Quentin Royer, l'homme qui veut transformer Carrefour Euralille

Arrivé il y a trois mois à la direction de l'un des quatre hypermarchés en location-gérance des Hauts-de-France, Quentin Royer entend faire de Carrefour Euralille un lieu de passage obligé pour la restauration, les produits locaux et la mobilité urbaine.

Arrivé en octobre dernier, Quentin Royer veut révolutionner Carrefour Euralille.
Arrivé en octobre dernier, Quentin Royer veut révolutionner Carrefour Euralille.

Avec Hazebrouck, Calais et Lomme, Euralille est l'un des hypermarchés du groupe Carrefour à être passé en location-gérance, sur la vingtaine que compte l'enseigne dans les Hauts-de-France. Des magasins dont la situation économique doit être redressée : «Y mettre un chef d'entreprise crée de la dynamique commerciale. Au-delà du concept, le rapport à l'humain est différent. Il faut créer une structure de PME» détaille le Rouennais de 48 ans, à la tête désormais de près de 200 salariés. Durant l'année 2020, 64 magasins en France seraient passés sous ce modèle économique, une bonne cinquantaine en 2021 et probablement une tendance similaire pour 2022.

Le concept de l'hypermarché évolue

Après une longue carrière à l'international – dans le groupe Carrefour mais aussi chez Procter&Gamble et Ahold Delhaize –, ce passionné de grande distribution est venu poser ses valises à Lille, une ville qu'il ne connaissait pas du tout. Passé par les Etats-Unis, l'Allemagne mais aussi la République Tchèque et la Serbie, ce diplômé d'école de commerce a commencé sa carrière chez Carrefour en tant que chef de rayon. «C'est dans le magasin que je me sens le mieux» concède-t-il. A son retour en France en 2019, il réfléchit à reprendre une entreprise, sans trouver chaussure à son pied. Il prend contact avec Carrefour avec la ferme ambition d'apporter sa pierre à l'édifice au «commerce moderne».

Passé sur un seul étage en 2015, Carrefour Euralille s'étend sur 8 000 m2 et voit passer 10 000 personnes chaque jour, dont 4 000 à l'heure du déjeuner. Avec sa clientèle jeune et urbaine, l'enseigne est le seul hypermarché du centre-ville lillois, avec d'un côté, son trafic ultra dense et diversifié – Euralille est l'une des plus importantes fréquentations des hypermarchés du groupe à l'échelle française – mais de l'autre, un panier moyen que Quentin Royer veut faire grimper. Alors pour redresser la barre d'un magasin qui a aussi souffert de la baisse de fréquentation liée à la crise Covid, Quentin Royer va opérer des transformations.

«Je vais créer un pôle restauration avec une gamme différenciante, couplée à des produits frais et locaux. Mais aussi doubler la taille du rayon bières avec 400 références. Il faut faire des choix : à l'origine, ce magasin était multi-généraliste. Je veux en faire un multi-spécialiste» explique-t-il. Si Carrefour reste le principal fournisseur de Quentin Royer (à 80%), le nouveau directeur veut miser sur des marques locales et françaises pour compléter les rayons. Sur les 30 à 35 000 références que compte le magasin, seuls 5% sont des produits locaux actuellement.

A partir du mois de mars 2022, l'enseigne va aussi accélérer le 'lâcher caddie' comme l'appelle Quentin Royer : on vient faire ses courses en magasin et la totalité du caddie est livrée chez soi. Un système qui a déjà trouvé de nombreux adeptes, notamment dans le Vieux-Lille, mais que le directeur veut accélérer sur l'ensemble du versant Nord-Est de la métropole lilloise, et avec des livraisons en scooter électrique.

300 m2 dédiés à la mobilité urbaine

Plus étonnant encore, une place importante sera faite aux trottinettes et vélos électriques. «Un hyper n'est pas forcément une destination pour acheter un vélo mais on prend ce pari. On travaille d'ailleurs avec des distributeurs français, comme La Manufacture du cycle» Au total, une quinzaine de trottinettes et une vingtaine de vélos seront proposés.

Parallèlement, d'autres rayons vont disparaître comme l'automobile ; ou seront repensés, comme la décoration et le textile. Difficile en effet de faire concurrence sur ce segment quand des leaders de la fast fashion occupent l'ancien deuxième étage de l'hyper (Primark)... «C'est aussi la souplesse qu'offre la location-gérance» concède Quentin Royer qui mise aussi sur le doublement de surface du pôle maquillage, dès l'entrée du magasin, principalement à destination des 40% de clientes entre 15 et 25 ans de l'enseigne.

«Il nous faut beaucoup de réactivité, et immédiatement. Je suis face à un vrai challenge : une diversité de clients avec des portefeuilles différents. En fait, je veux donner au client le bon produit au bon moment» résume Quentin Royer.