Réemploi dans le bâtiment : « C’est l’affaire de tous, il faut massifier pour que cela fonctionne »

Le réemploi des matériaux était le thème de la deuxième journée des «Rencontres de l’innovation pour l’économie circulaire», le 4 octobre dernier à Douai. Comment réemployer et dans quel cadre ? Le point.

Durant les «Rencontres de l’innovation et de l’économie circulaire», de nombreux acteurs locaux se sont réunis. (© Aletheia Press / E.Chombart)
Durant les «Rencontres de l’innovation et de l’économie circulaire», de nombreux acteurs locaux se sont réunis. (© Aletheia Press / E.Chombart)

C’est dans les locaux de l’école qui forme les ingénieurs de demain, à l’IMT Nord Europe de Douai, que se tenait, les 3 et 4 octobre, la troisième édition des «Rencontres de l’innovation pour l’économie circulaire». Organisés par le pôle de compétitivité Team2 (technologies de l’environnement appliquées aux matières et matériaux), ces deux jours d’ateliers, de conférences et de tables rondes ont rassemblé des acteurs du territoire. Tous ont un objectif : promouvoir l’innovation dans les domaines du recyclage, du réemploi et de la gestion des ressources.

«Le réemploi des matériaux, pour être durable, doit être utilisé à juste titre et être encadré», introduit, ce 4 octobre, Elodie Rivière, responsable des relations institutionnelles Valdelia pour l’Organisme de coordination du bâtiment (OCAB). «C’est un bien pour la planète, mais c’est aussi un avantage pour l’image de marque d’une société», complète Nathanaël Cornet-Philippe, délégué général du SEDDRe (Syndicat des entreprises de déconstruction, dépollution et recyclage). Seulement, le réemploi rencontre bien des freins. «C’est difficile d’en faire, les limites sont multiples : le coût, l’administratif, mais aussi la technique, le stockage…», poursuit le délégué général du SEDDRe.

«C’est l’affaire de tous»

Pour l’instant, beaucoup de facteurs restent encore incertains. Mais tous les participants sont unanimes sur une chose. «C’est l’affaire de tous, il faut massifier pour que cela fonctionne, il faut se coordonner et mutualiser les éco-organismes», souligne Nathanaël Cornet-Philippe. Arnaud Favorel, référent «éco-construction» chez le courtier Verspieren, estime qu’il est possible d’inclure des matériaux réutilisés dans les structures si la traçabilité est sans faille et accessible. «Par exemple, avec des poutres en bois laminé collé, comment être sûr de leur composition, de leur durée de vie ? Il faut des analyses qui ont un coût et une filière dédiée doit être mise en place. Réemployer est parfois plus cher qu’utiliser un matériau neuf.»

Pour autant, les objectifs fixés par le gouvernement sont clairs. Il faut passer de 2% de produits et matériaux de construction du secteur du bâtiment (PMCB) réemployés à 4% en 2027. «Il faut normaliser les matériaux de réemploi, ils ne sont pas moins bons ou moins robustes, il faut changer nos habitudes de consommations», affirme Alexandre Bourbotte, chargé de mission à l’URH (Union régionale de l’habitat) Hauts-de-France. L’URH prévoit d’ailleurs d’atteindre les 490 000 actes de rénovation d’ici 2050.

Quelles solutions ?

Le réemploi était le sujet des tables rondes de ce vendredi 4 octobre. (© Aletheia Press / E.Chombart)

Les solutions sont multiples. «On peut créer des guides, des plateformes pour sensibiliser», imagine Cédric Giraud, conseiller au Bureau Véritas. Le plus concret reste les projets de réemploi lancés sur le territoire comme Circable. «Avec Cegelec Nord grands projets, on a créé cette structure qui permet le réemploi des câbles électriques, présente Susannah Becquart, cheffe de projet économie chez Cegelec. Un mètre de câble, c’est 1,8 kilogramme de dioxyde de carbone. C’est facilement manipulable, résistant et sans contraintes.» Ces fils réemployés économisent 20 kgeqCO2 par mètre carré. L’impact carbone avec un câble de réemploi en local à moins de 50 km de Lille approche les -99 %. Il existe d’autres solutions comme Rémpro qui propose une reprise de mobilier, ou encore Toit de Paris qui assure une seconde vie aux toitures. Des projets qui ne demandent qu’à grandir et à émerger.

Pour Aletheia Press, Eléonore Chombart

Une convention pour le réemploi

L’évènement s’est clôturé par une note positive. L’organisateur, Team2, et la communauté d’agglomération du Pays de Saint-Omer ont signé une convention. Suite aux inondations qu’a rencontrées le territoire, les deux entités rassemblent leurs forces. «Un certain nombre de logements doivent être détruits puis reconstruits, dans ce cadre, nous avons signé une convention tournée vers l’innovation», annonce Carole Magniez, directrice générale du pôle compétitivité Team2. Il s‘agit d’imaginer les matériaux à réemployer pour des bâtiments durables afin d’anticiper les inondations. «Cette association nous permettra de mettre en pratique tout ce que nous avons vu et mis en place durant ces rencontres pour épauler pas moins de 100 000 habitants répartis sur 50 communes», conclut la directrice générale.