Renaissance de la minoterie Boutoille
Le site historique de la minoterie, où l’on fabriquait de la farine, situé sur deux hectares en péricentre de Guînes, est en travaux depuis quelques mois. En juin 2017, il devrait accueillir les bureaux de la nouvelle communauté de communes Pays d’Opale, l’Office de tourisme, le centre intercommunal d’actions sociales, une épicerie sociale et un potager solidaire, un espace multiservice, les services de la Protection maternelle et infantile et un espace mémoire. De quoi faire revivre ce lieu laissé à l’abandon depuis les années 90, qui a été le théâtre d’enjeux historiques au temps du duc de Guise et de Marie Tudor.
Guînes, ville-centre de la communauté de communes des Trois Pays, a fusionné avec le territoire de l’Ardrésis en 2014 et accueillera officiellement, à partir du 1er janvier 2017, une partie des villes de la communauté de communes du sud-ouest du Calaisis : Pihen-les-Guînes, Saint-Tricat, Peuplingues, Bonningues-les-Calais et peut-être Escalles, sous une nouvelle appellation : communauté de communes Pays d’Opale. Ce territoire rural représentera environ 28 000 habitants. L’appel à projets «Renouer» (“Renouvellement urbain et écologique des territoires ruraux et périurbains) des Espaces naturels régionaux sur la requalification de sites est arrivé à propos pour envisager une réorganisation administrative du nouvel hôtel communautaire en termes d’espace et de proximité.
Alliance de l’ancien et du moderne. Le choix du site de la minoterie s’est fait presque naturellement. «Nous avons pu être accompagné par un bureau d’études et bénéficier d’un audit des besoins», explique Damien Ledoux, responsable du pôle technique de la communauté de communes des Trois Pays. Un cahier des charges a été élaboré et la mise en route du chantier s’est faite au mois de janvier. Un chantier d’un montant de 4,6 millions d’euros où l’Europe, via les fonds Feder, participe à hauteur de 1,7 million, l’État 70 000 euros, la Région des Hauts-de-France 531 000 euros, le Département du Pas-de-Calais 683 000 euros et la communauté des Trois Pays 1,6 million. Treize entreprises de la Côte d’Opale sont à pied d’œuvre pour redonner au site ses lettres de noblesse, encadrées par l’agence d’architecture Archifix de Boulogne-sur-Mer. Les murs en brique du bâtiment de la minoterie ont pu être conservées. Elles seront sablées, rejointoyées et imperméabilisées, mais n’auront plus la fonction de structure porteuse. Une ossature métallique a été édifiée à l’intérieur du bâtiment à cet effet et «le bâtiment repose sur des micropieux qui permettent de ne pas apporter de charges supplémentaires au bâti existant», explique Mathieu Flasque, conducteur de travaux. L’Office de tourisme prendra ses quartiers dans un bâtiment totalement refondu, fait de structures métalliques et de bardages, et le lieu de mémoire sera géré par Eric Buy, vice-président de la communauté de communes des Trois Pays et président de la société historique de Guînes.
Le fameux moulin à eau. Le dernier moulin de la famille Boutoille s’est arrêté en 1991. Pendant 91 ans, trois générations de Boutoille se sont succédé aux manettes du moulin, d’abord à eau, puis au gaz et enfin au gazoil. C’est en 1900 qu’ils rachetèrent aux descendants des familles Guizelin et Jacomel l’un des sept lots du domaine, alors mis en vente. «La ville de Guînes est une cité particulièrement ancienne de par sa position stratégique, au pied des collines du Boulonnais, explique Eric Buy. A l’époque où le cordon littoral n’était pas stabilisé, Guînes possédait une façade sur la mer. Son sous-sol crayeux est propice à la formation de puits artésiens, ses terres sont fertiles et la forêt est source de matériaux et de gibier. C’était un lieu convoité. Mais on ne peut pas dissocier le domaine Boutoille du site de la Bien-Assise, insiste l’historien. Tout commence au XVIe siècle lorsque le duc de Guise, une fois que les Anglais eurent quitté les lieux après deux siècles d’occupation, gratifia l’un de ses mercenaires, Antoine Giacomelli, en lui attribuant nombre de propriétés dans la région, dont le domaine de Bien-Assise, avec ses fermes, ses moulins et ses terres.» Giacomelli deviendra Jacomel. Le 11 juin 1715, Catherine de Jacomel, petite-fille d’Antoine, révolutionna la succession des Jacomel en épousant Louis-Marie de Guizelin, seigneur d’Arneque et des Barreaux. Le domaine de Bien-Assise vient ainsi de basculer dans la famille de Guizelin, originaire de Rety. Trois siècles plus tard, il est sous la houlette d’Eric Buy, de Guînes.
Lucy DULUC