Quinze ans après sa création, le service civique continue de faire des adeptes

Certains parlent de "déclic" ou "d'ouverture sur le monde", d'autres évoquent un "tremplin" : quinze ans après sa création, le service civique continue d'attirer des jeunes désireux de s'engager temporairement pour une cause qui leur tient...

Une volontaire du service civique près de Paris, le 7 janvier 2016 © KENZO TRIBOUILLARD
Une volontaire du service civique près de Paris, le 7 janvier 2016 © KENZO TRIBOUILLARD

Certains parlent de "déclic" ou "d'ouverture sur le monde", d'autres évoquent un "tremplin" : quinze ans après sa création, le service civique continue d'attirer des jeunes désireux de s'engager temporairement pour une cause qui leur tient à coeur. Et plus si affinités professionnelles. 

En 2022, faute d'admission post-bac, Sunny Rebai se retrouve à enchaîner les petits boulots jusqu'au jour où il a une "prise de conscience".  

"C'était après le Covid, je me suis dit qu'il fallait vraiment que je trouve un sens à ma vie, que je me construise un vrai projet d'avenir", confie-t-il à l'AFP à l'occasion des 15 ans du dispositif.

"Passionné" par les thématiques environnementales, le jeune Parisien, aujourd'hui âgé de 26 ans, opte pour un service civique sur l'écologie pendant huit mois. Au programme, maraîchage urbain sur les toits d'une école primaire, sensibilisation et aides des personnes âgées en situation de précarité énergétique, animation d'ateliers parents-enfants dans les quartiers populaires... 

"Ça a été un déclic, ça m'a permis de me rendre compte qu'en tant que jeune, j'avais un pouvoir, je pouvais agir sur des thématiques qui me tenaient à coeur et qu'il fallait que je me lance", analyse rétrospectivement Sunny Rebai, aujourd'hui salarié d'Unis-cité, association pionnière dans le domaine de l'engagement solidaire des jeunes. 

Un "fait générationnel

Comme lui, plus de 850.000 jeunes âgés de 16 à 25 ans sont passés par le service civique depuis sa création en 2010. Conçu comme l'une des réponses aux émeutes de 2005, le dispositif a alors pour objectif de "renforcer la cohésion nationale et la mixité sociale". 

Ouvert aux jeunes âgés de 16 à 25 ans, il leur permet de s'impliquer, pour une durée de six mois à un an, dans une mission d'intérêt général au sein d'une ONG, d'une collectivité locale ou encore d'un établissement public, dans des domaines variés (éducation, santé, culture, environnement etc). L'indemnité est de 620 euros par mois. 

Etudiants, demandeurs d'emplois, aussi bien ruraux que citadins : parmi les 100.000 volontaires qui s'engagent chaque année en moyenne, les "profils sont variés", relève Nadia Bellaoui, présidente de l'agence du Service civique.

"C'est vraiment un phénomène qui touche les jeunes dans toute leur diversité", souligne-t-elle, évoquant "un fait générationnel puisque plus d'un jeune sur dix aujourd'hui fait un service civique". 

Au-delà de la mission "utile" sur le plan professionnel, ce "rite de passage" leur "donne aussi le sentiment d'avoir été utile à la société". 

A l'image d'Emilie Schmitt. A 36 ans, cette jeune entrepreneuse basée à Strasbourg fait figure de pionnière du service civique, dispositif qu'elle a rejoint en 2010-2011. "J'avais envie de donner un moment de ma vie aux autres", explique-t-elle à l'AFP aujourd'hui. 

Engagée sur la question des enfants, elle indique avoir appris "énormément de choses. Ça m'a permis de découvrir toute une partie du monde et de la réalité que je connaissais pas, ça a été vraiment une expérience transformatrice pour moi."

Confiance en soi

C'est un "tremplin, un endroit où des gens nous font confiance pour mener à bien des projets, nous encadrent juste ce qu'il faut", souligne-t-elle. "En termes de confiance en soi, de créativité, de possibilité, j'ai trouvé ça génial", ajoute la cofondatrice et directrice d'Activ'Action. Sans surprise, son association, qui vient en aide aux demandeurs d’emploi, a à son tour recours à des services civiques. 

Même satisfecit chez Léa, 31 ans, qui a opté, dans le cadre de son année de césure, pour un service civique dans un établissement culturel -un "cadre plus professionnalisant que le stage et avec plus de responsabilités et sur un temps plus long". Un parcours de sucroît reconnu par les DRH qu'elle a rencontrés par la suite. 

"Mon service civique a été valorisé en tant qu'expérience professionnelle dans le calcul de ma rémunération", indique-t-elle.

Selon deux sondages CSA et Ipsos publiés en décembre 2024, deux tiers des recruteurs interrogés (66%) déclarent que la mention du service civique sur un CV peut les inciter à recruter la personne l'ayant réalisé. Ils s'intéressent notamment à leur "capacité à collaborer avec les autres", à respecter les directives et à "devenir autonome". 

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