Rassemblements pro-palestiniens interdits ou autorisés en France, pour "un cessez-le-feu immédiat"

Des milliers de personnes ont participé samedi à travers la France à des rassemblements "de soutien au peuple palestinien", bravant parfois les interdictions comme à Paris, pour réclamer prioritairement "un cessez-le-feu immédiat" et revendiquer accessoirement leur...

Des manifestants contenus par la police à Paris, où une manifestation en faveur des Palestiniens avait été interdite par la Préfecture de police, le 28 octobre 2023 © Geoffroy Van der Hasselt
Des manifestants contenus par la police à Paris, où une manifestation en faveur des Palestiniens avait été interdite par la Préfecture de police, le 28 octobre 2023 © Geoffroy Van der Hasselt

Des milliers de personnes ont participé samedi à travers la France à des rassemblements "de soutien au peuple palestinien", bravant parfois les interdictions comme à Paris, pour réclamer prioritairement "un cessez-le-feu immédiat" et revendiquer accessoirement leur liberté d'expression "au pays des droits de l'homme".

Dans la capitale, le tribunal administratif avait validé en milieu de journée l'interdiction préfectorale de la manifestation, en invoquant "la gravité de risques de troubles à l’ordre public" et "un contexte de tensions exacerbées lié aux événements dans la bande de Gaza avec une montée, en France, des actes antisémites".

Place du Châtelet, la foule a été empêchée de se mettre en mouvement par un très important dispositif policier, "nassée" tout l'après-midi.

Le préfet de police de Paris Laurent Nuñez a chiffré entre "3.000 et 4.000" le nombre de participants. Il s'est félicité que les forces de l'ordre les aient "encerclés" pour les empêcher de "partir en déambulation".

A 20H30, "21 interpellations et 1.359 verbalisations" avaient été réalisées" , a annoncé la préfecture de police, l'amende étant de 135 euros pour participation à une manifestation interdite.

Des élus avaient participé, ceints de leur écharpe tricolore. 

Dans le calme, des manifestants ont chanté "Gaza, Gaza, Paris est avec toi" et "c'est l'humanité qu'on assassine, enfants de Gaza, enfants de Palestine". D'autres entonnaient "Israël assassin, Macron complice".

Ce rassemblement était interdit à Paris alors que le même jour, à Londres, des milliers de personnes prenaient part à une manifestation autorisée, en soutien aux Palestiniens.

"Dans le contexte actuel, cette interdiction (de la manifestation parisienne) est scandaleuse", a réagi Bertrand Heilbronn, président de l'Association France Palestine Solidarité. "La préfecture cherche à faire taire la voix du peuple français face à l'horreur de ce qu'il se passe", a-t-il affirmé, après une nuit de bombardements sans précédent effectuée par l'armée israélienne sur la bande de Gaza, au 22e jour de la guerre déclenchée par l'attaque du Hamas, la plus meurtrière de l'histoire d'Israël.

Selon les autorités israéliennes, l'attaque du Hamas a tué plus de 1.400 personnes en Israël. Selon le ministère de la Santé du Hamas, plus de 7.703 Palestiniens ont été tués depuis le début des bombardements incessants, dont plus de 3.500 enfants.

"Ce qui nous touche le plus, c'est que des enfants meurent", commentait une manifestante parisienne de 23 ans, Sarah.

Samia Orosemane, humoriste, exhibait une pancarte "où est passé notre humanité?". "Ce n'est pas normal qu'un cessez-le-feu n'ait pas été demandé, qu'il y ait des milliers de civils qui meurent (...) et que dans le pays des droits de l'homme, on nous empêche de manifester", a-t-elle dit à l'AFP.

Une fois Gaza rasée, on fait quoi ?

A Marseille, une manifestation autorisé, a rassemblé 1.800 personnes selon la préfecture de police, 4.000 selon les organisateurs: des participants de tous âges, y compris avec des bébés, a constaté l'AFP. 

Un immense drapeau palestinien était déployé, une femme en tête de cortège portait une poupée enveloppée d’un drap tâché de sang. Une pancarte en anglais glissait: "No Halloween this year, the horror is real" ("pas d'Halloween cette année, l'horreur est réelle").

Célia Ben Taleb, 25 ans, étudiante en urbanisme, entendait "surtout" protester contre "le silence de l’Etat français". C'est "l’attaque qu’il y a eu hier, où on coupe tout, où les Gazaouis ne peuvent plus communiquer au monde entier ce qui leur arrive", qui l'a notamment convaincue de descendre dans la rue, a-t-elle expliqué. 

A Lyon, une manifestation interdite a réuni 250 personnes, et à Strasbourg, un défilé autorisé 2.600, selon les préfectures. Il a donné lieu à Strasbourg à neuf interpellations et à la saisie de 14 pancartes qui, selon la préfecture, comportaient "des slogans de haine".

Les manifestants étaient 500 à Rennes selon la préfecture, 200 à Nice selon la police, environ 900 à Montpellier selon la préfecture. Dans ces deux dernières villes, les manifestations avaient été interdites mais les tribunaux administratifs avaient suspendu ces interdictions. 

"Une fois Gaza rasée, on fait quoi?", interrogeait gravement Violette Folgado, présidente de Dordogne Palestine, parmi 250 manifestants à Périgueux.

A Toulouse, seules plusieurs dizaines de personnes, surtout des jeunes, ont participé - sans incidents - à une manifestation interdite, criant que "le soutien à la Palestine n'est pas un crime". "On liquide tout un peuple", déclarait Faïza, 73 ans, en fauteuil roulant, soulignant être "de tout coeur" également avec les victimes israéliennes, "pour la paix et contre toutes les injustices".

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