la création de nouveaux métiers. Une mutation présentée actuellement aux entreprises et aux différents partenaires de l’institution. « Il faut rassurer et expliquer. Le plus difficile c’est le changement d’agents sur les territoires », note la chef du pôle travail de la Direccte avant de conclure : « Nous aurons besoin de faire la démonstration de la nécessité de ces changements, en tirant des bilans mais aussi en gagnant notamment en efficacité. »