Raphaël Glucksmann, nouvel espoir de la social-démocratie?
Pas encore investi comme tête de liste par le Parti socialiste, l'eurodéputé Raphaël Glucksmann, leader du petit mouvement Place publique, est désormais considéré comme la figure pouvant redonner espoir à la social-démocratie, en...
Pas encore investi comme tête de liste par le Parti socialiste, l'eurodéputé Raphaël Glucksmann, leader du petit mouvement Place publique, est désormais considéré comme la figure pouvant redonner espoir à la social-démocratie, en rassemblant gauche réformiste et déçus du macronisme.
Alors que la majorité s'est largement tournée vers la droite avec le projet de loi immigration, un espace politique semble s'ouvrir sur la gauche, et certains verraient bien l'essayiste de 44 ans en incarner l'avenir.
Pro-européen et partisan d'un soutien sans réserve à l'Ukraine, Raphaël Gluksmann a été récemment adoubé par l'ex-eurodéputé écologiste Daniel Cohn-Bendit, mais aussi par l'économiste et ex-conseiller spécial de François Mitterrand Jacques Attali.
Le premier a appelé à une alliance aux prochaines européennes de juin 2024 entre socialistes, Verts et radicaux de gauche derrière Raphaël Glucksmann. "Une telle liste avec un vrai programme peut attirer toute la gauche de la macronie", espère-t-il.
Le second, honni par la gauche radicale, l'a jugé "très prometteur", au même titre que l'insoumis François Ruffin.
Actuellement crédité d'environ 10% des voix dans les sondages, il doit sans surprise être désigné en février tête de liste du Parti socialiste, comme il l'avait été en 2019, lorsqu'il a sauvé les meubles avec 6,19% des suffrages.
"Je vais porter une liste qui va faire la surprise de cette élection !", a-t-il promis.
Il a déjà réalisé l'exploit de réunir derrière lui tous les courants du PS, du patron du PS Olivier Faure à l'ex-président François Hollande, en passant par la présidente d'Occitanie Carole Delga, pourtant largement divisés sur la question des alliances avec La France insoumise (LFI).
De "figure contestée" en 2019, Raphaël Glucksmann "est aujourd'hui plébiscité" au PS, remarque Olivier Faure.
- "Pas ma gauche" -
Pour François Hollande, Raphaël Glucksmann pourrait "être la bonne solution" car il "a bien évolué en se séparant de la gauche radicale".
L'eurodéputé, qui avait défendu en 2019 l'union de la gauche, se positionne en effet désormais en opposition à LFI, évoquant des "divergences de fond", notamment sur l'Europe de la défense, la Chine, le soutien à la résistance ukrainienne, et plus récemment la guerre Israël-Hamas.
"Jean-Luc Mélenchon est discrédité" pour avoir refusé de qualifier le Hamas de terroriste, dénonce le fils du philosophe André Glucksmann qui est aussi à la ville le compagnon de la journaliste vedette Lea Salamé. Il assure qu'il y a une attente "pour un discours qui assume d'être la vision antagonique à celles des populistes et des nationalistes".
Mais l'aile la plus à gauche du PS exprime des doutes. Pour un responsable du PS, qui reconnaît des qualités à l'eurodéputé, il n'a guère le profil d'un futur présidentiable: pour cela, "il faut connaître le peuple, le pays, ses profondeurs".
"Politiquement, c'est pas ma gauche", ajoute un député, qui appelle à "faire social" pour la campagne européenne et à se garder d'une idéologie de centre-gauche qu'incarnerait Daniel Cohn-Bendit, qui vient tout juste de rompre avec la macronie.
"Il y a 5 ans, on le disait trop à gauche du PS, et maintenant il serait trop à droite?", ironise l'entourage d'Olivier Faure, assurant que "Raphaël Glucksmann incarne la gauche de rupture". Au Parlement européen "il ne s'est pas déballonné face aux intérêts financiers" et "s'est opposé au retour du pacte de stabilité" budgétaire européen, souligne-t-on.
Johanna Rolland, maire de Nantes et première secrétaire déléguée du PS, plaide de son côté pour "s'appuyer sur le talent de Raphaël", tout en cherchant "comment on fait le lien entre sujets européens et sujets du quotidien".
En attendant l'officialisation du PS, Raphaël Glucksmann s'est lancé en campagne à bas bruit avec, assure-t-il, "des milliers de jeunes partout qui se rassemblent".
Une députée insoumise remarque avec inquiétude que l'eurodéputé fait effectivement "plein de meetings avec des jeunes". "C'est l'homme politique le plus suivi sur Instagram", relaie un socialiste.
Pour que l'eurodéputé arrive à émerger des sondages, un ancien compagnon de route du PS juge qu'il doit "rester totalement indépendant, avec une liste à sa main, et que les électeurs n'aient pas l'impression de voter pour le PS".
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