Rentrée sous haute tension pour les PME
Pour les petites entreprises, le début du déconfinement marque le début d'une période très complexe. Après cette parenthèse forcée, elles se retrouvent face aux difficultés conjuguées des enjeux sanitaires et économiques. Les mesures d'aide du Gouvernement n'éviteront pas les faillites.
L’image qui restera sera peut-être celle des salons de coiffure pris d’assaut… Mais le 11 mai, ce sont quelque 400 000 entreprises qui ont rouvert leurs portes. Restent fermées celles du secteur cafés-restaurants-hôtellerie, et en bonne partie, de la culture. L’effet des huit semaines de confinement sur l’économie a été désastreux : ce premier trimestre (qui inclut 15 jours de confinement), la production nationale a chuté de 5,8%, d’après l’Insee.
Mais pour les entreprises qui ont rouvert leurs portes ou qui ont ré-accueilli des salariés, ce 11 mai, les difficultés ne font que commencer. Les sujets d’inquiétudes économiques et sanitaires, de court et de moyen terme se conjuguent. Compliqué, pour commencer, de réorganiser le travail, dans le cadre des consignes sanitaires liées au Covid-19. Pour les PME, la CPME regrette, dans un communiqué du 7 mai, que dans le protocole national prévu « ne prenne pas en compte, sur bien des points, la réalité des entreprises et la diversité du tissu entrepreneurial ». L’enjeu sanitaire est central pour les chefs d’entreprises, inquiets pour leurs équipes et aussi, pour la possibilité de voir leur responsabilité engagée pénalement, en cas de problème. Mais il s’avère également lourd de conséquences en termes de rentabilité des entreprises. Dans le bâtiment, par exemple, la Capeb, Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment, alerte sur des surcoûts qui peuvent aller jusqu’à 20% des montants normaux. Le problème concerne l’ensemble des secteurs, et notamment les commerçants, forcés de servir un flux de clients nécessairement limité, par rapport à celui habituel. D’après un sondage de la Confédération des commerçants de France du 4 mai, 85% d’entre eux s’inquiètent de leur survie.
“en dépit de la forte baisse sur le premier trimestre, 2020 pourrait compter 4 000 à 5 000 défaillances de plus que 2019”
Des faillites en suspens ?
Pour l’instant, la crise du Coronavirus n’a pas provoqué de vague de faillites d’entreprises, d’après les données de l’étude du cabinet Altares, publiée le 29 avril dernier : 11 500 défaillances ont été enregistrées depuis janvier, soit 6 000 de moins que l’année précédente. Toutefois, « en dépit de la forte baisse sur le premier trimestre, 2020 pourrait compter 4 000 à 5 000 défaillances de plus que 2019 », d’après le cabinet. La fermeture des tribunaux et les mesures d’aide du Gouvernement auraient pour l’instant mis en suspens des faillites inévitables. Partant, la reprise actuelle de l’activité demeure accompagnée par le dispositif de soutien de l’économie, mis en place par le Gouvernement depuis le 17 mars. Mais l’État entend en diminuer progressivement la portée. C’est en particulier le cas pour le chômage partiel, qui concerne plus de 12 millions de salariés. À partir du 1er juin, Bercy devrait diminuer sa prise en charge financière. Concernant spécifiquement les TPE et PME, des mesures sont pour l’instant maintenues. Le Fonds de solidarité, dont le premier volet comporte un soutien qui va jusqu’à 1 500 euros pour les entreprises en difficulté ou qui ont été obligées de fermer leurs portes, est prolongé jusqu’à la fin mai. D’après Bercy, ce sont 2,3 milliards d’euros environ, qui ont été versés auprès de 1 737 528 entreprises (au 11 mai). Une autre mesure phare du plan de soutien demeure en place jusqu’au 31 décembre : les PGE, Prêts garantis par l’État. Destinés à permettre aux entreprises d’obtenir des crédits de trésorerie, ils seront accessibles jusqu’au 31 décembre prochain. Au 30 avril, 55,6 milliards ont été accordés par les banques à 343 879 entreprises, dont 90% de très petites entreprises, d’après Bercy.