Yvetot : Caux'Pack veut réemployer le verre plutôt que de le recycler
À Yvetot, Caux’Pack souhaite créer une boucle de réemploi des emballages usagés, et notamment des contenants en verre. Une démarche locale qui cible plutôt une clientèle d'artisans.
Bouteilles de bière, de cidre, de lait ou de jus de fruit... Pots à confiture, de moutarde, de yaourts ou de desserts... Dans son local de 200 m2, au cœur de la friche Ozona à Yvetot, Yann Day, ingénieur spécialisé en emballages, expérimente et met en œuvre progressivement un système de nettoyage des emballages en verre, en vue de leur réemploi. Avec son entreprise, Caux’Pack, il souhaite créer une boucle locale de réemploi des emballages...
L'idée n'a évidemment rien de saugrenue. Les coûts des matières premières et de l'énergie flambent, provoquant un renchérissement des contenants, neufs comme recyclés. Et en parallèle, la demande d'une économie moins génératrice de déchets grandit. Encore faut-il la faire aboutir cette idée. Face à quelques grands projets industriels, l'homme mise sur une petite échelle. « Mon modèle, c'est de penser local, explique-t-il. Les grosses unités ont des coûts d'investissement très important avec une rentabilité à 5 voire 10 ans. Elles ne vont pas couvrir les producteurs locaux, de plus en plus nombreux, mais qui ne seront jamais prioritaires face aux gros clients ».
Décoller les étiquettes
Ancien cadre de l'industrie pétrolière, l'homme ne part pas en terrain totalement inconnu mais avoue que tout reste à défricher sur ce secteur du réemploi. Par exemple, « il existe assez peu de petites machines » explique-t-il. La sienne, il est allé la chercher en Allemagne. Un petit modèle, au format lave-vaisselle, dont les cycles de 90 secondes permettent de laver environ 1 000 bouteilles par jour. La consommation d'énergie est largement inférieure à celle nécessaire au recyclage. Seulement 3 litres d'eau consommés par cycle, avec en prime un système de récupération de chaleur. « Par rapport au recyclage du verre, on économise 80 % d'eau et d'énergie » assure Yann Day.
Néanmoins, les process restent à affiner. Notamment le décollage des étiquettes qui pose problème. Les colles sont de plus en plus performantes. Il faut donc consommer de l'huile de coude pour s'en débarrasser. « En phase de démarrage, je peux me permettre de passer du temps à gratter les étiquettes. Mais il y a un important travail à faire pour encourager les artisans, et donc les imprimeurs, à revenir à des colles hydrosolubles. » convient-il. En tout cas, pas de quoi décourager l'homme qui reste convaincu. « Je limite les frais en attendant de me faire connaître des clients. J'ai 6 bons mois pour atteindre un premier palier de production », poursuit-il. Son objectif est d'arriver à nettoyer 300 000 bouteilles par an, issues du gisement seinomarin. Un volume qui supposera probablement de l'embauche.
La collecte en question
En parallèle, des efforts de structuration et d'optimisation sont nécessaire pour parvenir à créer une vraie filière. Les tarifs proposés par Caux’Pack concurrencent ceux du neuf. Mais les artisans sont confrontés à une logistique qui peut être contraignante, puisque ce sont eux qui déposent leurs contenants sales et qui viennent rechercher les propres. Du temps et du carburant, qui ne satisfont pas le fondateur de Caux’Pack, davantage investi dans une démarche écologique qu'économique. « Il est certain qu'il va falloir trouver des solutions d'optimisation du transport, conclut Yann Day, qui évoque notamment la mutualisation ou l'organisation de tournées. D'autres modes de collecte sont possibles avec une vraie approche locale... » Ne reste qu'à les mettre en œuvre, collectivement.
Pour Aletheia Press, Benoit Delabre