Référendum, émeutes : Macron veut accélérer la concertation avec les partis et la société civile

Une semaine après une réunion marathon de 12 heures, Emmanuel Macron a promis jeudi aux chefs des partis politiques des propositions rapides sur l'élargissement du champ du référendum, qui pourrait alors être...

Le président Emmanuel Macron à Orange, dans le Vaucluse, le 1er septembre 2023 © Ludovic MARIN
Le président Emmanuel Macron à Orange, dans le Vaucluse, le 1er septembre 2023 © Ludovic MARIN

Une semaine après une réunion marathon de 12 heures, Emmanuel Macron a promis jeudi aux chefs des partis politiques des propositions rapides sur l'élargissement du champ du référendum, qui pourrait alors être utilisé sur l'immigration après une révision constitutionnelle.

Lors d'une session plénière du Conseil national de la refondation (CNR), un des autres outils de concertation qu'il a initié avec collectivités, syndicats et associations, le chef de l'Etat a par ailleurs annoncé la tenue de CNR thématiques sur les émeutes urbaines et la santé mentale, sujet de préoccupation centrale des élus. 

Dans une lettre de six pages dont l'AFP a eu copie et qui résume leurs échanges du 30 août à Saint-Denis, Emmanuel Macron propose aux leaders politiques de les revoir cet automne et s'engage à leur faire une proposition "dans les semaines qui viennent" sur une modification du recours au référendum.  

Tout en reconnaissant que la discussion sur ce sujet "n'a pas fait émerger de consensus", il estime que cela "permettra de poursuivre notre échange que je souhaite conclusif lors de notre prochaine rencontre". La gauche réclame notamment un référendum sur la réforme des retraites, avec peu de chances d'être entendue. 

"Un calendrier pour bâtir les réponses concrètes attendues par nos compatriotes" sera transmis la semaine prochaine, précise-t-il.

Emmanuel Macron avait réuni les chefs de partis et les présidents d'Assemblées pour ce qu'il avait nommé une "initiative politique d'ampleur". 

Désaccords connus

L'objectif est de dépasser les clivages afin de proposer des textes législatifs ou d'ouvrir la voie à des référendums de manière à éviter les blocages liés à l'absence de majorité absolue à l'Assemblée nationale.

L'exercice avait laissé sceptiques, notamment à gauche, les oppositions, qui soupçonnent le chef de l'Etat de vouloir se relancer ainsi après un début de quinquennat difficile.

Dans cette missive qui passe en revue tous les sujets abordés, Emmanuel Macron reconnaît que la question de l'immigration fait l'objet "de désaccords connus" mais "ne saurait être éludée". 

Le projet de loi immigration "sera traité au Parlement dès cet automne" et l'immigration pourrait ensuite éventuellement faire l'objet d'un référendum, en cas d'accord sur une révision constitutionnelle pour en modifier le champ. 

L'intégration des étrangers devra aussi être traitée à travers les deux questions du logement et de "la politique de répartition des primo-arrivants sur notre territoire" sur lesquels un chantier sera lancé "très rapidement".

Plus largement sur les questions institutionnelles et "de la vie démocratique" (décentralisation, proportionnelle, cumul des mandats...), Emmanuel Macron propose de "mener un travail en direct" avec les chefs de partis "durant les mois à venir" afin de "construire la proposition la plus ambitieuse possible". 

Il demande à la Première ministre Elisabeth Borne de lui soumettre des décisions concrètes d'ici un mois sur "la déconcentration de l'action de l'Etat" pour renforcer "l'efficacité du couple maire-préfet".

Saut quantique

Emmanuel Macron confirme aussi la tenue d'une "conférence sociale" consacrée aux bas salaires en octobre. Ainsi que la présentation de la feuille de route sur la planification écologique aux forces politiques par Elisabeth Borne dans la semaine du 18 septembre. 

L'écologie tient "une infime place" dans la réflexion présidentielle, a dénoncé la cheffe des Verts Marine Tondelier.

Démentant tous les pronostics, le président a par ailleurs décidé de reconduire les CNR nationaux, dont il a présidé une troisième édition à l'Elysée jeudi matin avec quelque 70 participants, représentants de collectivités territoriales, d'associations et ministres.

Comme les rencontres de Saint-Denis, ils "participent d’une même ambition, renforcer la culture du compromis dans un pays qui en manque parfois sévèrement" et "créer un esprit de coresponsabilité à la française", a assuré l'Elysée, évoquant même une "révolution copernicienne" et un "saut quantique" depuis le premier CNR en septembre 2022.

Cet outil - destiné à "bâtir des consensus" - reste boycotté par les oppositions et une partie des syndicats (CGT, Force ouvrière..) et peu visible dans l'opinion.

"Quelque chose est en train de changer dans l'esprit des Français (..) Les organisations syndicales, professionnelles, les politiques, les élus, les collectivités locales, tous ressentent le besoin de dépasser les blocages, les frontières et les cloisons habituels", s'est félicité le patron du Modem, François Bayrou, à la sortie du CNR.

D'autres sont plus dubitatifs. "Il ne faudrait qu'il y ait une multiplication des espaces de discussion sans que cela se traduise par des décisions concrètes", a averti Johanna Rolland, maire socialiste de Nantes et présidente de France urbaine.

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