Refus de Kohler d'être auditionné: la commission d'enquête envisage des poursuites pénales

La commission des Finances de l'Assemblée, chargée d'enquêter sur le dérapage des finances publiques, a donné mercredi son feu vert à son président Éric Coquerel pour qu'il engage une procédure pénale contre le secrétaire général de l'Élysée Alexis Kohler s'il refuse à nouveau...

Le secrétaire général de l'Elysée Alexis Kohler le 23 décembre 2024 à Paris © Abdul Saboor
Le secrétaire général de l'Elysée Alexis Kohler le 23 décembre 2024 à Paris © Abdul Saboor

La commission des Finances de l'Assemblée, chargée d'enquêter sur le dérapage des finances publiques, a donné mercredi son feu vert à son président Éric Coquerel pour qu'il engage une procédure pénale contre le secrétaire général de l'Élysée Alexis Kohler s'il refuse à nouveau d'être auditionné, a indiqué M. Coquerel à la presse.

Par 40 voix contre 21, les députés "ont approuvé ma décision d'écrire une dernière fois à M. Kohler pour lui demander de se rendre à la convocation de la commission, en lui rappelant les peines encourues", a déclaré à la presse M. Coquerel, dans la salle des quatre colonnes à l'Assemblée. 

"S'il ne répond pas très rapidement, c'est-à-dire début mars, ou répond par la négative, alors j'en appellerai au procureur pour engager un recours pénal", a-t-il ajouté, précisant que, par ce vote, les députés de la commission lui avaient donné leur aval.

Pour le député macroniste Mathieu Lefèvre, "les extrêmes se sont une nouvelle fois alliés" avec un "objectif clair", celui de "tenter un coup politique pour atteindre le président", face à "une commission d'enquête qui fait pschitt" et "alors que la politique budgétaire relève strictement du gouvernement".

La commission des Finances a obtenu pour six mois les pouvoirs d'une commission d'enquête et lancé ses travaux début décembre pour enquêter sur "les causes" de "la variation" et des "écarts des prévisions fiscales et budgétaires" constatés sur les années 2023 et 2024.

M. Kohler, plus proche collaborateur du président Emmanuel Macron, n'a pas répondu à la convocation de la commission le 11 février, invoquant des problèmes d'agenda, puis "le principe de séparation des pouvoirs", selon deux courriers adressés au président de la commission, consultés par l'AFP.

"Des questions destinées à obtenir des informations concernant les modalités d'exercice des fonctions du président de la République ou ses positions ne pourraient obtenir une réponse sans porter atteinte au principe de séparation des pouvoirs", écrit le secrétaire général de l'Élysée.

"Si le président de la République ne peut être auditionné par le Parlement, cela a été le cas à plusieurs reprises pour des collaborateurs de l'Élysée", a dit M. Coquerel.

Selon une ordonnance du 17 novembre 1958, toute personne dont une commission d'enquête a jugé l'audition utile est tenue de déférer à la convocation qui lui est délivrée. La personne qui ne comparaît pas ou refuse de déposer ou de prêter serment devant une commission d'enquête est passible de deux ans d'emprisonnement et de 7.500 euros d'amende.

M. Kohler s'est déjà présenté devant des commissions d'enquête, que ce soit en 2019 pour celle chargée d'enquêter sur l'affaire Benalla au Sénat, ou en 2020 pour celle chargée d'enquêter sur les concessions d'autoroute, toujours à la chambre haute.

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